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Politique canadienne: quand la vertu affronte la réalité

Il y a un risque associé à tout cet effort mis à laver plus blanc que blanc: celui de se faire éclabousser par la réalité.
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Au Canada, nous avons un premier ministre des plus sensibles, des plus transparents et des plus vertueux. On le sait parce qu'il ne cessait de nous le répéter pendant sa campagne électorale de 2015.
LARS HAGBERG/AFP/Getty Images
Au Canada, nous avons un premier ministre des plus sensibles, des plus transparents et des plus vertueux. On le sait parce qu'il ne cessait de nous le répéter pendant sa campagne électorale de 2015.

Au Canada, nous avons un premier ministre des plus sensibles, des plus transparents et des plus vertueux. On le sait parce qu'il ne cessait de nous le répéter pendant sa campagne électorale de 2015. Il nous l'a démontré par la suite à maintes reprises, en pleurant devant les torts historiques commis contre les Autochtones, en pleurant devant les torts historiques commis contre les homosexuels et en défendant son cabinet paritaire avec un brin d'arrogance «parce que nous sommes en 2015».

Jusque là, c'était très bien! Les Américains nous enviaient notre Golden Boy, qui faisait si bonne figure à côté de leur président croûté et colérique; à l'international, l'on se demandait si Justin Trudeau serait en effet le leader moral du monde libre.

Il y a un risque associé à tout cet effort mis à laver plus blanc que blanc: celui de se faire éclabousser par la réalité.

L'activité politique est fondamentalement un jeu de compromis et d'arbitrages constants: entre la vision politique et les moyens budgétaires, entre ce qui peut se faire et ce qui doit se faire, entre les promesses de campagne et la complexité de gouverner.

Or, dans notre société de divertissement, nous cherchons à décomplexifier les enjeux et à faire de nos hommes et femmes politiques de simples «héros» et «méchants», parce que la politique au XXIe siècle est le spectacle de divertissement par excellence. Le populo, dont l'imaginaire se nourrit de Netflix et est accro aux réseaux sociaux vecteurs de fausses nouvelles, peine à faire la distinction entre télé-réalité et réalité-réelle. De leur côté, les médias pigent allègrement dans les conventions marketing de la mise en récit (story-telling) dans la présentation des nouvelles qui deviennent alors des novellas.

Dans une telle confusion des genres, comment apprécier les zones grises de la politique, toutes ces complexités qui cadrent mal avec les narratifs réducteurs des reportages?

Voilà le point de disjonction entre la réalité telle qu'elle est et la réalité telle qu'elle nous est représentée. Ne nous faisons pas d'illusion: malgré les discours de pureté et d'intégrité mises de l'avant par la présente administration, les conversations derrière portes closes ne sont pas toutes empreintes de collaboration et de gaieté de coeur — ni ce qu'on peut étiqueter de «bon» et de «méchant».

Dans l'affaire concernant SNC-Lavalin, opposant l'ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould au bureau du premier ministre, les témoignages publics devant le Comité permanent de la justice sont la version nettoyée de ce qui doit être une sale affaire, mais une affaire importante, tant sur les plans juridique qu'économique, et dont le gouvernement doit s'occuper sans aversion.

Telle est la mise en garde que l'homme d'État allemand, Otto von Bismarck, laisse entendre dans la citation, devenue célèbre: «Les lois c'est comme les saucisses, il vaut mieux ne pas être là quand elles sont faites.»

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