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Démission de Nicolas Hulot: ne plus se mentir

Il a révélé, avec une franchise renversante, les raisons pour sa décision, qu'il qualifiait de «la plus difficile de ma vie».
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Nicolas Hulot, politicien vedette sous le gouvernement Macron, a démissionné de son poste de ministre de la Transition écologique.
Charles Platiau / Reuters
Nicolas Hulot, politicien vedette sous le gouvernement Macron, a démissionné de son poste de ministre de la Transition écologique.

Après avoir visionné l'entrevue, impossible de remettre en question sa sincérité. L'émotion se lit dans sa voix et dans son expression de visage. La tension dans le studio est palpable. C'était loin d'être le spectacle jovial de bien-paraître et de faux-semblant auquel participent à parts égales médias et gouvernements, afin de nous réconforter dans nos anxiétés face à la vérité que nous appréhendons.

«Je ne veux plus me mentir.»Nicolas Hulot

Les masques sont tombés dès le début de l'émission quand, à la toute première question: «Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi, rationnellement, ce n'est pas la mobilisation générale contre ces phénomènes et pour le climat?» Hulot a répondu: «J'aurai une réponse qui est très brève: non.»

Et puis, sous le regard abasourdi des journalistes Nicolas Demorand et Léa Salamé, Nicolas Hulot a annoncé sa démission de son poste de ministre de la Transition écologique, en France. Pendant les longues minutes qui ont suivi, il nous a révélé, avec une franchise renversante, les raisons pour sa décision, qu'il qualifiait de «la plus difficile de ma vie».

À travers ses propos, on entendait un homme incapable de continuer à supporter les contraintes, les contradictions et les hypocrisies de son ministère. Et que par le seul fait, hautement symbolique, d'occuper ce poste, de nous faire accroire qu'on avance quand en réalité, les dérèglements climatiques dont nous commençons à subir les impacts (records de chaleur fracassés, inondations, feux de forêt, pour ne nommer que ceux-là) ne représentent que la pointe de l'iceberg.

«Petit à petit, on s'accommode de la gravité et on se fait complice de la tragédie qui est en cours de gestation.»Nicolas Hulot

Alors, où est donc cette mobilisation contre un système qui nous garde dans nos anciennes habitudes et qui perpétue un modèle qu'on sait intenable? Où sont nos chefs d'État prêts à reconnaître l'échec de ce système et l'urgence de se tourner vers un système plus égalitaire, mais surtout plus sobre en envisageant une décroissance économique?

Où sont les militants écologistes prêts à affirmer qu'il est trop tard pour inverser la tendance, mais que peut-être, en agissant collectivement nous pourrons trouver des solutions qui nous permettront une certaine résilience?

Le problème est que nous sommes encore très attachés à ce modèle socio-économique, le seul qu'on connaît, et qui nous offre prospérité et stabilité depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Et comme nous sommes tous investis dans la continuité de ce modèle qui nous garantit une certaine qualité de vie, notre mutisme permet aux gouvernements de poursuivre eux aussi sur le même sentier battu qui nous mène, on le sait maintenant, directement dans un mur. Mais tant que le mur est encore assez loin pour que ses contours restent flous, on continue!

Sauf que là, la démission de Hulot est un seau d'eau froide en pleine face après une nuit d'excès.

«J'espère que le geste que je viens de faire sera utile, pour qu'on se pose les bonnes questions et que chacun se pose la question de la responsabilité.» Nicolas Hulot

Si nous voulons sortir de l'engrenage carbonique qui contribue à la recette de notre destruction, c'est collectivement qu'il faudra agir. En exigeant plus de nos dirigeants, et de nous-mêmes. En acceptant que pour le bien de tous, il faut accepter d'être moins individualistes.

Changer pour sortir de sa zone de confort n'est jamais facile, mais la démission de Hulot nous apprend qu'il est nécessaire, autant pour notre intégrité que pour notre avenir collectif.

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