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Pourquoi la liberté du Web est-elle plus que jamais un enjeu

Au Canada, le principe de liberté du Web est protégé par deux concepts : la liberté de parole et le principe de la neutralité du Net. Sujet à de gros débats il y a deux ans, le principe de la neutralité du réseau refait surface aujourd'hui, alors que la Cour fédérale américaine pourrait bien donner raison aux fournisseurs Internet qui tentent de mouler le Web à leur image.
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Dans la plupart des pays occidentaux, Internet est considéré comme étant libre : généralement, n'importe qui possédant une connexion Internet peut accéder à tous les sites disponibles sur la toile, sans restrictions par les fournisseurs ni par censure gouvernementale. Au Canada, ce principe de liberté du Web est protégé par deux concepts : la liberté de parole et le principe de la neutralité du Net. Sujet à de gros débats il y a deux ans, le principe de la neutralité du réseau refait surface aujourd'hui, alors que la Cour fédérale américaine pourrait bien donner raison aux fournisseurs Internet qui tentent de mouler le Web à leur image.

Pourquoi la neutralité du Net est-elle si importante?

Tout simplement parce que c'est en suivant ce principe que le Web a pu devenir ce qu'il est aujourd'hui. Sans neutralité, les fournisseurs (Bell, Vidéotron, Rogers, Telus) pourraient facilement bloquer des adresses IP de certains sites ou baisser la vitesse de sites concurrentiels. Or, grâce au principe de neutralité, ils ont ainsi le devoir de garantir un accès Internet sans restriction, sans surveiller nos données, sans modifier les sites visités et sans ralentir l'accès à certains sites et protocoles.

Prenons un exemple fictif : Vidéotron se rend compte que le nombre de ses abonnés à la télé par câble diminue. Le coupable? Netflix, le fournisseur de télévision par Internet, qui offre un service similaire à bien meilleur prix. Vidéotron décide donc de facturer un supplément pour l'accès à Netflix afin de donner un avantage à son propre service de télédiffusion. Autre scénario : Microsoft, conscient que son moteur de recherche Bing tire de la patte, décide de payer les fournisseurs canadiens afin qu'ils réduisent considérablement la vitesse de tous les services de Google. Les internautes canadiens sont donc obligés d'utiliser Bing pour effectuer leurs recherches et de naviguer avec Bing Maps lors de leurs escapades. Bien qu'un peu tirés par les cheveux, ces scénarios ne sont pas si impossibles qu'on le pense.

Au Canada, ce principe de neutralité mis en application par le CRTC reste toutefois précaire. Le débat a été lancé il y a quelques années, quand Bell a limité la vitesse des protocoles de téléchargement pair-à-pair lors des heures de pointe et lorsque Rogers a également été pris à avoir baissé la vitesse de connexion des jeux en ligne. Leur défense? La saturation de leur réseau. C'est alors que les fournisseurs se sont mis à imposer des limites de bande passante mensuelles strictes, limites qui sont toujours en vigueur aujourd'hui.

Pourquoi la liberté du Web est-elle plus que jamais un enjeu?

Le Web croit sans cesse et, grâce aux vitesses de plus en plus rapides, offre des services de plus en plus poussés. Souvent offerts à bas prix ou gratuitement, ils mettent en péril plusieurs autres services que procurent les fournisseurs Web. Les services de câblodistribution et la télé à la carte sont les exemples les plus flagrants. De plus, les services de clavardage vidéo tels que Skype et Google Hangouts vont remplacer dans bien des foyers les coûteux forfaits d'interurbains. Finalement, de plus en plus d'entreprises utilisent la messagerie instantanée et les courriels au lieu du coûteux service téléphonique interne. Or, aujourd'hui, comme un simple accès à Internet remplace les forfaits téléphonique et télévisuel, les entreprises de télécommunication veulent avoir une part du gâteau.

Or, aux États-Unis, ce sont les fournisseurs tels qu'AT&T, Comcast et Verizon qui tentent de s'attaquer au principe de neutralité. Très bientôt, la Cour fédérale américaine pourrait bien annuler la loi de la neutralité du Net adoptée par la Federal Communications Commission (FCC) en 2010. Si la loi est renversée, les fournisseurs pourraient contrôler le contenu partagé sur le Web et imposer l'achat de licences afin que certains contenus puissent être distribués sur leurs réseaux. Les fournisseurs auraient le pouvoir de facturer les entreprises afin qu'ils bénéficient d'un accès plus rapide et d'établir des forfaits Internet discriminatoires pour consommateurs.

Gracieuseté de Reddit.

Que font nos politiciens?

Au Québec, entre la hausse des frais de scolarité et la Charte de la laïcité, le débat sur l'avenir du Web ne prend pas beaucoup de place dans l'opinion publique et ne semble pas être un enjeu prioritaire pour les politiciens. Au Canada, le NPD, le Parti libéral et le Parti vert semblent se prononcer en faveur de lois strictes défendant la neutralité du Net. Le Parti conservateur favorise, de son côté, une approche non interventionniste et se fie plutôt aux tendances du libre marché. Toutefois, le débat ne semble pas être un enjeu prioritaire autant pour les citoyens canadiens que pour les politiciens.

Bien que les scénarios catastrophes décrits dans ce billet soient poussés à l'extrême, la fragilité du modèle actuel du Web est une problématique bien réelle. En tant que citoyens, nous devons d'abord et avant tout ne pas tenir pour acquis le Web tel que nous le connaissons. C'est en sensibilisant le plus de gens possible que nous pourrons garder le Web ouvert et libre pour les générations futures.

Pour conclure, voici un petit vidéo (en anglais) traitant de la neutralité du réseau.

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