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Pour ce qui est du rôle du Canada, il faut garder en tête la relation de proximité qui existe entre le cabinet du gouvernement Trudeau, la haute finance et l'industrie pétrolière, pour éviter d'être déçu.
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Je me méfie de la Conférence de l'ONU sur le climat qui se tient en ce moment à Paris. Pour plusieurs raisons. Suis-je un climatosceptique? Non, bien sûr que non. Mais on ne me fait pas avaler n'importe quelle salade, sous prétexte qu'elle a une belle étiquette soi-disant verte.

Je suis plutôt sceptique face à ce genre de conférence mondialiste. Vous me permettrez de citer Naomi Klein :

«Il faut être fou pour croire au processus onusien: depuis vingt-cinq ans qu'on essaye de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, celles-ci ont grimpé de 60% ! Je ne dis pas que c'est un processus inutile, ni qu'il faut l'abandonner. Mais y croire aveuglément et le laisser suivre son cours, seul, serait pure folie. Car le bilan, jusqu'ici, est consternant. Sans une pression immense, cela ne va pas s'améliorer. Le niveau de réduction d'émissions que les gouvernements mettent sur la table en vue de la conférence de Paris est totalement insuffisant pour maintenir la hausse des températures mondiales en dessous de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle.»

Cela ressemble pas mal à ce que je pense. Du moins à une partie. Ensuite, une autre raison de me méfier: un article du journal britannique The Guardian explique que la COP21 est financée à hauteur de 20% par des entreprises œuvrant dans le domaine des combustibles fossiles ou comme étant de gros émetteurs de carbone, entre autres : EDF, Engie (anciennement GDF Suez), Air France, Renault-Nissan et BNP Paribas. À noter que EDF et Engie ont été blâmé dans un rapport conjoint d'Oxfam-France et de l'ONG Les amis de la terre à propos de leurs 46 centrales au charbon dispersées à travers le monde.

On apprend aussi que Bill Gates, Mark Zuckerberg, pour ne nommer qu'eux, font partie d'un projet, Breakthrough Energy Coalition, afin de lancer des investissements en recherche pour le «développement et la commercialisation des énergies propres». Citons ici Fabien Deglise à propos de BEC:

«Le projet rassemble près d'une trentaine d'acteurs de l'économie numérique dont les activités, bien que dématérialisées, font l'objet de critiques répétées en provenance des milieux écologistes pour leur impact considérable sur l'environnement, les serveurs informatiques où sont accumulées les données numériques étant particulièrement énergivores, et dans des zones géographiques où les énergies vertes ne sont pas toujours légion».

Sans compter tous les déchets toxiques qu'ils génèrent et les conséquences environnementales liées à l'extraction des terres rares nécessaires à leurs produits.

Quand Facebook, Microsoft, Hewlett Packard, Amazon, etc, s'intéressent aux énergies propres, il y a de quoi commencer à se méfier. Quand le Fonds des frères Rockefeller commence à s'intéresser aux énergies propres, il y a de quoi s'inquiéter. Ce ne sera peut-être pas l'énergie qui sera propre, mais plutôt l'argent qu'ils en tireront. Personne là-dedans n'a eu ce soudain éclair de bonté; «il faut sauver la planète». Bullshit. Ce n'est que du business. Je ne sais pas exactement ce que ça cache mais si le système capitaliste mondial décide d'apposer une soi-disant étiquette verte sur sa logique destructrice, il y a de quoi se méfier. On garde le même système mais on se donne (on nous donne) bonne conscience. Mais c'est vert...

Tiens juste pour s'amuser, une autre chose qui était «verte», et pilotée par la Fondation Bill et Melinda Gates et la Fondation Rockefeller (l'autre fondation), la révolution verte en Afrique, l'AGRA. On nomme Kofi Annan à la tête de l'organisme pour donner une belle façade, on dit qu'on veut aider les pauvres agriculteurs africains à développer leur agriculture, à la faire entrer dans une nouvelle ère. Finalement, l'AGRA se fait en partenariat avec qui? Monsanto, Syngenta, Dupont Pionneer, les géants de l'agroalimentaire.

Pour quoi faire? Eh bien, pour intégrer ces millions de paysans africains qui pratiquaient une agriculture traditionnelle, sans doute pas assez productive, à un marché agroalimentaire mondialisé. En fait, on les présente aux vendeurs de semences transgéniques et de pesticides. Mais il y a «vert» dans le nom alors... Si le sujet vous intéresse, dans ce documentaire on y parle de cette révolution verte et de ses «bienfaits».

Après ça, vous pensez que je vais faire confiance à ces vautours du commerce international pour «sauver la planète»? En plus, en ce moment à Paris c'est commode pour le pouvoir en place, on se sert de l'état d'urgence décrété après les récents attentats pour réprimer les militants écologistes. Une pierre deux coups.

Il faut se dire une chose: le capitalisme tel que pratiqué par les multinationales nommées ci-haut, n'est pas compatible avec la préservation de l'environnement. C'est un non sens. Le capitalisme, par définition, répond à une logique destructrice, une logique de gaspillage, une logique de surconsommation, une logique d'épuisement des ressources, une logique où le prix d'une vie humaine ne vaut pas celui d'une batterie de téléphone ou d'une semence génétiquement modifiée.

Comme a dit le président bolivien Evo Morales lors de son discours à cette conférence: «Le capitalisme a créé au cours des deux derniers siècles la forme la plus sauvage et destructrice de notre espèce, pour le bénéfice de quelques-uns».

Il y a six ans à Copenhague, le défunt leader vénézuélien Hugo Chavez avait fait un long discours semblable, à la COP15, et il avait pourfendu les empires capitalistes, louangé les manifestants rassemblés dehors et avait même cité deux de leurs slogans: «Si le climat était une banque, il serait déjà sauvé» et «Ce n'est pas le climat qu'il faut changer, c'est le système».

Et pour ce qui est du rôle du Canada dans la lutte aux changements climatiques, il faut garder en tête la relation de proximité qui existe entre le cabinet du gouvernement Trudeau, la haute finance et l'industrie pétrolière, pour éviter d'être déçu.

Pensons à Bill Morneau, au CD Howe Institute, à Daniel Gagnier, à Sharan Kaur...

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