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Affaire Mike Ward: de «l'art» en barre

La société évolue et, heureusement, l'humour aussi. L'époque de l'ancienne formule des insultes gratuites de Piment fort est révolue! De grâce, M. Ward, cessez de nous ramener en arrière! Surtout si c'est maintenant dans le but de remplir vos poches sur le dos d'un jeune qui a tenté de réclamer le respect qui lui était dû!
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Les vacances sont presque terminées, le retour au travail est imminent... Avant de rouvrir mes livres, je jette un dernier regard à l'étrange tournure que le débat actuel sur la liberté d'expression semble prendre depuis le partage de ma lettre adressée à Mike Ward et aux humoristes. Ce n'est assurément pas celle que j'aurais espérée...

On a d'abord eu droit à un spectacle-bénéfice servant à financer les frais juridiques de M. Ward dans son « combat pour la liberté d'expression ». Or, c'est plus que confirmé, il n'y aura pas de perte monétaire pour l'humoriste, bien au contraire! Ce dernier ne se gêne pas pour parler publiquement de l'ampleur de ses retombées économiques et de la visibilité médiatique que cette histoire lui a value et lui vaut encore actuellement. Au lieu de se réajuster suite au jugement émis par la cour, dans ses récentes représentations en Écosse, il éternise ses blagues vicieusement lucratives au sujet de Jérémy Gabriel. Et pour annoncer son intention d'en appeler du jugement, il a même le culot d'ajouter devant son public : « Mon but est d'étirer ça jusqu'à ce que le garçon finisse par mourir »!

Comment maintenant peut-on continuer à affirmer que de tels agissements n'ont rien à voir avec de l'acharnement et de l'intimidation?

À ce sujet, certains ont cru bon de préciser que tout ce que nous appliquons dans une salle de classe ne peut être reporté à la « vraie vie »... Donc, pour les mêmes obscénités, dans une école on parle d'intimidation et dans une salle de spectacle on parle d'art?

Je comprends le principe qu'il faut relativiser en fonction du contexte. D'ailleurs, je répète souvent à mes élèves que le port d'un maillot à la plage ou en pleine classe n'a pas le même impact. Bien entendu, l'école a ses règles et son organisation. C'est une institution et l'ordre qui doit y régner nécessite un encadrement plus serré que dans un contexte de spectacle. Mais au-delà des règles, il y a les valeurs, celles que nous souhaitons véhiculer dans toutes les sphères de notre société!

Tout au long de cette affaire, plusieurs voix se sont élevées pour appuyer Mike Ward, parfois même de grosses pointures! Elles ont affirmé que les humoristes, voire tous les artistes en général, ne devraient être censurés d'aucune façon, tout ça au nom de l'art et de la créativité. Leur audace, leur « flirt avec l'inacceptable » serviraient à faire « évoluer la société », dit-on...

Mais depuis quand les artistes auraient-ils la totale latitude d'exprimer impunément toutes les idées sordides qui leur passent par la tête? Tout le monde le sait, la liberté d'expression a ses limites!

Pour quelles raisons si peu d'artistes, en particulier d'humoristes, se sont clairement manifestés afin d'affirmer publiquement qu'il y a des limites à ce que l'on doit accepter au nom de l'humour?

La société s'est dotée de chartes et de lois. À ce que nous en savons, il n'est nulle part écrit que certaines personnes, que certains groupes de gens sont dispensés de s'y soumettre. Et surtout, si quelqu'un se sent lésé dans ses droits, notre système judiciaire lui offre la possibilité de se défendre et de poursuivre celui qui l'agresse.

Parallèlement à tout ça, il n'est pas plus juste de prétendre qu'en devenant une personnalité publique, on doit d'emblée se résigner à devenir la cible des injures et à accepter toutes formes de diffamation. Voilà un argument trop souvent apporté pour légitimer les attaques « humoristiques » reçues par Jérémy Gabriel. À entendre certaines personnes, un individu perd le droit d'exiger le respect le jour où il devient populaire! Quelle absurdité!

Après tout ce qui a été dit à ce sujet, pour quelles raisons si peu d'artistes, en particulier d'humoristes, se sont clairement manifestés afin d'affirmer publiquement qu'il y a des limites à ce que l'on doit accepter au nom de l'humour? Pourtant, l'affaire Ward/Gabriel a initié par la bande l'un des plus grands débats sociaux concernant la liberté d'expression au Québec. Il serait plus qu'intéressant que davantage de membres de la communauté artistique osent y prendre part, en particulier à contre-courant de la tendance actuelle.

La société évolue et, heureusement, l'humour aussi. L'époque de l'ancienne formule des insultes gratuites de Piment fort est révolue! De grâce, M. Ward, cessez de nous ramener en arrière! Surtout si c'est maintenant dans le but de remplir vos poches sur le dos d'un jeune qui a tenté de réclamer le respect qui lui était dû! Vous êtes capable de bien mieux, j'en suis certaine...

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Mai 2017

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