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Compressions: les demi-vérités du ministre de l'Éducation

Quand le ministre de l'Éducation va-t-il reconnaître que les compressions budgétaires imposées par son gouvernement ont un réel impact sur les services aux élèves?
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Depuis la rentrée scolaire, le ministre de l'Éducation est interpellé de toutes parts sur les impacts qu'ont les compressions budgétaires sur les services aux élèves. Tant du côté des élus scolaires, des partis d'opposition à l'Assemblée nationale, du personnel des commissions scolaires que des parents, tous s'entendent pour dire que l'éducation devrait être la priorité de notre société et épargnée par l'austérité. Mais face à ce cri du cœur généralisé, le ministre François Blais reste imperturbable, refuse de défendre l'école publique, et affirme plutôt sans broncher que le budget alloué à l'éducation a augmenté cette année de 0,2 %, alors qu'il sait très bien que cela ne couvre même pas les coûts de système, c'est-à-dire les augmentations de dépenses attribuables à l'inflation comme les hausses des salaires et du coût de l'énergie par exemple.

Mais pire encore, le ministre ne cesse de répéter des demi-vérités afin de minimiser l'impact réel des compressions aux yeux de la population. D'abord, M. Blais répète à qui veut l'entendre que l'effort exigé des commissions scolaires ne représente que 1 % de leur budget. Les compressions imposées au réseau public pour l'année scolaire 2015-2016 sont d'environ 150 millions de dollars, selon le calcul du Ministère, sur un budget de près de 11 milliards. Mais le ministre sait pertinemment que la masse salariale accapare 70 % de ce budget qui est incompressible en raison des conventions collectives. De toute façon, le ministre souhaiterait que les commissions scolaires imputent les compressions exclusivement à leurs dépenses administratives, qui représentent seulement 4,2 % de leur budget : 150 M$ sur environ 500 M$, cela fait une coupure de 30 % du budget M. le ministre!

Le ministre de l'Éducation se montre également étonné lorsqu'on lui présente des exemples de diminution de services pour les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA) prétextant que le budget alloué à l'adaptation scolaire est sensiblement le même depuis plusieurs années. Il est justement là le problème. Le ministre oublie de préciser que si le financement demeure le même, la clientèle elle augmente considérablement. En fait, le nombre des EHDAA a cru de 33 % en 10 ans (2001-2002 à 2011-2012). Et comme les services aux EHDAA sont sous-financés, les commissions scolaires ont toujours puisé dans leur marge de manœuvre pour injecter plus d'argent dans ces services que ce qu'elles recevaient du Ministère. Ce qui explique l'impact actuel des compressions sur ces services; les compressions successives ayant fait fondre cette marge de manœuvre comme neige au soleil.

Mais pire encore, le ministre déclare que la situation financière des commissions scolaires n'est pas si catastrophique puisqu'elles ont dégagé des surplus de 800 M $. Là, c'est la goutte qui fait déborder le vase! Encore une fois, le ministre est tout à fait au courant que d'une part, ce montant inclut la valeur des terrains et des immeubles ainsi que les subventions à recevoir pour avantages sociaux futurs (congés de maladie, retraite, etc.) et que le surplus disponible des commissions scolaires est plutôt autour de 100 M $. D'autre part, M. Blais omet de préciser que le gouvernement limite l'utilisation de ces surplus par les commissions scolaires par le biais des règles budgétaires en fixant le pourcentage pouvant être utilisé et à quelles fins. Une situation d'ailleurs maintes fois dénoncée par la FCSQ.

Quand le ministre de l'Éducation va-t-il reconnaître que les compressions budgétaires imposées par son gouvernement ont un réel impact sur les services aux élèves?

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Mai 2017

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