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Les libéraux veulent à tout prix éviter Lisée

Jean-François Lisée s'est lancé dans la course à la chefferie du PQ avec deux objectifs simples: sortir les libéraux et préparer l'indépendance pour 2022, ce qui voulait explicitement dire qu'il n'y aurait pas de référendum dans le prochain mandat. Il n'en fallait pas plus pour voir les libéraux trembler sachant très bien que Lisée avait percé à jour leur stratégie.
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Bien que le Parti libéral du Québec soit détesté par une majorité de Québécois, il n'en demeure pas moins que cette formation dispose des meilleurs stratèges politiques et, donc, de la meilleure machine électorale du Canada entier. Nous n'avons qu'à nous rappeler encore une fois l'élection de 2012 où - malgré la grogne populaire du printemps érable et sous l'odeur de corruption - le Parti libéral a réussi le tour de force d'être l'opposition officielle, et ce, dans un contexte de gouvernement minoritaire du Parti québécois.

Évidemment, l'élection d'avril 2014 a confirmé de nouveau la supériorité de l'équipe de stratèges libéraux, en donnant une solide raclée à la formation souverainiste. Pourtant, la victoire libérale s'est faite uniquement sur deux aspects - la peur d'un référendum et l'économie.

Il n'en fallait pas plus pour que le rassurant porte-parole - non avoué officiellement - du néolibéralisme, Philippe Couillard, devienne le 31e premier ministre du Québec.

Qui plus est, si l'arrivée de PKP avait redonné un souffle à la campagne libérale de 2014, les stratèges libéraux se réjouissaient allègrement du presque couronnement du prince de Québecor à la tête du Parti québécois, puisque ce dernier, bien qu'il soit une machine en affaires, n'avait nullement les talents de René Levesque pour faire de la politique, même s'il s'améliorait avec le temps.

L'histoire est connue et Pierre-Karl Péladeau a délaissé la politique pour des raisons familiales, ce qui a ouvert une nouvelle page du livre à écrire pour la formation indépendantiste.

Formellement, quand les noms d'Alexandre Cloutier et de Véronique Hivon, et ultimement celui de Martine Ouellet, sont sortis, les stratèges libéraux n'en ont fait que peu de cas, sachant que bien qu'il s'agissait de candidats dévoués, mais qu'aucun, hormis, peut-être, Cloutier, n'était réellement une menace contre leur hégémonie.

Cependant et contre toute attente, Jean-François Lisée qui avait eu la lucidité de se sortir de la précédente campagne à la chefferie du Parti québécois en affirmant jadis que les membres de sa formation devaient « vivre leur moment Péladeau », décida de se présenter de nouveau, mais cette fois-ci, avec deux éléments simples, pourtant très efficaces; sortir les libéraux et préparer l'indépendance pour 2022, ce qui voulait explicitement dire qu'il n'y aurait pas de référendum dans le prochain mandat.

Il n'en fallait pas plus pour voir les libéraux trembler sachant très bien que Lisée avait percé à jour leur stratégie qui, d'ailleurs, était visible à des kilomètres à la ronde, mais que plusieurs péquistes se refusaient de voir, étant connectés aux belles années d'un passé pas si lointain...

Lisée en mode rassemblement

Pour éjecter les libéraux en 2018, Jean-François Lisée sait qu'il doit sortir des sentiers battus afin de ratisser le plus largement possible afin de créer un mouvement de base pour son élection à la tête du PQ, sachant pertinemment qu'il n'a pas l'appui de « l'establishment » du parti.

Il n'a ainsi pas tardé à aller chercher de nombreux appuis d'anciens candidats et d'anciens élus du Bloc et du Parti Québécois et même certains acteurs clés d'Option nationale. Mais plus important encore, il est allé chercher d'autres figures politiques s'étant présentées dans d'autres formations non alignées, démontrant ainsi sa capacité de rassembleur.

En effet, outre l'ancien député adéquiste de Portneuf, Raymond Francoeur qui, au lieu de se prostituer en flairant la bonne carrière chez les libéraux, a décidé de suivre son côté nationaliste en donnant son appui à JFL afin d'évincer la gangrène rouge du pouvoir, il y a cette toute nouvelle acquisition de l'équipe Lisée qui, bien qu'elle soit passée sous les radars des médias nationaux, est une excellente prise qui mérite l'attention. Il s'agit de celle de l'ex-député néo-démocrate de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-RDL, François Lapointe.

C'est le premier néo-démocrate à faire le saut pour Lisée et pas n'importe lequel, mais bien celui qui a tenu tête aux libéraux-conservateurs de la région de Rivière-du-Loup dans le dossier du port pétrolier qu'Énergie Est voulait implanter à Cacouna. D'ailleurs, François Lapointe a travaillé activement à la plateforme environnementale que Jean-François Lisée a présentée en conférence de presse, et ce, symboliquement dans la municipalité de Cacouna, juste en périphérie de l'installation portuaire en question.

De plus, pour l'organisation de Lisée, l'arrivée dans leurs rangs de François Lapointe est une bénédiction, puisque l'ex-député néo-démocrate était un ami proche de Jack Layton ayant participé activement à la vague orange de 2011 et qui a également été le coprésident de la campagne à la chefferie de Thomas Mulcair qui, rappelons-le, a été victorieuse pour ce dernier.

François Lapointe s'est également démarqué à plusieurs reprises sur la scène fédérale en étant le porte-parole de l'opposition officielle pour l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec de 2014 à 2015, exigeant ainsi régulièrement des comptes au gouvernement conservateur au sujet des millions de dollars de budget accordés à l'agence qui n'étaient pas investis au Québec tout en faisant campagne jusqu'à la fin de son mandat pour faire baisser les frais de transaction excessifs imposés aux petits commerçants par les émetteurs de carte de crédit.

D'ailleurs, le fait de voir François Lapointe au côté de Jean-François Lisée en conférence de presse à Cacouna, a mis en panique l'organisation libérale du ministre de la stratégie inutile et député de RDL-Témiscouata, Jean D'amour, ainsi que celle de Côte-du-Sud, voyant dans l'arrivée de Lapointe, un adversaire capable de leur donner du fil à retorde et surtout en mesure de répondre aux nombreuses inepties de notre ministre sans portefeuille.

En résumé pour les libéraux c'est : « tout sauf Lisée, surtout quand notre chef est loin de faire l'unanimité »...

En terminant, selon le sociologue allemand Max Weber : « Il y a deux façons de faire de la politique. Ou bien on vit pour la politique ou on vit de la politique ».

Devinez maintenant où se situent les libéraux ? Une formation politique qui n'a pas de vision pour le Québec et qui est sur le pilote automatique, hormis le fait de servir hypocritement les intérêts du néolibéralisme et de nos bons oligarques...

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