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Bloc québécois: une course à la direction le plus tôt possible

Un vent de jeunesse s'impose plus que jamais au sein de mouvement indépendantiste.
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Le 13 janvier dernier, j'apprenais que mon ami Xavier Barsalou-Duval, nouveau député du Bloc québécois dans Pierre-Boucher-Les Patriotes-Verchères, mais surtout militant de longue date au sein du parti, exprimait un intérêt afin succéder à Gilles Duceppe comme chef de la formation indépendantiste.

À peine quelques heures plus tard, le doyen de la Chambre des communes et homme clé du Bloc depuis 1990, Louis Plamondon, affirmait qu'une éventuelle course à la direction n'était pas prioritaire, qu'il faudrait attendre deux ans, les membres étant «essoufflés» par la dernière campagne électorale. Il évoqua également la recherche d'un nouveau directeur général après le départ de Luc Thériault, ce dernier s'étant fait élire député dans Montcalm.

Deux antagonismes se heurtent donc au sein du Bloc québécois sur la succession de Gilles Duceppe. Néanmoins, sur cette question, pour assurer l'avenir du parti, il y a deux éléments à ne pas négliger: d'une part, le parti doit apprendre des erreurs du passé; d'autre part, un vent de jeunesse s'impose plus que jamais au sein de mouvement indépendantiste.

Dans le présent cas, c'est avec la porte ouverte d'une direction vacante au Bloc québécois que ce changement doit se faire, et ce, le plus tôt possible.

Apprendre des erreurs du passé

Le boulet que traîne le Bloc est notamment son manque de visibilité médiatique. Celui-ci ne vient pas seulement de la défection de mai 2011, mais aussi de la léthargie qui suivit la démission de Daniel Paillé en décembre 2013. Suite à l'élection fédérale de 2011, le parti avait su palier au problème en mobilisant ses membres pour une course à la chefferie à peine sept mois plus tard. Daniel Paillé avait été élu le 11 décembre 2011 et rien ne laissait particulièrement présager une persistante agonie. Au contraire, on voyait l'avenir du parti comme positive, puisqu'en mars 2012, un sondage d'intentions des votes par la firme Léger Marketing donnait 31% d'appuis au Bloc québécois (ce qui est un bond relativement élevé, puisqu'il n'avait obtenu que 23% en 2011). Le parti eut une certaine visibilité médiatique malgré le désavantage numérique des députés (quatre à l'époque).

Lorsqu'une course à la direction est entamée tôt après une élection et que, par conséquent, le problème n'est pas mis sous le tapis, cela permet d'abord d'assurer une présence médiatique sans que ce soit pendant une campagne électorale. Il faut l'admettre, le Bloc a été complètement rayé du monde médiatique, à l'exception de la dernière campagne fédérale. La course à la direction de 2014 n'avait fait que très peu couler d'encre, puisque la démission de Daniel Paillé avait mise de l'avant l'éternelle remise en question du parti et de l'option indépendantiste - rien pour l'avantager hélas.

Deuxièmement, cela permet au chef de se faire connaître, et ce, pour les années qui précèdent la campagne électorale subséquente. Prenons l'exemple de Mario Beaulieu: il fut élu à peine 18 mois avant l'élection fédérale, un laps de temps beaucoup trop court pour gagner en popularité. D'ailleurs, on attribue souvent son éphémère passage comme chef à une panoplie de préjugés qui traduisent cette impopularité: «Il est un radical, un montréalocentriste

C'est donc pour éviter de revivre le scénario de Mario Beaulieu, c'est-à-dire d'être enclavé avec un chef qui peine à se faire connaître un an avant la prochaine élection, qu'il faut presser le parti à entamer les démarches. En tout respect à M. Plamondon, qui tient à trouver un nouveau directeur général, il s'agit d'un élément qui est le moindre des soucis des membres et qui n'empêche en rien une course à la direction. La manie d'avoir peur de déranger ses membres en les laissant choisir un nouveau ou une nouvelle chef me fait sourciller, puisque la proximité entre le moment de l'élection et la subséquente course à la direction constitue une conjoncture favorable, tant sur le plan de leur mobilisation que sur la visibilité médiatique.

Par ailleurs, une course à la direction en 2018, se verrait étouffée par l'attention portée envers les partis politiques de la scène provinciale en vue des élections la même année.

Le mouvement indépendantiste doit se renouveler

Il va sans dire que le sentiment d'appartenance envers le Canada est plus présent qu'autrefois. De manière considérable, 79% des jeunes de 18 à 34 ans affirmaient qu'être Canadien faisait partie de leur identité, sans toutefois renier leur appartenance au Québec. De fait, le mouvement indépendantiste se fait sans cesse reprocher de ne pas se renouveler et que ce sont les mêmes têtes d'affiches qui le dirigent depuis des années, voire des décennies. Le retour de Gilles Duceppe en 2015 fut marqué de critiques de ce genre. Toutefois, dans le présent cas, il s'agissait d'une mesure exceptionnelle visant à pallier au problème d'impopularité de Mario Beaulieu causé par son élection tardive comme chef.

La porte laissée ouverte par une potentielle course à la direction dans un parti indépendantiste est donc une occasion idéale pour renouveler le mouvement. D'ailleurs, 40% des députés actuels du Bloc québécois ont moins de 40 ans. L'intérêt de Xavier Barsalou-Duval à la chefferie du Bloc québécois n'est donc pas prématuré et va de pair avec la conjoncture actuelle. Ancien président du Forum jeunesse du Bloc québécois, il s'agit d'un homme avec qui j'ai eu le plaisir de travailler alors que j'étais jadis président régional de l'aile jeunesse. Je ne doute absolument pas de ses capacités pour exercer le rôle de chef du Bloc québécois. Il a contribué à rebâtir le parti de 2012 à 2015 en recrutant des jeunes issus des quatre coins du Québec. En transposant ce militantisme à plus grande échelle, il peut contribuer à accroître l'appui des jeunes en tant qu'acteur de premier plan du mouvement indépendantiste.

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