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Maxime Bernier est-il un «idiot utile»?

Maxime Bernier a lancé récemment sur son site internet une pétition demandant la privatisation de Postes Canada, prétextant ainsi que «».
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Le candidat à la chefferie du Parti conservateur du Canada, Maxime Bernier, est manifestement dans la bonne formation pour faire valoir ses propositions.

En effet, après avoir défendu âprement la gestion de l'offre pendant les années Harper pour ensuite appuyer le partenariat Transpacifique (PTP), entente qui, entre autres, ouvre une brèche de 3,25 % du marché des produits laitiers canadiens au profit des producteurs étrangers, voilà qu'il souhaite ni plus ni moins l'abolition totale du système de la gestion de l'offre.

D'ailleurs, il n'y va pas de main morte en désignant ce système de «cartel légal» tout en accusant l'Union des producteurs agriculteurs (UPA) de «lobby bureaucratique puissant ».

Mais, Maxime Bernier étant une «boîte à surprise» a lancé récemment sur son site internet, une pétition demandant, sans aucune gêne et profitant des négociations entre la partie patronale et syndicale, la privatisation de Postes Canada, prétextant ainsi que «les Canadiens méritent un service postal qui fonctionne et qu'il est temps de mettre fin au monopole ».

Évidemment, il ne s'agit pas d'une proposition trop audacieuse venant d'un conservateur puisque cette idée était dans les cartons d'Harper. Cependant, Stephen Harper lui, voulait y aller progressivement et sans l'avouer ouvertement, afin de faire avaler doucement cette pilule à saveur «néolibéralisme» aux Canadiens. En contrepartie, Bernier, ce naïf idéologue, ouvre grand son jeu, pensant ainsi parler au nom du libre marché...

Postes Canada rentable?

Voyez-vous, quand les patrons de Postes Canada, sous la pression des conservateurs d'Harper, voulaient mettre fin à la livraison du courrier à domicile pour un peu plus de cinq millions de foyers évoquant qu'il y avait beaucoup moins de courriers qui s'envoyaient puisque les gens communiquaient maintenant par d'autres moyens - ce qui n'était pas faux, ils avaient volontairement fait abstraction des données affirmant que les colis étaient en augmentation et que Postes Canada était rentable...

En effet, Postes Canada pour l'année fiscale de 2014, a engrangé des profits nets de près de 200 millions de dollars et les bénéfices risquent d'augmenter puisque les Canadiens magasinent de plus en plus par l'entremise d'internet. Les colis postaux s'accroîtront donc davantage et ainsi, proportionnellement, les profits progresseront pour cette société d'État, et ce, au service de tous les Canadiens.

Alors, pourquoi vouloir la privatisation totale de Postes Canada si le tout est considérablement rentable?

La différence entre Harper et Bernier

L'ex-premier ministre Stephen Harper était réputé pour être un excellent stratège, et je pense qu'il en était un. Ce dernier, voyant la tendance se dessiner pour le transport des colis postaux et voulant répondre positivement au lobby privé de cette industrie qui, lui, cherchait à mettre la main sur ce secteur lucratif, avait voulu se servir de la baisse du courrier pour commencer à fragiliser Postes Canada.

Son but ultime: privatiser la société d'État au nom de l'idéologie conservatrice de réduction de la taille de l'État, mais, officieusement, désétatiser au profit du néolibéralisme et de l'oligarchie, donc au profit des amis. Pour ce qui est de Maxime Bernier, la volonté de privatiser Postes Canada est entièrement une décision basée sur ses convictions idéologiques libertariennes.

Cependant, dans son équation, Maxime Bernier exclut naïvement le facteur humain. Ce qui veut explicitement dire qu'un jour ou l'autre, la nature humaine fera en sorte que le jeu du Monopoly reprendra ses droits, et que nous passerons, dans un moyen et long terme, à un autre monopole pour ce qui est de l'industrie des colis postaux, ou bien qu'il y aura tout simplement collusion avec les plus grands joueurs, comme présentement dans l'industrie pétrolière... Et ce, dorénavant, au profit du privé...

Voilà la différence entre les deux hommes; un qui savait pertinemment que pour perdurer au pouvoir, il lui fallait des appuis puissants et que pour garder ses nouveaux amis puissants dans une convergence d'intérêts, il lui fallait leur renvoyer l'appareil tout en évoquant au bon peuple servile, l'admirable logique du libre marché pour le bien commun. Tandis que l'autre, comme un «idiot utile» croit dur comme fer et naïvement que les politiques qu'il prône serviront parfaitement à une saine concurrence au profit des consommateurs...

Quoi qu'il en soit, les deux sont au service des puissants de ce monde, bien qu'un fût en connaissance de cause et pour son profit; l'autre l'ignore innocemment, mais agit de bonne foi.

En conclusion, comme le disait le chroniqueur journaliste du Devoir, Jean Dion: «la naïveté est un excès de crédulité à l'égard des choses qui sont, mais aussi une inconnaissance des choses qui seront».

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