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La mort lui va si bien

Je me console en me disant que si je n’ai jamais réussi à avoir autant de style durant ma vie, j’espère me vêtir comme elle à la toute fin, pour partir en ayant le vêtement adéquat.
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Cette petite veste noire, tout-aller, se fond au gré des modes qu’elle enfile aux yeux de tous, ébahis de voir à quel point la mort lui va si bien.
Ascent/PKS Media Inc. via Getty Images
Cette petite veste noire, tout-aller, se fond au gré des modes qu’elle enfile aux yeux de tous, ébahis de voir à quel point la mort lui va si bien.

Dans sa garde-robe, il y a des blouses, des pantalons, des robes, des crinolines et la mort qu'elle porte comme un petit veston — petit, car elle est toute menue — chaque jour, depuis des années déjà.

Cette petite veste noire, tout-aller, se fond au gré des modes qu'elle enfile aux yeux de tous, ébahis de voir à quel point la mort lui va si bien.

Le dernier cri en matière de cancer, elle le connaît pour l'avoir crié souvent. Mais voilà, tout le monde veut la prendre comme exemple, mais personne ne veut la suivre, tellement elle est indisciplinée face à cette mort en ajoutant des jupons de couleurs qui lui frôlent la peau.

Comment y arrive-t-elle? Se relever la tête, se redresser et nous envoyer un «salut» bien senti, toute vêtue de sa fin de vie qu'elle est.

J'ai longtemps hésité avant de vous entretenir de son style et de sa prestance, car je ne voulais pas qu'on y voie là une tentative de pub «façon méchante» et encore moins un essai pour bâtir sur sa misère qu'elle porte comme un manteau dernier cri.

Je décide de taire son nom en ne me servant que du «J», puisqu'il fait penser au jour durant la nuit, une robe qu'on porte avec panache.

Je décide alors de taire son nom en ne me servant que du «J», son premier paraphe, puisqu'il fait penser au jour durant la nuit, une robe qu'on porte avec panache. Elle le fait. Elle la porte avec ce panache qu'elle nous avait promis il y a quelques mois, en parlant de sa fin inévitable.

Je choisis d'écrire, non pas seulement sur son style vestimentaire des derniers jours qu'elle vit, mais bien sur son message le plus beau, le plus profond et le plus simple qui soit.

Le message le plus simple qui soit

S'aimer. S'aimer en jeans troués et délavés, s'aimer en robe de soirée, s'aimer en peignoir tout doux et satiné, s'aimer coûte que coûte comme une mission de vie qu'on doit accomplir avant de s'en aller.

J'opte pour l'amour de soi, qu'elle tente de me vendre depuis des années. Sur les réseaux sociaux, et ce tout à fait gratuitement, elle le fait pour vous aussi. Il n'y a qu'à s'asseoir et voir. Il n'y a qu'à écouter son discours pour comprendre que le fameux veston noir qu'elle porte avec tout, fait à tout le monde et ce, peu importe qui nous sommes.

Ce petit bout de tissu de la mort, nous avons tous le choix de le porter ou non.

Ce petit bout de tissu de la mort, nous avons tous le choix de le porter ou non. Des fins, on en vit à la pelle et quoi de mieux qu'un vêtement qui nous sied bien pour les vivre?

Je regarde passer son défilé et j'en conclus que, puisqu'un trépas est accessible à tous et qu'on le portera tous un jour ou l'autre, aussi bien porter aussi ce vêtement de la manière qu'elle le porte, elle, car c'est là la plus belle façon de mourir qui soit.

La mort se fait peut-être laide et cruelle certains jours, mais jamais, elle ne l'a porté froissée devant nos yeux.

La mort se fait peut-être laide et cruelle certains jours, mais jamais, elle ne l'a portée froissée devant nos yeux. Toujours bien mise et coquette, cette amie que j'affectionne particulièrement n'a de cesse de nous inspirer par son attitude face à la vie elle-même qui est indémodable, si vous voulez avoir mon avis.

À J, je donne la palme d'or du style et elle a toute mon admiration puisqu'un rien l'habille, vraiment. Je me console en me disant que si je n'ai jamais réussi à avoir autant de style durant ma vie, j'espère me vêtir comme elle à la toute fin, pas juste pour être in, mais aussi pour partir en ayant le vêtement adéquat.

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