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ONU: les conflits arabes et Ebola sont un frein aux Objectifs du Millénaire pour le développement

Dans moins de 100 jours, l'ambitieux projet pour le développement de l'ONU - les huit Objectifs du Millénaire pour le développement - expirera. Les conflits qui font rage au Moyen-Orient depuis quatre ans ainsi que l'épidémie d'Ebola enrayent la réalisation de ces huit OMD d'ici la date limite.
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NATIONS UNIES - «Les crises actuelles au Sud-Soudan, en Irak et en Syrie ainsi que le virus Ebola étirent les capacités de l'Organisation des Nations Unies», a affirmé Bettina Leuscher, porte-parole du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) le 21 septembre lors d'une conférence organisée par la Fondation des Nations Unies à New York.

Dans moins de 100 jours, l'ambitieux projet pour le développement de l'ONU - les huit Objectifs du Millénaire pour le développement - expirera. Les OMD ont pour objectif d'assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes, éliminer la pauvreté extrême, freiner la propagation du VIH/sida, réduire la mortalité infantile, préserver l'environnement et encourager le partenariat international pour le développement.

Ce vaste programme est la stratégie de développement la plus soutenue au monde. Les dirigeants internationaux l'ont adopté en 2000. Pourtant, les conflits qui font rage au Moyen-Orient ainsi que la récente épidémie d'Ebola enrayent la réalisation des OMD d'ici la date limite.

Disette d'argent

Les organisations internationales peinent à réunir des fonds en raison de la croissance exponentielle des conflits. «Nous avons dû prendre la décision la plus difficile qu'une organisation humanitaire puisse prendre», a déclaré Mme Leuscher en référence à la diminution de l'assistance vitale à près de six millions de Syriens.

Le PAM puise ses fonds auprès de gouvernements, entreprises privées et particuliers. Il a toutefois besoin de 95 millions de dollars afin d'aider les Syriens dans leur pays et de 257 millions de dollars pour secourir les réfugiés syriens dans les États limitrophes.

La Syrie est en proie à une guerre civile dévastatrice depuis mars 2011. En outre, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a instauré un califat en juin 2014, acculant de nombreux civils à fuir la Syrie et l'Irak. Cette organisation djihadiste armée était une branche d'Al-Qaïda en Irak.

«Nous ne pouvons pas laisser le peuple syrien seul. [Les Syriens] sont en fuite et aux prises avec une guerre civile cauchemardesque», a rappelé Mme Leuscher. «Cela brise complètement le cœur.»

À partir d'octobre 2014, les déplacés syriens obtiendront de plus petites portions alimentaires et seulement 60% de l'aide humanitaire dont ils bénéficiaient jusqu'à présent. Ce chiffre pourrait être réduit à 40% en novembre 2014. En Turquie, 170.000 réfugiés syriens vivant dans des camps pourraient ne disposer d'aucune assistance le mois prochain, selon le PAM.

«Une tragédie humaine»

La guerre en Syrie a déplacé de nombreuses communautés qui vivent aujourd'hui dans les conditions les plus précaires. Le gouvernement syrien estime que près de 4,25 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays. De plus, quelque 141 000 réfugiés syriens sont enregistrés au Moyen-Orient, notamment en Égypte, selon le Haut Commissariat des Nations Unies. Au cours des 24 dernières heures, 66.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière afin de s'établir en Turquie et fuir les avancées djihadistes d'EIIL.

«Derrière chacun des 50 millions de personnes déplacées, il existe une tragédie humaine», a déclaré António Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, lors du sommet sur le bien social parrainé par la Fondation des Nations Unies à New York le 21 septembre.

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, il y avait plus de 50 millions de personnes déplacées en raison de conflits en 2013. M. Guterres a déploré le «climat d'impunité» et tenu responsables les «dirigeants politiques qui attisent les conflits et méprisent complètement la souffrance de leur propre peuple.»

Urgence sanitaire

Tout aussi inquiétant, le virus Ebola - une maladie souvent mortelle pour l'homme - se répand dangereusement, mettant à rude épreuve les fonds de l'ONU. L'épidémie a éclaté dans les villages reculés d'Afrique centrale et s'est propagée en Guinée, Sierra Leone et Libéria.

Ces pays sont parmi les plus pauvres et le virus ravage leurs inadéquats systèmes de santé et infrastructures. Le taux de mortalité dû au virus Ebola est de 50% en moyenne, selon l'Organisation mondiale de la santé. En outre, aucun traitement homologué n'existe aujourd'hui afin de le combattre.

Le PAM a envoyé de la nourriture à un million de personnes touchées par l'épidémie en Sierra Leone et au Libéria. L'agence a cependant besoin de nourrir 1,3 million de personnes.

Si les enfants jusqu'à deux ans ne reçoivent pas une alimentation saine, ils ne peuvent pas croître correctement. «Non seulement est-ce un problème critique de santé, c'est aussi un problème économique essentiel», a alerté Mme Leuscher. De fait, les carences nutritionnelles réduisent le PIB d'un pays de 2% à 15%, selon une étude sur le coût de la faim par le PAM.

Essor démographique

La croissance de la population au Moyen-Orient et en Afrique paralyse davantage la capacité des organisations internationales à gérer les catastrophes humanitaires. Au cours des 100 dernières années, le Moyen-Orient et l'Afrique ont connu l'essor démographique le plus fort de la planète. L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont le taux de croissance de jeunes le plus important après l'Afrique subsaharienne.

Cette tendance démographique a deux conséquences importantes pour les pays fragiles en particulier, a expliqué Leith Greenslade, vice-président de l'Alliance des OMD de la santé à New York. Premièrement, les mères qui ont plusieurs enfants ne peuvent pas participer à la société ou à la politique. «Nous devons aborder le taux de fécondité d'un point de vue différent [...]. Ce n'est pas seulement une question d'autonomisation, mais aussi de développement national», a-t-elle souligné.

Aussi, les jeunes hommes qui migrent en ville et ne trouvent pas d'emploi sont plus enclins à la violence. «Ils deviennent sujets à des distractions telles que les idéologies religieuses», a déclaré Mme Greenslade. «Ce que nous avons vu en Irak au cours de l'été dernier en est une illustration», a-t-elle ajouté, en référence à l'essor d'EIIL.

Parmi les États les plus fragiles qui ont une population jeune en pleine croissance: l'Égypte, le Nigeria, le Pakistan, le Bangladesh et l'Éthiopie. «Nous avons besoin d'un immense programme mondial pour éduquer les jeunes hommes en matière d'emploi et créer des emplois», a déclaré Mme Greenslade.

Manque de consensus

L'ONU peine à lutter contre les crises humanitaires dans le monde arabe en raison de désaccords entre les membres du Conseil de sécurité. «La Syrie est un excellent exemple de ce que le manque d'unité au sein du Conseil de sécurité peut produire», a déclaré Stéphane Dujarric, Porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, lors d'une réunion privée organisée par la Fondation des Nations Unies à New York.

Fonctionnaires et chefs d'État de l'ONU ont exhorté maintes fois la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis à l'unité afin de protéger les civils en zones de guerre. Pourtant, en mai 2014, Moscou et Pékin se sont opposés au projet de résolution de l'ONU qui proposait de saisir le procureur de la Cour pénale internationale de la guerre en Syrie. Le projet de résolution était soutenu par les autres membres du Conseil de sécurité ainsi que 65 pays.

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