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Trop moche pour l'amour, mais pas pour la télé

Quelle est cette nouvelle manie de voyeurisme ? Sommes-nous devenus si superficiels? Est-ce que de voir pire que soi fait du bien?
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Au début du printemps, j'ai fait le rattrapage de mes séries télévisées. Et puis, il est tombé beaucoup de pluie et je me suis tournée vers des séries documentaires de types « réalité-choc » dont certaines chaînes font leur spécialité, comme si la morosité du temps s'accordait avec ce type de curiosité. Vous savez le genre d'émissions que vous écoutez en vous disant qu'un bon livre ferait surement mieux l'affaire, mais que vous ne pouvez vous empêcher de regarder.

J'ai commencé par « La vie à 600 lbs » (Moi et Cie), où l'on suit pendant une année, les efforts d'un obèse morbide qui lutte pour perdre du poids et pour sauver sa vie. Ayant moi-même quelques kilos à perdre, je me motivais en me disant qu'il fallait que je mette les freins avant d'en arriver là.

C'est facile de juger parce que vos kilos en trop sont minimes en comparaison. Vous vous dites: pour en arriver là, il a dû s'empiffrer de malbouffe. Il a juste à changer son alimentation. Ces télé-réalités mettent l'accent sur le sensationnalisme et le côté psychologique n'est jamais longuement traité. Pourtant il doit bien y avoir des raisons pour que quelqu'un en arrive à un quasi-suicide alimentaire.

Je suis également tombée sur un documentaire dont même le titre m'a rendu mal à l'aise, «Trop moche pour l'amour?» (Moi et Cie). Il s'agit de 10 célibataires souhaitant rencontrer le vrai amour, mais dont une condition médicale particulière rend la chose plus difficile. Par exemple dans le premier épisode, une des célibataires, très séduisante par ailleurs, est atteinte d'alopécie ce qui la rend complètement chauve, elle porte donc une perruque. Doit-elle avouer sa condition lors de la première rencontre? La pauvre fille focalise tellement sur le problème que cela la rend tellement froide et distante qu'aucun prétendant ne propose une deuxième rencontre.

Je me questionne sur les raisons qui apportent les gens à accepter de vivre cela à l'écran. Est-ce que cela va vraiment les aider ou bien les plonger dans un désespoir plus grand?

Il me semble que dans les affaires de cœur chacun devrait avoir droit à sa chacune. C'est déjà difficile d'être sur le marché des rencontres amoureuses, de se faire rejeter pour des pacotilles... imaginez la situation lorsque vous partez avec une différence. Je me questionne sur les raisons qui apportent les gens à accepter de vivre cela à l'écran. Est-ce que cela va vraiment les aider ou bien les plonger dans un désespoir plus grand?

Quelle est cette nouvelle manie de voyeurisme ? Sommes-nous devenus si superficiels? Est-ce que de voir pire que soi fait du bien? Notre société est-elle devenue si peu compatissante? J'ai parfois l'impression de me retrouver dans un des romans de Suzanne Collins (The Hunger Games) où une civilisation du futur regarde ses enfants s'entretuer sans intervenir par pur divertissement.

Les réseaux sociaux ont banalisé le dévoilement de la vie privée. Récemment, Facebook a ajouté la fonctionnalité « en direct » qui permet aux utilisateurs de projeter leur vie privée devant l'écran. Déjà que l'on mettait en scène sa vie en photos, devrons-nous maintenant la scénariser sur vidéo? Et qu'arrivera-t-il si notre vie n'était qu'ordinaire?

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