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Philomena Lee: l'histoire extraordinaire d'une femme extraordinaire

Philomena, c'est l'extraordinaire histoire d'une femme extraordinaire. Philomena Lee était une adolescente naïve dont le seul péché fut de tomber enceinte hors des liens sacrés du mariage. Elle a donc été "mise à l'écart" dans un couvent. Puis, comme des milliers d'autres "femmes déchues", on a obligé Philomena à abandonner son enfant comme condition pour pouvoir être libérée de sa condition de quasi-esclave.
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Philomena, c'est l'extraordinaire histoire d'une femme extraordinaire. Philomena Lee était une adolescente naïve dont le seul péché fut de tomber enceinte hors des liens sacrés du mariage. Elle a donc été "mise à l'écart" dans un couvent par une société irlandaise sous le joug de l'Église catholique, couvent où elle a donné naissance à un magnifique garçon. Pendant trois ans, elle a élevé le petit Anthony tout en continuant de travailler à la buanderie du couvent. Puis, comme des milliers d'autres "femmes déchues", on a obligé Philomena à abandonner son enfant comme condition pour pouvoir être libérée de sa condition de quasi-esclave.

Son sort fut celui de bien de jeunes mères irlandaises dont l'enfant était illégitime. Ce n'est que très récemment que le gouvernement irlandais a demandé pardon à ces femmes pour l'enfer qu'il leur a fait subir. Néanmoins, l'histoire de Philomena sort de l'ordinaire. Ce livre et le film qu'il a inspiré racontent l'histoire de sa quête, qui a duré plusieurs dizaines d'années, du fils qu'on lui a arraché. On y relate l'incertitude, l'espoir et le désespoir et, en fin de compte, on découvre un être humain remarquable au courage exceptionnel et dont le pardon a de quoi rendre humble.

Je trouve renversant que le sentiment religieux de Philomena soit demeuré aussi fort malgré tout ce qu'elle a subi. Elle n'hésite pas à remettre les choses en question et demeure très ouverte au sujet de son expérience, et malgré cela, sa foi est inébranlable et sans failles. Lorsque l'on m'a demandé de tenir son rôle dans le merveilleux film réalisé par Stephen Frears, j'ai songé à mes propres racines irlandaises. Ma mère est née à Dublin et toute sa famille était irlandaise. Mon père est né à Dorset, mais sa famille a déménagé en Irlande alors qu'il n'avait que trois ans. Il a grandi à Dublin et a fait ses études au Trinity College, comme tous ses cousins d'ailleurs.

Bien que ma mère ait été élevée en tant que méthodiste, elle allait dans une école catholique et je sais qu'elle avait de beaux souvenirs de certaines des religieuses qu'elle a côtoyées. Acceptant sa propre foi, elles lui permettaient d'être dispensée des prières catholiques et lui ont plutôt gentiment donné la tâche d'épousseter les statues en lieu et place. Ma mère disait souvent à la blague qu'elle avait le devoir de garder la Vierge Marie propre. J'étais donc soulagée de constater que le livre de Martin Sixsmith et le film qui en a résulté ne dépeignaient pas l'Église Catholique sous un jour complètement sombre. Le rôle de l'Église dans l'histoire est scruté avec soin, mais on a bien pris soin de ne pas caricaturer ce qui s'est produit.

C'était une époque bien différente. Ce système était horrible, à n'en point douter, mais beaucoup de ces religieuses étaient de bonnes personnes et ce ne sont pas toutes les jeunes femmes qui ont été traitées avec cruauté. Comme bien des Irlandais dans les années 50 et 60, ma famille n'avait aucune idée que ce genre de chose existait en Irlande. Pourtant, le cas de Philomena est loin d'être un cas isolé. D'innombrables mères et leurs enfants ont été séparés, et bon nombre d'entre eux cherchent encore à se retrouver encore aujourd'hui. C'est terrible et très choquant.

J'espère sincèrement que la quête héroïque et le courage dont elle a fait preuve en racontant son histoire sauront apporter un peu de réconfort à toutes celles et ceux qui ont connu un sort similaire au sien. Je peux affirmer que l'histoire et le personnage de Philomena m'habitaient très profondément durant le tournage de ce film. Ce fut un défi de taille et le fait de pouvoir parler à Philomena, de me référer à elle quand j'en avais besoin était tout simplement fantastique. Cela m'a permis de toucher à l'essence même du rôle, ce qui était impossible lorsque j'ai interprété Elizabeth I ou Iris Murdoch, qui étaient mortes depuis longtemps au moment où j'ai incarné leur rôle, ce que j'avais trouvé particulièrement ardu. Ce que je désirais plus que tout, c'était que le film rende justice à Philomena et au livre de Martin Sixsmith.

J'ai eu le privilège de tourner avec Stephen Frears à de très nombreuses reprises, et je savais qu'avec lui, j'étais entre de bonnes mains. Il a pris un soin incroyable pour s'assurer d'être le plus fidèle possible à l'histoire de Philomena et au livre de Martin. C'était extraordinaire de regarder certaines des scènes que nous avions tournées alors même que Philomena était assise avec moi, sa main sur mon épaule, une expérience vraiment enrichissante. J'étais très attentive à sa réaction tout au long de la projection et tout particulièrement lorsque l'on voit le garçon qui joue le fils qu'elle a perdu apparaître à l'écran. Je suis vraiment heureuse d'avoir participé à ce film, et j'espère sincèrement que Philomena le sera tout autant de ce que nous avons humblement fait pour raconter son histoire.

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