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Partis politiques: comment faire du neuf avec du vieux

Le changement, grand objectif insaisissable des partis politiques qui souhaitent se donner des airs de renouveau, est le Saint Graal (ou la Sainte Coupe) du monde de la politique.
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Avant tout débat sur les valeurs, avant l'adoption de toute charte, il y a l'objectif de base, soit: d'accéder au pouvoir.
Joanna Cepuchowicz / EyeEm via Getty Images
Avant tout débat sur les valeurs, avant l'adoption de toute charte, il y a l'objectif de base, soit: d'accéder au pouvoir.

Commençons au commencement: quel est l'objectif de tout regroupement politique? Avant tout débat sur les valeurs, avant l'adoption de toute charte, il y a l'objectif de base, soit: d'accéder au pouvoir. On s'entend: pour certains membres d'un parti, peut-être que l'ordre des priorités n'est pas le même et que les valeurs passent avant le pouvoir. Mais la structure fondamentale d'un parti, les effectifs qu'on met en place et les stratégies que l'on y déploie - autrement dit, la «machine» politique - sont faits pour gagner, pour assumer et pour conserver le pouvoir.

Vues comme ça, les décisions prises en amont d'une campagne électorale sont tout à fait logiques.

Autrement, qu'est-ce qui peut justifier le retrait soudain d'un élu de longue date, un fidèle inébranlable du parti? Qu'est-ce qui peut justifier qu'un chef revienne sur sa parole d'honneur? Qu'est-ce qui peut justifier des prises de position et les girouettes insolites? Qu'est-ce qui peut justifier des annonces soudaines de nouveaux projets et de nouveaux financements? Le pouvoir, le pouvoir, le pouvoir et le pouvoir.

Sans pouvoir, le parti se trouve en incapacité; alors il est normal de viser le pouvoir.

Sans pouvoir, le parti se trouve en incapacité; alors il est normal de viser le pouvoir. Ce qui est anormal, ce qui choque dans ce paradigme est de voir comment tout le reste passe à la fauche: électeurs, candidats, associations locales, valeurs, principes.

Rendre la politique digeste

S'ensuit naturellement un certain cynisme de la part des électeurs, qui voient bien le jeu mal dissimulé. On nous demande notre appui sous forme de votes ou de militantisme, mais il y a un méchant paquet de dissonance cognitive à devoir accepter pour y adhérer.

Nous avons créé ce système, nous pouvons aussi le changer.

Nous avons créé ce système, nous pouvons aussi le changer. Si on l'a créé, c'est parce qu'il est efficace. Sans regroupement sous une même bannière d'idées à géométrie symétrique, enrobées de couleurs, d'images et d'une rhétorique infusée d'une bonne dose de psychologie de groupe élémentaire, l'électeur n'aura ni le temps ni la patience de passer au crible les différents programmes proposés - ainsi va l'argument.

Alors afin de rendre la politique digeste, on la simplifie pour l'électeur, mais comme dans tout processus de raffinement, beaucoup de bonnes choses se perdent - on élimine les fibres nutritives et ce qui reste c'est de l'amidon, le bon vieux pain de ménage.

Comment résoudre le dilemme du système dysfonctionnel juxtaposant, d'un côté, le parti qui mènera à la victoire par le biais d'un message politique simplifié et des mécanismes électoraux ayant comme objectif l'atteinte du pouvoir et de l'autre un électorat désabusé et cynique, dont la confiance dans ce système est en chute libre.

Proposer du changement

Attention, une importante distinction doit être faite entre un changement proposé et un changement effectué. J'imagine un calcul stratégique qui se fait comme suit (interprétation hypothétique libre): sans trop ébranler les structures et assises profondes du pouvoir, agitons la surface afin de simuler un changement et se donner des airs de renouveau.

Hop! Augmentation remarquable des candidatures féminines, allure instantanée de parité! Hop! On enlève la cravate et on enfile un jeans-polo avec lunettes de soleil, allure instantanée de «hipster»! Une opération cosmétique, car au fond, les méthodes et objectifs n'ont pas évolué.

Ne soyons pas dupes. Le vrai changement est exigeant. Ce n'est pas en manipulant l'image, en brouillant quelques candidats ou en brodant quelques politiques qu'on y arrivera. C'est en transformant les structures mêmes du pouvoir et de la manière dont on y accède. Et pour nous, électeurs, se plaindre du système actuel c'est une chose; passer à la transformation est une tout autre étape. Ce processus commence par une introspection personnelle et sociale: sommes-nous prêts pour un changement de paradigme? Comme disait Gandhi: «Sois le changement que tu veux voir dans le monde».

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