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Enceintes en pleine guerre, une réalité pour trop de femmes au Moyen-Orient

Imaginez un instant donner naissance dans un camp de réfugiés après avoir fui la répression brutale d'un groupe islamique ou pendant que des missiles sont tirés à quelques mètres de vous. Vous comprendrez alors l'ampleur du lourd tribut que les femmes enceintes payent à la guerre ainsi qu'aux déplacements forcés au Moyen-Orient.
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NATIONS UNIES - Imaginez un instant donner naissance dans un camp de réfugiés après avoir fui la répression brutale d'un groupe islamique ou pendant que des missiles sont tirés à quelques mètres de vous. Vous comprendrez alors l'ampleur du lourd tribut que les femmes enceintes payent à la guerre ainsi qu'aux déplacements forcés au Moyen-Orient.

Alors que les crises humanitaires ont augmenté de manière exponentielle, les cinq chiffres suivants mettent en lumière le besoin impératif de fournir des soins de santé reproductive et maternelle dans les zones de conflit. Cela est d'autant plus nécessaire que le monde arabe a l'un des taux de fécondité les plus élevés de la planète. En outre, la vie des réfugiés ne semble guère prendre fin. La pléthore de campements temporaires se transforme progressivement en villes.

Plus d'un demi-million de femmes syriennes sont enceintes

Tandis que des milliers de Syriens continuent de fuir chaque jour la violence dans leur pays, les femmes enceintes paient le prix de cette guerre. En proie à l'une des plus grandes crises humanitaires, plus d'un demi-million de Syriennes sont enceintes - 430 000 dans leur État déchiré par la guerre et 77 000 dans les pays voisins, à savoir l'Égypte, la Jordanie, l'Irak, le Liban et la Turquie.

Bien que les organisations internationales fournissent des services de santé reproductive, tels que des soins obstétriques d'urgence et une aide psychologique, ils leur manquent un soutien financier important. Plus tôt ce mois-ci, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a été contraint de réduire drastiquement son aide alimentaire à près de six millions de Syriens, a déclaré Bettina Leuscher, porte-parole du PAM le 21 septembre lors d'une conférence à New York.

De plus, de nombreux réfugiés syriens n'ont pas les moyens de bénéficier de soins médicaux de base comme au Liban, qui possède l'un des systèmes de santé les plus privatisés. Certains Syriens sont même retournés en Syrie afin de recevoir un traitement. «Peu importe quel système vous mettez en place, si les gens ne peuvent pas se permettre de venir, alors c'est une perte de temps», a déclaré le Dr Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies (FNUAP) lors de la réunion à New York.

225 femmes donneront naissance chaque jour en Irak

Après avoir relevé à son maximum le niveau d'urgence humanitaire en Irak, en août 2014, l'Organisation des Nations Unies a signalé que près de 225 femmes donneront naissance chaque jour dans le pays. Le FNUAP a également indiqué qu'environ 1000 femmes enceintes devront faire face à des complications potentiellement mortelles chaque mois. Le nombre d'accouchements non assistés est également susceptible d'augmenter.

Ces femmes ont d'urgence besoin de soins de santé, mais les équipements médicaux sont surexploités. Cela est d'autant plus inquiétant que l'Irak a le second taux de fécondité le plus élevé au sein du monde arabe. Les services de santé reproductive inefficaces, la pénurie d'équipements médicaux ainsi que le manque de personnel qualifié entravent sérieusement le bon fonctionnement du système de santé.

Plus d'un million d'Irakiens ont été contraints de fuir le nord et l'ouest du pays après que l'État islamique ait déclaré un califat dans ces zones durant l'été 2014. Ce groupe djihadiste terrorise les masses et sème la panique au sein de la communauté internationale. Ses membres décapitent journalistes et travailleurs humanitaires, et massacrent les membres de minorités religieuses tels que les Yézidis.

À Erbil, dans le nord de l'Irak, un hôpital a indiqué que ses besoins médicaux ont doublé depuis juin 2014. La ville a, en effet, accueilli de nombreux déplacés irakiens de Mossoul et d'autres villes voisines. Le FNUAP estime qu'il a besoin de 6,5 millions de dollars afin de fournir des services de santé reproductive aux femmes et jeunes filles enceintes en raison de la crise.

45 000 femmes Gazaouis enceintes ont besoin de soins de maternité

En dépit du fait que le Hamas et Israël aient décidé d'observer une trêve depuis le mois d'août, 45.000 femmes enceintes dans la bande de Gaza ne peuvent guère bénéficier d'une aide médicale. L'accès aux soins est limité pour les Gazaouis en raison du blocus israélien.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a déclaré qu'en raison du conflit, beaucoup plus d'enfants sont morts de même que les femmes enceintes ont souffert de fausses couches et ont dû accoucher prématurément. L'anxiété, en particulier, a conduit à des complications obstétricales.

De plus, il y a une pénurie de fournitures médicales du fait du nombre élevé de victimes - plus de 2.000 morts dont les trois quarts sont des civils - ainsi que de la destruction des installations médicales. L'Organisation des Nations Unies a signalé «un pilonnage intensif» sur près de la moitié des hôpitaux de Gaza, qui sont maintenant «gravement endommagés», la nuit du 25 juillet seulement. Durant le conflit, il était donc dangereux pour les femmes enceintes d'aller à l'hôpital afin d'obtenir une assistance médicale à cause des bombardements israéliens. Il était également risqué d'accoucher à domicile sans l'aide d'une infirmière, car les Gazaouis vivent dans des conditions précaires.

Avant même que les hostilités ne commencent en juillet 2014, un cinquième des femmes enceintes à Gaza ne pouvait pas obtenir de soins médicaux nécessaires pour donner naissance ou accéder aux établissements de santé. Il est, jusqu'à aujourd'hui, compliqué de franchir les points de contrôle israéliens. Certaines femmes ont même accouché sur la route.

Un mariage sur trois de réfugiés syriens implique une mineure

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance a révélé que près d'un tiers des mariages de réfugiés syriens implique une personne de moins de 18 ans. Ce constat met en évidence la menace du mariage d'enfants dans les zones de conflit.

Dans les camps de réfugiés en Jordanie, les parents marient leurs filles mineures lorsqu'ils ont du mal à assumer leurs dépenses. Les mariages de filles précoces sont aussi un moyen pour les réfugiés de faire face psychologiquement à leur sort.

D'autres parents ont indiqué que les mariages d'enfants permettent de protéger leurs filles du harcèlement sexuel. Dans les zones de guerre, les jeunes femmes, en particulier, sont la cible de violences et d'exploitation sexuelle, selon le FNUAP.

Les réfugiées au Liban ont signalé qu'elles ne pouvaient pas vivre comme elles le souhaitaient de peur d'être victimes de harcèlement sexuel.

17 000 enfants mourront aujourd'hui suite à un décès évitable

Le parc new-yorkais «Madison Square Garden peut contenir 17 000 personnes», a expliqué Carolyn Miles, présidente de l'organisation Save the Children, lors d'une réunion le 21 septembre à New York. De même, «17 000 enfants mourront aujourd'hui suite à un décès évitable» avant leur cinquième anniversaire, a-t-elle fait remarquer.

Nonobstant la diminution de moitié du taux de mortalité infantile depuis les années 1990 (il a atteint 6,3 millions l'an dernier), 17.000 enfants morts chaque jour «est encore beaucoup trop», a reconnu Mme Miles. « Nous avons une énorme quantité de travail» à fournir.

La multiplication des crises humanitaires aujourd'hui entrave ces avancées. Les guerres ainsi que les déplacements de population forcés au Moyen-Orient et en Afrique, en particulier, limitent l'accès des femmes enceintes aux services de santé de base - ce qui est essentiel à la stabilité sociale, au développement et pour sauver des vies.

Kamilia Lahrichi est la lauréate de la bourse de journalisme «Enjeux internationaux» de la Fondation des Nations Unies à New York.

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