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Projet de loi 86: laissons l'expertise enseignante servir l'élève

À trop vouloir respecter le libre choix de chacun, pense-t-on réellement au bien-être collectif?
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Présenté en décembre dernier, le projet de loi 86 sur la gouvernance scolaire donne des pouvoirs accrus au ministre, aux directions d'école et aux parents. Pour ce qui est des enseignantes et enseignants, le projet de loi est carrément incohérent. D'un côté, on reconnaît qu'ils sont des «experts essentiels de la pédagogie» mais, de l'autre, on réduit significativement la portée de leur expertise. En bref, on dit une chose et on fait son contraire. Pour la reconnaissance, on repassera.

Dorénavant, les conseils d'établissement, où le personnel enseignant est minoritaire, auront plus de pouvoirs, notamment en ce qui concerne l'enrichissement des programmes et la mise en œuvre du régime pédagogique.

Autrement dit, peu importe l'avis des «experts essentiels de la pédagogie», les directions d'école et les parents auront le loisir de comprimer le temps alloué à l'enseignement des mathématiques ou du français, au profit de programmes particuliers ou enrichis de toutes sortes. Les enseignantes et enseignants ne sont-ils pas les mieux placés et les mieux formés pour juger des besoins et des capacités des élèves, ainsi que du temps nécessaire pour l'atteinte des objectifs dans chaque matière ?

Un exemple ? Le conseil d'établissement d'une école pourrait décider d'aller de l'avant avec un programme d'enseignement intensif de l'anglais en 6e année, même si les profs de cette même école s'y opposent, considérant que trop d'élèves en difficulté d'apprentissage seront pénalisés par la compression des matières de base...

Pour parer à ces dérives, la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) réclame depuis longtemps déjà un temps minimum prescrit pour l'ensemble des matières de base au primaire. Le dépôt de ce nouveau projet de loi aurait été un excellent moment pour agir en ce sens et ainsi recentrer l'école sur l'essentiel, en limitant les possibilités de comprimer les matières de base.

En permettant ce genre d'adaptation des programmes sans tenir compte de l'expertise pédagogique du personnel enseignant, on tombe carrément dans la logique de l'école marchande, de l'école à la carte. Ce faisant, on respecte peut être la volonté des «clients» de nos écoles publiques, mais tout ça se fait malheureusement au détriment de nos élèves les plus vulnérables. Ils seront les premiers à ressentir les effets de l'enseignement condensé ou accéléré de certaines matières. À trop vouloir respecter le libre choix de chacun, pense-t-on réellement au bien-être collectif ?

La mission première de notre système d'éducation public est de former les citoyennes et citoyens de demain avec une formation de base solide et de favoriser l'égalité des chances. Nous avons le devoir de penser à l'avenir de TOUS les élèves, et ce n'est certainement pas avec le grand brassage de structures qui nous est proposé présentement que nous améliorerons leur sort.

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