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Ça va faire du bien de changer le mal de place et de lire un texte qui ne parle pas de la «Charte». Et pour une fois, je ne parlerai pas de politique, mais de cinéma. Je ne m'improviserai pas critique, je veux seulement parler d'un court-métrage qui mérite notre attention:, de Benjamin Tessier.
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Ça va faire du bien de changer le mal de place et de lire un texte qui ne parle pas de la «Charte». Et pour une fois, je ne parlerai pas de politique, mais de cinéma. Je ne m'improviserai pas critique de cinéma, je veux seulement parler d'un court-métrage qui mérite notre attention. Le cinéaste Benjamin Tessier vient de terminer un court-métrage intitulé Le Camarade, sur l'histoire de Jean Corbo, un adolescent de 16 ans qui s'impliqua dans le FLQ en 1966 et qui mourut peu de temps après en allant déposer sa première bombe. Je l'avais vu cet été dans une soirée de court-métrage et je lui avais promis que je ferais un papier. Comme je suis une personne de parole...

Deux choses sont frappantes chez Benjamin Tessier. Premièrement, un entêtement et une débrouillardise sans borne. La SODEC a décidé de ne pas subventionner son projet, jugeant le scénario «trop ambigu», et «préférant sans doute financer un autre projet nihiliste sur le mal de vivre avec un plan fixe de 6 minutes sur un robinet qui coule». Alors il a décidé de le financer lui-même, avec l'aide de ses producteurs, et avec les dons du public. «De voir qu'autant de gens y croyaient et investissaient parfois jusqu'à 200$ de leurs poches alors qu'ils étaient étudiants, ça m'a touché énormément. Ça prouve qu'il y a un public pour ça». Il a réussi le tour de force de réaliser son film avec des moyens restreints, mais avec la bonne volonté des gens qui voulaient bien offrir un coup de main selon leurs compétences respectives.

La deuxième chose, c'est le propos. Tessier a un propos; un cinéma politique et un cinéma historique ( il a déjà réalisé Gens du pays, un court-métrage sur des Québécois pendant la Seconde Guerre mondiale). Il trouve dommage que le cinéma québécois place souvent l'esthétisme avant le propos: «Ça parait qu'on a été élevé par la pub. Même quand on parle de la question nationale, faut que ce soit pour faire des constats négatifs. Comme si les cinéastes n'avaient plus à prendre position et n'avaient plus de responsabilité intellectuelle face à leurs œuvres.» Cependant, il voit d'un bon œil la sortie récente de films comme Louis Cyr et La Maison du pêcheur. Il y voit une tentative de réappropriation de personnages historiques importants.

Quant au film Le Camarade, lorsque je lui posai la question: «Pourquoi un film sur Jean Corbo?» Benjamin Tessier répond «qu'il y a une dimension intéressante dans l'héroïsme malhabile de Jean Corbo, une sorte de charme tragique qui nous rappelle que ceux qui posent ces gestes sont aussi des êtres humains. Et bien qu'il ait pris les armes pour la libération de son pays, il reste un petit cul, avec ses angoisses, ses peurs et son idéalisme.» Le film Le Camarade sera projeté le 21 septembre dans le cadre du festival de cinéma de la Ville de Québec.

Pour finir, puisqu'on parle de film sur le FLQ, on me demande souvent ce que j'ai pensé du film d'Alain Chartrand La Maison du pêcheur. C'est un film important et honnête. Je conseille aux gens d'aller le voir et de se faire une idée par eux-mêmes. Et donc ne tenez pas compte de l'opinion tordue de Marc Cassivi, parce qu'on s'en sacre pas mal qu'en vérité le père de Bernard Lortie ait été concierge et non pêcheur, comme dans le film. Ça ne change absolument rien.

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