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Je tiens à lui rendre hommage, car elle fut un modèle, pour moi comme pour tant d’autres Québécoises, en particulier dans les années 1970.
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Madame Payette voulait non seulement l’indépendance des femmes, mais l’indépendance du Québec.
The Canadian Press Images/Mario Beauregard
Madame Payette voulait non seulement l’indépendance des femmes, mais l’indépendance du Québec.

Le Québec a perdu une figure de proue féministe avec le décès de Madame Lise Payette, le 5 septembre. Je tiens à lui rendre hommage, car elle fut un modèle, pour moi comme pour tant d'autres Québécoises, en particulier dans les années 1970.

Il faut relire les trois tomes de son autobiographie pour comprendre à quel point son parcours de femme, d'intervieweuse, de politicienne a été difficile et exceptionnel.

Ses débuts

Née en 1931 dans un milieu très modeste, elle a dû couper court à ses études. Sa vie d'épouse et de mère fut assombrie par l'infidélité de son mari, et elle a tout enduré trop longtemps, comme beaucoup de femmes de son époque. Sauf qu'elle était particulièrement forte et déterminée.

Lise Payette a retrouvé sa liberté à 37 ans.

«Non seulement voulais-je être indépendante financièrement et subvenir seule aux besoins de mes enfants, mais je voulais aussi faire vivre ma mère. Je ne voulais plus jamais dépendre de personne. Jamais».

Son talent d'intervieweuse, son audace, sa finesse et son travail acharné l'ont transformée en vedette du petit écran.

Son talent d'intervieweuse, son audace, sa finesse et son travail acharné l'ont transformée en vedette du petit écran, dans une émission phare de variétés, Appelez-moi Lise, regardée chaque soir par un million de Québécois. Nous étions aux débuts de la révolution féministe, et sa présence quotidienne à la télévision cassait le moule de la femme soumise au foyer. Elle ne laissait personne indifférent.

Madame Payette voulait non seulement l'indépendance des femmes, mais l'indépendance du Québec.

Madame Payette voulait non seulement l'indépendance des femmes, mais l'indépendance du Québec. Elle a fait un passage court, mais spectaculaire, en politique dans le premier gouvernement du Parti québécois. Seule femme ministre, elle a livré de dures batailles au sein du cabinet pour faire passer notamment la réforme de l'assurance-automobile.

Ce que je retiens davantage, c'est l'élan formidable que Lise Payette a donné aux enjeux de la condition féminine à partir de 1979.

Mais ce que je retiens davantage, c'est l'élan formidable que Lise Payette a donné aux enjeux de la condition féminine à partir de 1979: loi sur les pensions alimentaires, congés de maternité, loi sur les services de garde, reconnaissance des femmes collaboratrices. Et le gros morceau: réforme du Code civil, notamment pour que les femmes mariées gardent leur nom, leur identité, un bond de géant.

«À des salles composées presque exclusivement de femmes ordinaires [...] je leur livrais le même message: celui qui consiste à dire que le moment est venu pour les femmes de prendre leurs affaires en main, de cesser d'avoir peur du pouvoir et de transformer ces pouvoirs pour qu'ils nous ressemblent davantage».

Un monument du féminisme

Lise Payette est loin d'avoir eu un parcours sans faute. Il y a eu l'affaire des Yvettes et, dans les dernières années de sa vie, des prises de position très controversées. Mais l'image que je retiens d'elle, c'est celle de notre seule rencontre, chez elle en 2013, rencontre que j'avais sollicitée, car j'étais à cette époque présidente du Conseil du statut de la femme, un organisme à qui elle avait accordé une grande confiance alors qu'elle était ministre d'État à la Condition féminine, 34 ans plus tôt.

J'étais nerveuse, car Madame Payette était un monument du féminisme et nous n'étions pas d'accord sur un enjeu crucial, celui de la Charte des valeurs. J'avais de sérieuses réserves sur l'interdiction des signes religieux dans les services publics. Elle y était favorable. Sa voix était douce, elle souriait, nous avons constaté notre profond désaccord et nous avons poursuivi la conversation sur les combats féministes qui nous unissaient.

Lise Payette, Des femmes d'honneur, Montréal, Libre Expression, 1997

Lise Payette, Le pouvoir? Connais pas!, Outremont, Athéna éditions, 2010

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