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Des ruines du passé au Bâtiment 7

Ça a pris plus de 10 années pour que ce processus se complète, et que l'on puisse affirmer haut et fort que l'appropriation et la viabilité du Bâtiment 7, ça peut marcher.
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Quand une époque est révolue et laisse en plan friches et bâtiments, cela appelle à une créativité et à une ténacité sans égale des générations suivantes pour transformer ces friches au profit de ses propres besoins.

À Pointe-Saint-Charles, cela a été particulièrement vrai. Situé aux abords du canal Lachine, ce berceau industriel du Canada, hôte d'un site ferroviaire d'envergure qui a fait se construire tout le Grand Tronc, notre quartier avait, de part et d'autre, son lot de vestiges et de ruines !

Le bon sens aurait voulu que certains de ces bâtiments soient transférés à la communauté - dont les besoins avaient été malmenés par l'histoire.

Le bon sens aurait voulu que certains de ces bâtiments soient transférés à la communauté - dont les besoins avaient été malmenés par l'histoire. Et pourtant. En 2005, on a vendu le site du CN (le quart de la superficie du quartier) au Groupe Mach pour la somme d'un dollar, en vue d'en faire un Casino. Ce projet était évidemment à l'antithèse des aspirations de la communauté. On s'entendra également sur ce fait : le Casino n'était pas non plus, en soi, un projet qui appelle à la construction de communautés résilientes.

L'histoire qui s'est ensuivie est longue, non linéaire, mais pour se rappeler : le Casino a été abandonné à la suite d'une mobilisation sans précédent du quartier. Le quartier s'est retroussé les manches et a entrepris une longue démarche d'appropriation des enjeux de développement. Un groupe s'est mis en forme afin de se réapproprier un des bâtiments du site CN, le Bâtiment 7, pour la communauté. Ce groupe a eu à braver vents et marées pour que ce bâtiment lui soit cédé... et en faire un projet viable et porteur.

Le projet du Bâtiment 7 est à l'image de ce que nous voulons pour la société de demain: un lieu où nos cycles économiques, notre autonomie organisationnelle et nos besoins réels se satisfont. Des services de proximité (épicerie, microbrasserie), aux ateliers collaboratifs (mécanique, bois, métal, vélo, etc.), aux services à la famille (CPE, maison de naissance, place des ados) jusqu'à un pôle alimentaire qui s'attache à récréer le cycle alimentaire, chevaux inclus, le Bâtiment 7 veut ni plus ni moins que devenir une véritable fabrique d'autonomie collective, un espace pour que nous collectivités soient plus résilientes et créatives.

À l'heure actuelle, la signature de l'acte de vente du Bâtiment 7 à l'organisme 7 À NOUS est en cours, pour la somme d'un dollar, plus un million de dollars en don du propriétaire. Les travaux commencent au Bâtiment 7, en vue de l'inauguration d'une première phase comprenant épicerie, microbrasserie et ateliers collaboratifs au début 2018. Une campagne d'alliéEs bat son plein sur fr.ulule.com/batimentsept, avec un objectif de 300 contributeurs atteint en tout juste 3 jours.

Ça a pris plus de 10 années pour que ce processus se complète, et que l'on puisse affirmer haut et fort que l'appropriation et la viabilité du Bâtiment 7, ça peut marcher. Comme quoi, pour passer des ruines d'une époque à une autre qui peut enfin fleurir, il faut braver l'épreuve du temps, parfois s'opposer aux grands projets qui ne s'inscrivent pas dans le cours de nos aspirations et ne jamais cesser d'espérer. À nous qui évoluons dans les ruines du passé, refuser que se poursuivent les développements qui ne nourrissent pas notre résilience et tout mettre en œuvre pour qu'il en soit autrement est peut-être, finalement, la meilleure chose que nous ayons à faire.

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