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Ces indépendantistes qui ne voulaient pas de l'indépendance

Estimons-nous chanceux qu'il existe encore des gens comme Martine Ouellet qui se battent pour la cause pendant que d'autres se croisent les bras.
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Il était une fois des indépendantistes québécois qui ne voulaient pas de l'indépendance du Québec.

Des hommes et des femmes, qui, après plus d'un demi-siècle d'ambition de libération d'un peuple d'un pays qui n'était pas le leur, repoussaient aux limites des calendes grecques le projet d'indépendance nationale. Des gens qui tentaient par tous les moyens de faire taire les « trop radicaux », les « trop pressés » ou encore, les « purs et durs ». Des gens qui préfèrent le confort de leurs assises rembourrées à se tenir debout pour l'idéal collectif.

Attentistes contre pressés

Deux visions s'opposent au Bloc québécois. Celle de la défense des intérêts du Québec à Ottawa et celle de la promotion de l'indépendance. Parlez-en au député de Montcalm, Luc Thériault, qui a tenté de repousser la course à la direction du Bloc Québécois à juin 2018 - soit un an avant la prochaine élection fédérale - au conseil général le 4 février dernier, malgré une décision prise par les membres du parti un an plus tôt dans la même instance. Les arguments qu'il invoquait étaient nombreux. Il envoya aux membres du parti par courriel l'éditorial suivant : « Le Bloc mérite une course à la chefferie », dans lequel il stipulait, à travers une rhétorique militante peu convaincante, que le Bloc devait tenir sa course en 2018, car le NPD et le Parti conservateur tiennent eux aussi leurs courses cette année et donc, ils éclipseraient le Bloc dans leur couverture médiatique.

Par ailleurs, il mentionnait qu'il fallait tenir compte du Parti québécois, qui tient son congrès à l'automne 2017, comme si le Bloc en dépendait absolument. Depuis les dernières années, le Bloc a clairement démontré qu'il n'en avait plus les mains liées et qu'il s'agissait de deux entités distinctes. De fait, en 2015, une quantité non négligeable de gens provenant de plusieurs horizons politiques, dont Option nationale et Québec Solidaire, se sont porté candidats. D'ailleurs, les membres du caucus eux-mêmes ne sont pas tous des péquistes. Souhaiter faire élire davantage de députés en 2019 est tout à fait normal, mais présupposer que le poste de chef ne sert qu'à faire l'élection, c'est rabaisser la valeur de ce rôle.

« L'année 2017 ne nous semble pas propice à l'élection d'un nouveau chef. », disait Luc Thériault. Il n'est pas tellement clair qui voulait-il inclure dans son « nous » qu'il utilise à profusion dans son texte - hormis la vieille garde de l'époque Duceppe encore présente dans l'establishment -, mais une chose est claire : une forte majorité des 350 membres réunis en conseil général le 4 février dernier ont réitéré leur appui à une course à la chefferie en avril 2017.

Tout sauf Martine Ouellet!

Ce n'est guère un secret que certains députés du Bloc ne veulent pas de Martine Ouellet comme cheffe et M. Thériault en fait partie. L'envoi de son éditorial par courriel était une démarche partisane tendancieuse cachée sous le couvert du salut du parti et "du droit aux membres d'avoir une course" pour empêcher cette dernière d'accéder au poste. Ainsi, dans son idéal, le report de la course en 2018 aurait permis à la frange attentiste du parti de se trouver un candidat à leur image. Or, les candidats potentiels d'une aussi grande qualité que Martine Ouellet ne tombent pas du ciel. Il y a longtemps que les attentistes auraient trouvé leur part. Ils ont eu toute l'année 2016.

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a peu de différences entre une Martine Ouellet comme députée simplement indépendante et une autre comme cheffe du Bloc.

Censé être dans le même camp, il est tout simplement odieux d'invoquer le supposé conflit d'intérêts du fait d'occuper un poste de député à Québec tout en étant cheffe du Bloc. Car en plus de nourrir les adversaires d'arguments - puisque même des indépendantistes désavouent Martine Ouellet -, ils nuisent à leur propre cause pour sauver leur image et éviter les reproches. Jean-François Lisée, Amir Khadir et Manon Massé ont dénoncé le cumul de fonctions en mentionnant la gestion du temps. Le temps passé en circonscription ne sera pas plus affecté que celui de n'importe quel ministre du gouvernement.

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a peu de différences entre une Martine Ouellet comme députée simplement indépendante et une autre comme cheffe du Bloc. Dans les deux cas, elle fera ardemment la promotion de l'indépendance. Dans le second cas, on peut présumer qu'elle ira à Ottawa à quelques occasions, sans plus, puisqu'elle n'y siège pas. Ce n'est pas la faction parlementaire qui est son cheval de combat. Certes, elle le commentera à l'occasion. C'est plutôt le Bloc comme instrument de promotion de l'indépendance qui lui importe. Comme le dit si bien le sociologue Simon-Pierre Savard-Tremblay dans son récent texte, « respirons par le nez ».

Heureusement que le ridicule ne tue pas. Il y a quelques jours, Bernard Landry s'est lui aussi aliéné de la question nationale en affirmant que pour éviter de perdre un éventuel référendum, il faudrait le faire dans un troisième mandat . Dans le meilleur des mondes, ceci pourrait le repousser jusqu'à possiblement 2030. Comment peut-on avoir un projet de société emballant si on le voit à aussi long terme? Le Parti québécois n'a jamais été en mesure d'être réélu trois fois de suite. Un tel discours découle de l'ineptie la plus totale. Nous ne savons même pas si le PQ sera élu en 2018, encore moins en 2022. Estimons-nous chanceux qu'il existe encore des gens comme Martine Ouellet qui se battent pour la cause pendant que d'autres se croisent les bras.

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