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Le temps presse pour les démocraties occidentales d'arrêter ses guerres désastreuses au Moyen-Orient et de faire des alliances avec ceux qui n'exportent pas le terrorisme.
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Indirectement, c'est nous qui vivons dans un occident prospère, mais un occident qui a besoin des milliards des pays du golf pour soutenir sa croissance économique qui atteint ses limites. Mais pour que l'argent de ces régimes théocrates puisse couler à flots, avec un minimum de transparence, vers nos marchés, nos banques, nos institutions et nos partis politiques, il y a un prix à payer.

Quel est au juste ce prix ?

C'est un prix qui fut jusqu'à tout récemment dérisoire à comparer avec les bénéfices récoltés. Mais voilà que l'équation change.

En effet, le prix consistait simplement à ce que nous fermions les yeux sur les comportements de ces régimes «amis», à leur ouvrir les portes de la légitimité internationale et les aider ainsi à survivre le plus longtemps possible en mode théocratique verrouillé. Ce n'est pas par hasard que les vents du soi-disant printemps arabe n'ont pas soufflé dans ces pays. La contrepartie pour ces royaumes et émirats consistait à repomper les milliards vers l'occident, (2) accepter sur leur sol des bases militaires occidentales et (3) fomenter et financer le renversement des régimes laïcs et séculiers de nos soi-disant ennemis (Iraq, Syrie, Libye, Égypte et Afghanistan) avec le grand prétexte d'implanter la démocratie. Sans ironie.

Mais tout allait, malgré tout, relativement bien pour nous, tant que ces pétrodollars ne pouvaient pas menacer notre quiétude et nos valeurs.

Cette entente tacite et cynique s'appuyait cependant sur un double déni : celui de l'occident, à l'égard des risques que ces régimes moyenâgeux financent le terrorisme islamique et le déni de ces régimes, à l'égard de leur implication dans le terrorisme international fécondé, engendré et nourri par leur propre idéologie du jihad et du combat des mécréants. Le jihad sert en effet à justifier leurs régimes totalitaires aux yeux de leurs populations tout en leur permettant de disposer sans reddition de comptes aucune des revenus pétroliers.

Mais voilà que ces régimes qui ont écrasé toute liberté d'expression en faisant régner l'intégrisme religieux sur leurs populations ont élargi leur zone d'influence en exportant et finançant l'intégrisme et le Jihad à travers le monde. À travers notre monde.

Et qu'avons-nous fait depuis? Même si les actes ont été dénoncés (on pense entre autres aux attentats de New York, Londres et Madrid), on a encore une fois fermé les yeux en vertu de cette relation de clientélisme honteux. Il est difficile de formuler une vraie critique quand on bénéficie au maximum de cette manne peu couteuse et profitable à nos multinationales, banques et industries d'armement. On croyait et on le croit encore que cette manne peut compenser nos récessions multiples, voire cacher les vices structurels de nos économies. L'intention donc était de demeurer profitable et si les dommages collatéraux consistent en une dizaine d'attentats en occident et une centaine de vies fauchées, les bénéfices financiers dépassent, aux yeux des grands décideurs (les États-Unis, La France et le Royaume-Uni), les dommages causés. N'oublions pas que l'on ne met jamais dans l'évaluation de ces «dommages» les centaines de milliers de vies fauchées dans les pays du Moyen-Orient, en Afrique et en Asie de l'Est. Seuls les dommages directs infligés aux occidentaux et exceptionnellement à un pilote de la coalition internationale sont pris au sérieux (Je suis Charlie, Je suis le journaliste prisonnier de l'État islamique, etc.)

Comment se sortir de cette terrible équation du double déni (assumons que nous voulons vraiment en sortir) avant qu'il ne soit trop tard?

La réponse est complexe et demande du courage, quitte à nous priver de ces milliards coupables.

Pour couper les sources du financement du terrorisme, il faudrait, d'abord, parler et agir. Même si l'on sait que le fondamentalisme islamique ne sera vaincu à long terme que par l'éducation, il faudrait immédiatement demander à l'Arabie Saoudite, au Qatar, aux princes zélotes des Émirats, ainsi qu'à leur facilitateur régional (la Turquie) de cesser leur soutien financier et logistique aux doctrines jihadistes et de changer de cap en implantant une série de réformes envers leurs populations. Il faut cesser d'exporter et de prêcher cette mentalité qui refuse l'autre et qui encourage la haine, rien de moins.

Et si cette méthode ne marche pas, qu'allons-nous faire ? Là, il nous faut sortir les grands moyens, pacifiques, si l'on veut vraiment préserver l'avenir, le nôtre et celui de plusieurs milliards de personnes qui souffrent beaucoup plus que nous. Il nous faut, ni plus ni moins, nous affranchir de notre dépendance au pétrole du Golf et de ses retombées financières. Ensuite, il nous faut repenser la structure de nos économies : la croissance effrénée n'est peut-être pas le seul modèle pour notre avenir.

Finalement, il faut raffiner sérieusement nos politiques d'immigration, d'accueil et d'intégration. Le temps presse pour les démocraties occidentales d'arrêter ses guerres désastreuses au Moyen-Orient et de faire des alliances avec ceux qui n'exportent pas le terrorisme.

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