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Dans un Québec indépendant, je serais le premier à défendre l'existence d'une chaîne publique. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Certes, Radio-Canada n'a pas à défendre directement des intérêts corporatistes, mais elle a à défendre des intérêts nationaux, canadiens on s'entend.
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Je me devais de revenir sur le texte collectif intitulé Radio-Canada : nous aussi, nous sommes inquiets. Ce texte a été cosigné par Jonathan Allard, co-président des jeunes-néodémocrates du Canada; Léa Couture-Thériault, vice-présidente des jeunes libéraux du Canada; Xavier Barsalou-Duval, président du Forum jeunesse du Bloc québécois; Anick Ferland, pour le comité national des jeunes de la CSN; Maxime Sabourin, pour le comité jeunes de la FTQ; Isabelle Noreau, pour le réseau des jeunes de la CSQ; Widia Larivière, militante autochtone; Léa Clermont-Dion, auteure et militante féministe; Aurélie Lanctôt, étudiante en droit et militante féministe; Pierre-Luc Brisson, auteur; Gabriel Nadeau-Dubois, ancien porte-parole étudiant et candidat à la maîtrise en sociologie.

Je ne partage pas votre inquiétude. Dans un Québec indépendant, je serais le premier à défendre l'existence d'une chaîne publique. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Certes, Radio-Canada n'a pas à défendre directement des intérêts corporatistes comme certains médias privés, mais elle a à défendre des intérêts nationaux, canadiens on s'entend. Il n'y a qu'à regarder le mandat de Radio-Canada, et surtout ce point : «vi. contribuer au partage d'une conscience et d'une identité nationales ».

Pour les journalistes, animateurs et analystes qui travaillent pour Radio-Canada et qui contribuent à faire la promotion d'un système - le fédéralisme -, ça devient un peu incohérent de pleurnicher lorsque ce même système leur explose à la gueule. (Bien sûr, je ne dis pas que Charles Tisseyre, Pénélope McQuade ou Jean-René Dufort sont des suppôts d'un complot fédéraliste, je vise plutôt le département de l'information et sa pseudo-objectivité. Et je suis conscient que Radio-Canada emploie beaucoup de gens de qualité qui, individuellement, n'adhèrent pas nécessairement à la ligne directrice de ce mandat d'unité nationale). Le message qu'envoie le gouvernement fédéral là-dedans, à travers les coupes, c'est qu'il croit avoir gagné son combat contre les « séparatistes » et qu'il se dit que les médias privés peuvent très bien faire le reste du travail. Donc pas besoin de continuer à investir des fonds dans un média public.

Alors chers ami(e)s, lorsque vous écrivez ceci : « Quelques jours après l'annonce de ces compressions historiques, une étude indépendante dévoilait que les coûts totaux des controversés avions de combat F-35 pourraient atteindre 126 milliards de dollars au courant des 40 prochaines années. Cela représente environ 126 fois ce que le gouvernement canadien verse annuellement au diffuseur public. Nous avons les moyens de financer Radio-Canada; ces coupures ne découlent pas d'impératifs financiers, mais d'une approche idéologique », vous avez en partie raison. C'est un constat que nous pouvons tous faire. Nous pouvons bien élever la voix, mais tant que nous serons assujettis à Ottawa, nous savons tous que la voix du Québec ne pèsera rien dans la balance. Le gouvernement fédéral le sait bien aussi. La solution n'est pas de s'élever pour défendre une institution qui travaille à maintenir en place ce système. La solution, vous savez bien ce que c'est. Donc cette position sur les F-35 est défendable mais naïve.

L'autre chose : « Ces coupures auront des conséquences graves quant à la diversité et à la qualité de l'information ». La diversité et la qualité de l'information? Vous vous souvenez, il n'y a pas si longtemps, pendant la grève étudiante? Trouviez-vous que nous avions là une information diversifiée et de qualité? Moi, je me souviens être allé à des manifestations de soir, et regarder ensuite le compte rendu sur RDI. Je me souviens d'une « job de bras » de la part de reporters du Téléjournal. Et je ne suis pas le seul à m'en souvenir. Ne vous souvenez-vous pas du traitement que Simon Durivage avait réservé à Gabriel Nadeau-Dubois? Peut-être était-ce un fait isolé dans votre esprit ou bien le dérapage d'un seul individu? Je ne crois pas. GND cite même Christian Nadeau dans son livre Tenir tête, en parlant d'une « brutalité médiatique ». Et concernant les informations inexactes et les propos diffamatoires : « Mais quiconque a consulté les grands médias lors du printemps 2012 sait que de tels propos étaient monnaie courante ». À moins que le verbe «consulter » ne référait qu'aux médias écrits. Si c'est le cas, il y a erreur, les médias écrits n'ont pas été les seuls.

Pour en revenir à Radio-Canada, si on trouve déplorable que l'émission Enquête écope de ces coupes, et ce genre de décision doit revenir à la direction, j'imagine, peut-être serait-il possible de couper dans des émissions de variétés ou dans Paquet voleur par exemple. Et si l'idée de faire une vaste consultation populaire sur la société d'État, son financement et son organisation, ce qui semble être une idée soutenue par plusieurs, incluants des animateurs de cette dite société d'État, peut-être que ces animateurs et journalistes pourraient dévoiler publiquement leur salaire, par souci de transparence. Ainsi, la population consultée pourrait avoir une idée de comment fonctionnent les finances et l'organisation de cette société d'état. Par exemple, je suis sûr que plusieurs personnes seraient curieuses de connaître le salaire de l'animateur de Paquet voleur, des analystes du Club des Ex ou des animateurs de Cap sur l'été.

Finalement, Pierre Craig disait, lors de son passage à Tout le monde en parle, que Radio-Canada a toujours aidé à faire rayonner la culture française en Amérique du Nord. Je ne veux pas que le gouvernement fédéral nous renvoie quelques miettes de notre argent pour « faire rayonner la culture française en Amérique du Nord » alors que les Québécois sont encore une minorité dans le Canada. Je veux que nous puissions nous-mêmes décider de faire rayonner notre culture dans le monde.

Voilà.

PS : Rappelons-nous de la guerre en Afghanistan, Radio-Canada a-t-elle privilégié une information diversifiée et de qualité ou a-t-elle défendu ses intérêts nationaux?

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