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Elle et nous, de Michel Jean

Je viens tout juste de terminer cette lecture. Je n'ai qu'un mot en tête : poignant. Avant de vous expliquer pourquoi, laissez-moi vous présenter les grandes lignes de ce livre.Aux funérailles de sa grand-mère Jeannette, une de ses cousines dit à l'auteur : «Michel, l'indien, tu l'as en toi.» Cette phrase toute simple en apparence fera naître en Michel Jean le désir d'écrire sur ses origines et sur sa grand-mère née Innue, mais qui deviendra canadienne.
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courtoisie

Je viens tout juste de terminer cette lecture. Je n'ai qu'un mot en tête : poignant. Avant de vous expliquer pourquoi, laissez-moi vous présenter les grandes lignes de ce livre.

Aux funérailles de sa grand-mère Jeannette, une de ses cousines dit à l'auteur : «Michel, l'indien, tu l'as en toi.» Cette phrase toute simple en apparence fera naître en Michel Jean le désir d'écrire sur ses origines et sur sa grand-mère née Innue, mais qui deviendra canadienne.

Ce livre nous offre en alternance les propos de Jeannette, nommée Shashuan Pileshish, ce qui signifie hirondelle, et ceux de Michel, son petit-fils. Peu de mots semblent avoir été échangés entre ces deux êtres. Toutefois, ces pages regorgent d'émotions et de sensibilité. Jeannette, née d'un père Innu et d'une mère irlandaise devenue canadienne, témoigne d'abord de tout son amour pour Pekuakami, pour la forêt et pour son clan. Elle nous entretient sur le quotidien de celui-ci, sur la vie en forêt, sur le respect qu'il voue à la nature aussi. Ensuite, elle raconte son histoire d'amour avec François-Xavier, « un blanc ». À cause des lois de l'époque, elle perdra son statut innu, le jour où elle prendra cet homme pour époux. Elle deviendra Jeannette Gagnon. Sa vie aura été scindée grâce à ce seul événement. Elle sera, en quelque sorte, rejetée de son clan, mais créera le sien avec ses onze enfants et son mari. « L'aimer m'a coûté beaucoup. Mais je n'aurais pas su faire autrement, » précise-t-elle.

Elle et nous permet de mieux connaître Michel Jean. En plus de l'amour et de la fierté émanant de ce titre, nous sommes témoins de certains épisodes de sa vie, de racisme également. Nous vivons avec lui cette quête d'identité, ce besoin de savoir d'où il vient pour savoir où il s'en va. Pour exprimer son état d'âme, il écrit : « Il est difficile de se reconnaître chez les autres et de savoir sa vraie place quand on n'arrive pas à définir sa propre identité. Il y a trop d'intersections pour s'orienter, se situer. J'ai parfois l'impression de tourner en rond, de me perdre dans un labyrinthe où je suis seul à marcher. J'aurais dû demander mon chemin à ma grand-mère quand je le pouvais encore. J'aurais dû lui demander quelle voie emprunter pour m'y retrouver. »

De même, dans ses mots, nous en apprenons davantage sur les Indiens au Québec et cela est essentiel, puisqu'ils font partie de notre histoire. Ce roman permet de voir de l'intérieur ce qu'était leur quotidien, quel respect ils vouaient à la forêt, à leurs aînés, aux animaux, au vent... À mon sens, cela est un cadeau duquel il pourrait être intéressant de s'inspirer. Concernant les aînés, entre autres, Jeannette s'exprime en ce sens : « J'ai été élevée dans un monde où une vieille personne méritait la considération des autres parce qu'elle était utile. Malheureusement, mes enfants et mes petits-enfants ont grandi dans un monde où les vieux n'ont aucune utilité. Un univers de livres, d'ordinateurs, de télévision, de radio et d'Internet, maintenant, où les aînés ne sont plus considérés comme des dépositaires du savoir. »

À la lecture des pages de ce titre, je me suis sentie privilégiée de découvrir l'histoire touchante de Jeannette et cette quête de l'auteur. Vous savez, ce sentiment qui nous habite lorsque quelqu'un nous confie un secret que nous devons garder pour soi... Je n'ai pas non plus été indifférente aux regards posés sur Jeannette lorsqu'elle est revenue au domicile familial plusieurs années après son mariage.

En plus, la manière de présenter les chapitres, en alternance entre elle et lui est plus qu'intéressante et crée une dynamique qui donne le goût de poursuivre la lecture et d'omettre les moments de pause.

Elle et nous, c'est un contenu riche, instructif, touchant, bien écrit, où les longueurs sont absentes, le rythme présent et où les mots nous font voyager à travers les odeurs, les sentiments et les saisons. C'est un hommage à une grand-mère d'exception et à son peuple. Il s'agit également d'un livre qui fait état de préjugés dont ont été et sont encore victimes les Indiens. Je ne peux maintenant qu'espérer que ces mots écrits de la main de Michel Jean sauront effacer plusieurs idées préconçues et ouvrir des horizons.

L'auteur:

Animateur à l'émission J.E. à TVA, Michel Jean a signé J.E. - Le guide de survie du consommateur québécois aux Éditions du Trécarré. Il est aussi l'auteur du livre Envoyé spécial chez Stanké. Se tournant vers la fiction, il écrira Un monde mort comme la lune et Une vie à aimer, aux Éditions Libre Expression. Elle et nous est son troisième roman.

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