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Le mur opaque de l’anxiété

Je savais que j’avais besoin d’avoir des gens dans ma vie, mais j’en étais lamentablement effrayée.
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Le temps m’a appris que j’avais dressé un mur, un mur opaque fait de peurs et même de terreurs, entre moi et le reste du monde.
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Le temps m’a appris que j’avais dressé un mur, un mur opaque fait de peurs et même de terreurs, entre moi et le reste du monde.

Pourquoi parlez-vous d'anxiété? Tellement de gens ignorent encore ce que c'est. On en entend pourtant parler de plus en plus et les professionnels de la santé sont davantage sensibilisés. Mais, comment nous sentons-nous lorsque l'anxiété nous frappe? Et, surtout, comment nous en sortons-nous?

Je suis anxieuse. Et l'anxiété, dans mon cas, s'est exprimée et persiste à s'exprimer de différentes manières. Il fut un temps où la seule idée d'avoir une vie sociale m'anéantissait. Tous les jours, je me réveillais en me demandant pourquoi je ne me sentais pas aimée. Je me trouvais pourtant très aimable. J'étais triste. Je savais que j'avais besoin d'avoir des gens dans ma vie, mais j'en étais lamentablement effrayée.

Le temps m'a appris que j'avais dressé un mur, un mur opaque fait de peurs et même de terreurs, entre moi et le reste du monde.

Les années passèrent. Avec elles, le temps m'a appris que j'avais dressé un mur, un mur opaque fait de peurs et même de terreurs, entre moi et le reste du monde. Oh! J'avais des relations de longue date avec ma famille immédiate, ma famille éloignée et quelques amis que j'avais su — ne me demandez pas comment — garder au fil du temps. Mais ces relations interpersonnelles s'effritaient au rythme de mes peurs et j'avais très peur!

Je vivais un grand paradoxe, soit celui d'avoir un besoin et d'être incapable de le combler parce que je me refusais de le faire.

Ce risque de tout perdre ou plutôt de perdre tous ceux que j'aimais planait au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès. Je vivais un grand paradoxe, soit celui d'avoir un besoin et d'être incapable de le combler parce que je me refusais de le faire.

L'élan dont j'avais besoin

Et puis un jour, c'est arrivé! Poussée dans mes derniers retranchements financiers, je n'ai eu d'autre choix que de me remettre à travailler. Je me suis souvenue alors de mon secondaire 4 au cours duquel j'avais fait du théâtre. J'avais adoré l'expérience me prouvant pour la première fois que je pouvais faire de grandes choses devant les autres sans y laisser ma peau.

C'est donc dans une autre peau, justement, que j'ai recommencé à travailler. Je me suis créé un personnage qui n'avait pas froid aux yeux.

C'est donc dans une autre peau, justement, que j'ai recommencé à travailler. Je me suis créé un personnage qui n'avait pas froid aux yeux. Le défi était de taille, car je me lançais dans ce monde qui me faisait si peur et cela, sans vraiment de filet. Il n'y avait que moi pour savoir que je n'étais pas tout à fait moi-même.

Jouer un tour à sa psyché

J'ai donc joué un vilain tour à ma psyché en usant de cette ruse et je me suis retrouvée à rencontrer des gens, des inconnus ou des personnalités publiques, afin de mener des entrevues destinées à mon blogue. Je ne sais pas comment c'est arrivé, mais sans véritablement m'en rendre compte, j'avais du succès. Je me bâtissais une réputation dans le milieu et j'obtenais de superbes interviews avec des gens qui, j'en étais pourtant convaincue, se soucieraient peu de moi s'ils me connaissaient vraiment.

Et du monde, j'en ai rencontré! J'ai fait différents boulots depuis ce temps avec différentes responsabilités et j'ai travaillé de concert avec des gens qui avaient beaucoup d'assurance, ou du moins qui paraissaient en avoir.

Une idée en pleine expansion

Un soir, alors que j'étais aux prises avec une terrible crise d'anxiété, j'ai eu un éclair de génie. Une idée me passa par la tête et cette idée ne me quitte plus depuis des années et elle prend beaucoup d'expansion: «Nul besoin d'être si anxieuse pour ton travail ou tes relations sociales, puisque tu bâtis les assises de ta confiance depuis des années.»

Avant, j'étais murée par l'anxiété, maintenant il y a beaucoup de fenêtres à mes murs et plusieurs portes de sortie.

Je pourrais vous dresser une liste exhaustive de personnes qui m'ont inspirée à être plus confiante, mais elle serait très longue! Je me contenterai de vous dire que des gens du milieu artistique ou des affaires, des coachs, des psys, monsieur-madame tout le monde font naître en moi une fibre que, jamais, je n'aurais pensé avoir un jour: la confiance.

Un plus joli portrait

Oh, je suis toujours aux prises avec l'anxiété, mais à des niveaux différents. Plus je vis, plus je me libère. Avant, j'étais murée par elle, maintenant il y a beaucoup de fenêtres à mes murs et plusieurs portes de sortie.

À ceux d'entre vous qui me lisent et se disent que je ne connais pas l'anxiété comme eux la connaissent, sachez que j'ai perdu conscience plus d'une fois par peur. Pas la peur ni la vraie grosse peur qui paralyse. Non. La peur qui se fait souvent menteuse avant même qu'un événement ne m'arrive.

Je vous écris avec cette peur en ce moment. J'aide l'organisation de deux grands projets où j'occuperai une place importante. Je regarde mon anxiété bien en face et je me rends compte que le mur est moins dense qu'avant et beaucoup moins opaque.

Un travail acharné

La chance? Non. Le travail acharné sur ma personne, oui. Je suis fière de la personne que je suis maintenant. Je sais que je suis loin de la perfection, mais j'aime bien qui je suis. J'ai peu d'amis, mais ceux que j'ai savent très bien de quoi il en retourne côté anxiété. Ils ne m'en tiennent pas rigueur, car plutôt que de tout cacher ce que je ressens, je ne suis plus dans l'évitement et je me fais voir dans toute ma splendeur d'être humain.

Le mur opaque de l'anxiété s'égrène avec le temps et la vie est bien plus belle ainsi.

Le mur opaque de l'anxiété s'égrène avec le temps et la vie est bien plus belle ainsi. Le plus beau dans toute cette histoire est que je ne joue plus la comédie comme au temps de mon secondaire.

En conclusion

Je joue le rôle que la vie m'a attribué à la naissance et je suis heureuse de dire que si je n'entends pas les applaudissements des autres, j'entends les miens. Et croyez-moi quand je l'écris, j'applaudis.

J'applaudis toutes ces fois où, la peur au ventre, j'ai quand même foncé. Pour toutes ces fois où, bien que ma peur se faisait si puissante et que je voulais tout laisser tomber, ma confiance grandissait, au fur et à mesure que le mur que j'avais dressé entre le monde et moi disparaissait.

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