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Le plan Bélanger

Tout ce qui arrive, chaque expérience, épreuve, joie ou souffrance est là pour une raison, pour nous faire réaliser quelque chose, nous faire évoluer.
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Pendant longtemps, j'ai géré ma vie comme une PDG de compagnie. Une PDG qui a un plan, avec des objectifs détaillés et clairs, pour aller du point A au point B. Des listes interminables de choses à faire, d'étapes à franchir pour atteindre mes buts, réaliser mes rêves. Les auto-félicitations se faisaient rares (on peut toujours faire mieux, pourquoi je me serais félicitée?).

J'étais plutôt une adepte de l'auto-flagellation, me tapant largement sur la tête, dès que ça n'allait pas assez vite ou assez bien à mon goût. J'étais une boss de moi-même redoutable. Dans un film, j'aurais probablement été Meryl Streep dans Devil wears Prada, vous voyez le genre? Impitoyable. Pas fine envers moi-même. Aucune compassion, aucune excuse. J'étais en charge du Plan Bélanger. Et j'allais m'assurer de le réussir. (La réussite et la performance étant des valeurs qui ont longtemps guidé ma vie, vous l'aurez deviné.)

Puis un jour, j'ai craqué.

Burn-out. À 33 ans. Ouch.

La fille qui collectionnait les Méritas depuis le secondaire, qui avait gagné la Médaille du Gouverneur en secondaire 5 (par 0,5 point devant son ex-copain de l'époque, ça avait toujours été une de mes grandes fiertés), qui avait toujours eu des A, qui avait travaillé fort pendant toute sa vingtaine, à raison de 6 ou 7 jours par semaine, pour apprendre son métier et s'améliorer, cette fille-là, du jour au lendemain, était devenue une loser. Qui avait échoué. Lamentablement. C'est du moins comme ça que je le percevais à l'époque.

Il n'y avait plus rien que je connaissais qui fonctionnait. Comme si, pendant que je dormais, quelqu'un était venu jouer dans mon coffre à outils. Et les avait bousillés, fracassés, un à un. Je devais donc en trouver d'autres. Vite.

C'est comme ça que la thérapie est arrivée dans ma vie. Un jour, je vous raconterai le séminaire d'une semaine passée avec des inconnus, à brailler ma vie et réaliser pour la première fois l'ampleur des bobos et qui j'étais vraiment. Mais c'est surtout là que j'ai réalisé que, moi qui me pensais si en contrôle de ma destinée, qui me pensais ben efficace et qui savais quoi faire pour avancer, ben je savais rien du tout. Pire, je ne contrôlais rien.

Une phrase m'a aidée à l'époque et m'aide encore aujourd'hui: «Tout est parfait.» Pas dans le sens de la perfection, mais dans le sens que tout ce qui arrive, chaque expérience, épreuve, joie ou souffrance est là pour une raison, pour nous faire réaliser quelque chose, nous faire évoluer. Et, dans ce sens-là, c'est parfait.

Même mon burnout a été parfait! Fallait que je passe par là, que je craque, que je laisse tomber le contrôle, le perfectionnisme, la performance. C'était beaucoup trop pour mes petites épaules! Il y a un paquet de cadeaux qui sont ressortis de cette étape douloureuse. Je ne vous dis pas que, lorsque j'étais au milieu de la tempête, je disais «Merci à la vie» et que j'étais heureuse de souffrir! Oh non! Mais j'ai réalisé que tout finit toujours par passer, le bon comme le mauvais, et que lorsqu'on est dans nos tempêtes personnelles, il faut juste tenir bon. Garder confiance que ça arrive pour une raison... raison qu'on va comprendre sans doute plus tard.

La vie est ben faite. Et parfois, il faut que quelque chose casse en nous pour trouver un chemin qui nous rendra plus heureux. Notre vrai chemin finalement.

Ce billet a initialement été publié sur le site personnel de Julie Bélanger.

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