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Quelque chose comme une odeur de printemps

J'ai découvert ce premier roman, comme bien des gens, dans le cadre du talk-show de fin de soirée de Pénélope McQuade. J'ai immédiatement eu envie de découvrir l'univers d'Annie-Claude Thériault, lauréate 2013 du prix des lecteurs de Radio-Canada. D'emblée, je peux l'affirmer : je n'ai pas été déçue par cette découverte littéraire.
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J'ai découvert ce premier roman, comme bien des gens, dans le cadre du talk-show de fin de soirée de Pénélope McQuade. J'ai immédiatement eu envie de découvrir l'univers d'Annie-Claude Thériault, lauréate 2013 du prix des lecteurs de Radio-Canada. D'emblée, je peux l'affirmer : je n'ai pas été déçue par cette découverte littéraire.

Béatrice ou Béate, une jeune adolescente, nous offre un regard lucide sur son entourage et sur le monde qui l'entoure. Sensible, elle pourra compter sur sa meilleure amie Wu, une artiste. Cette dernière saura l'accompagner dans les bons et les moins bons moments. Elle développera aussi une amitié avec Monsieur Pham, un Vietnamien propriétaire d'un dépanneur, qui offre des rouleaux impériaux qui ont l'air absolument divin. Ces amitiés constitueront un refuge, lorsqu'elle aura envie de s'éloigner des difficultés familiales.

Son frère Joachim agit étrangement : tantôt il se sent épié et cherche des micros dans le grille-pain, tantôt il dialogue avec ses poissons rouges. Béatrice, amoureuse des mots, apprécierait grandement que ses parents nomme l'état de Joachim, car pour elle, mettre un mot sur un élément, c'est lui permettre d'exister concrètement. De même, elle aurait eu besoin que ses parents en parlent. Malheureusement, ils sont dévastés par les comportements de leur fils et ne sont pas en mesure d'en discuter. Ils survivent, c'est déjà beaucoup. À cet effet, elle dit : « J'aurais tant voulu que tout soit différent. J'aurais souhaité que papa, maman et Philo me regardent affectueusement, me prennent dans leurs bras, m'embrassent. Qu'autour d'un souper embaumant les patates bouillies on puisse encore rire comme autrefois. [...] Que quelqu'un admette haut et fort que Joachim est schizophrène, puis que la vie se poursuive quand même. »

Selon Béatrice, sa sœur Philomène est cartésienne, rationnelle et scientifique. À son avis, elle ne ressent aucune émotion. Pourtant, au fil du roman, le regard posé sur sa sœur évolue pour le mieux.

Les forces de ce roman sont nombreuses. La fragilité et la sensibilité de la narratrice, Béatrice, sont très touchantes. Béatrice met l'emphase sur des détails que l'on occulte parfois : les odeurs et les saveurs. Elle parle en images aussi. Cela permet au lecteur de l'accompagner et de voir ce qui l'entoure au quotidien. Elle nomme aussi les émotions qui l'habitent avec une facilité déconcertante. Cette écriture sensible et toute en finesse permet au lecteur de ressentir les émotions vécues par cette dernière, mais aussi par son frère, sa sœur et ses parents. L'accablement de ces derniers face à la maladie de leur fils ne laissera d'ailleurs personne insensible.

Ainsi, Quelque chose comme une odeur de printemps est un premier roman réussi duquel émane une belle fraîcheur. Il s'agit d'un livre qui traite efficacement de relations familiales, de maladie mentale et de deuil. Il encourage le lecteur à prendre le temps de regarder, de goûter et de sentir plus.

L'auteure : Annie-Claude Thériault enseigne au Collège Montmorency. Quelque chose comme une odeur de printemps est son premier roman.

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