Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Tous responsables!

Il est temps de se poser des questions. Tous, dans tous les camps. Est-ce qu'on a envie de vivre dans une société sans débat ou qui accepte passivement la montée d'un proto-fascisme?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La droite

La droite a une responsabilité dans la crise de sens actuelle. Elle n'a toujours pas accepté que d'autres options idéologiques puissent une fois de temps en temps se manifester dans le débat public. C'est que comprennez là... elle a la science économique derrière elle. Les lois économiques libérales sont évidemment vraies, sans aucune possibilité de contestation. Le libre échange est toujours bien et les agents économiques sont toujours rationnels. Elle n'a toujours pas compris que son ton professoral interdisant le débat sur le protectionnisme et «l'efficacité» a en fait fait progresser toute sorte de courants (certains moins sympathiques que d'autres) qu'elle pensait combattre ainsi. Elle a une immense difficulté à innover, changer de paradigme idéologique, se poser des questions en général.

Pourquoi le peuple n'embarque pas avec elle? Serait-ce parce qu'elle refuse de parler des inégalités grandissantes et prend systématiquement le parti des privilégiés? Pourquoi ne se penche-t-elle pas sur la tentation anti-mondialiste (autant de certains nationalistes de droite que de gens plus à gauche)?

Mais non, ils savent ce qui est bon pour le peuple. C'est juste que le peuple ne le sait pas encore.

La gauche

La gauche aussi a des responsabilités dans la crise de sens actuelle. Elle n'a toujours pas accepté l'impuissance du keynésianisme et du mitterandisme pour juguler la crise de la fin des années 70 et celle du début des années 80. Elle n'a pas non plus intégré les raisons derrière l'appui populaire aux réformes plus à droite des années 90 (Harris en Ontario et Bouchard au Québec). Elle n'a toujours pas compris que son ton professoral interdisant le débat sur l'immigration et le multiculturalisme a fait progresser toute sorte de courants (certains moins sympathiques que d'autres) qu'elle pensait combattre ainsi. Elle a une immense difficulté à innover, changer de paradigme idéologique, se poser des questions en général.

Pourquoi le peuple n'embarque pas avec elle? Serait-ce parce qu'elle se couche dès que la question du protectionnisme se pose? Pourquoi ne se penche-t-elle que très peu sur l'échec de Syriza en Grèce?

Mais non, ils savent ce qui est bon pour le peuple. C'est juste que le peuple ne le sait pas encore.

Les indépendantistes

Eux aussi ont une responsabilité dans la crise de sens actuelle. Ils n'ont toujours pas accepté la défaite de 1980 et (disons le) la défaite de 1995. Ils n'ont toujours pas intégré les raisons derrière la baisse d'appuis à la souveraineté chez les jeunes. Ils n'ont toujours pas compris que leur ton professoral sur la nécessité absolue de l'indépendance a fait progresser toute sorte de courants qu'elle pensait combattre ainsi. Ils ont une immense difficulté à innover, changer de paradigme idéologique, se poser des questions en général.

Pourquoi le peuple n'embarque pas avec eux? Pourquoi ne se penchent-ils pas sur leurs insuccès électoraux et dans les sondages pour l'option depuis 20 ans?

Mais non, ils savent ce qui est bon pour le peuple. C'est juste que le peuple ne le sait pas encore.

Les fédéralistes

Eux aussi ont une responsabilité dans la crise de sens actuelle. Ils n'ont toujours pas accepté leur quasi-défaite de 1995. Ils n'ont toujours pas digéré les discussions sur l'identité québécoise que l'on a depuis environ 2007. Ils n'ont toujours pas compris que leur ton professoral sur les méchants «identitaires» a fait progresser toute sorte de courants (certains moins sympathiques que d'autres) qu'ils pensaient combattre ainsi. Ils ont une immense difficulté à innover, changer de paradigme idéologique, se poser des questions en général.

Pourquoi le peuple n'embarque pas avec eux? Pourquoi ne se penchent-ils pas sur leurs difficultés à obtenir quoi que ce soit du fédéral depuis 20 ans?

Mais non, ils savent ce qui est bon pour le peuple. C'est juste que le peuple ne le sait pas encore.

Donc... quoi?

Évidemment, je caricature. Sauf qu'il y a toujours une vérité derrière la caricature.

Je ne sais pas trop s'il est possible ou même souhaitable de sortir de ces quatre cadres idéologiques en fait. Je pense que chacun d'entre eux a la possibilité de nous fournir une réponse à l'immobilisme politique auquel le Québec fait face. Mais il faut qu'ils aillent l'ambition de nous fournir une réponse. Or, quand on regarde la joute politique actuelle (je sais, cela est vrai au-delà du Québec, mais restons chez nous), difficile de voir une vision claire et à long terme chez nos politiciens.

C'est bien ce qui manque. Si je m'attarde un peu à ma famille politique (souverainiste de gauche), qu'est-ce qu'elle offre véritablement au peuple québécois? Pas grand-chose d'inspirant. Je le sais parce que j'ai écouté dans le cadre des dernières partielles une bonne centaine d'entre nous et j'ai fait la même chose dans d'autres circonstances. Pourtant, c'est bien pour eux que nous voulons faire un pays plus juste, non?

Est-ce qu'on a envie de vivre dans une société sans débat ou qui accepte passivement la montée d'un proto-fascisme?

Il est temps de se poser des questions. Tous, dans tous les camps. Est-ce qu'on a envie de vivre dans une société sans débat ou qui accepte passivement la montée d'un proto-fascisme? Est-on capable de faire des alliances de circonstances contre celui-ci?

Ce sera tout le sens de mon engagement politique dans les prochaines années. Je n'ai pas encore la réponse... je suis simplement prêt à écouter les différentes propositions et à participer à leur élaboration.

Si vous ne faites pas attention, il risque de sortir un Trump ou un Rambo premier ministre. Pis c'est pas une prédiction, c'est un constat.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Comment Maurice Duplessis appelait-il le salon bleu?

Le saviez-vous? 16 faits insolites sur la politique provinciale

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.