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Le diagnostic est tombé: je suis Asperger

L’autisme est entré dans ma vie tout doucement, en discutant avec des gens qui le vivent avec fierté.
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Contrairement à certaines personnes qui semblent anéanties parce que je suis Asperger, je suis soulagée à l’extrême. Ma confiance et mon estime de moi ont fait un bond énorme vers le positif.
SrdjanPav via Getty Images
Contrairement à certaines personnes qui semblent anéanties parce que je suis Asperger, je suis soulagée à l’extrême. Ma confiance et mon estime de moi ont fait un bond énorme vers le positif.

Hier, j'ai revu le Dr en psychologie qui m'a évaluée pour une possibilité de diagnostic d'autisme. J'entends encore ces mots résonner en moi: «les tests diagnostiques confirment le syndrome d'Asperger chez vous».

Oui, je suis une personne autiste et, plus précisément, Asperger. Je pèse mes mots puisque le monde de l'autisme, bien qu'il ne me soit pas étranger, m'est encore inconnu sous bien des aspects et je ne voudrais pas, par mes expressions, contribuer à donner un sens péjoratif à ce que beaucoup de monde vit... à ce que je vis aussi.

Je suis donc une femme de 49 ans avec ses rêves et ses ambitions, ses projets et ses réalisations qui est aussi une autiste Asperger.

L'autisme est entré dans ma vie tout doucement. D'abord par les réponses que me donnait une cousine à mes nombreuses questions. Ensuite, en discutant avec des gens qui vivent leur autisme avec fierté.

Parce qu'on a toujours plus de facilité à voir les autres que soi-même, ces rencontres avaient éveillé des soupçons en moi concernant mon fils Dominik. Il m'a fallu bien du temps pour lui faire part de tout ça. J'avais très peur de la réaction qu'il aurait quand je lui dirais que je croyais qu'il était peut-être autiste.

Sa réaction m'a pourtant agréablement surprise, puisqu'il a immédiatement demandé à être évalué pour en avoir le cœur net. Il se savait différent et avait besoin de savoir...

Nous avons su le 4 janvier 2018 qu'il était autiste, plus précisément de type Asperger, ainsi qu'un trouble d'anxiété généralisée. Là encore, j'appréhendais sa réaction. Je croyais qu'il allait être découragé un maximum. Mais il n'en fut rien.

Contrairement à ce que la peur me chuchotait à l'oreille, Dominik était heureux d'avoir enfin une réponse et, depuis un an, donc depuis l'annonce de ce diagnostic, il a évolué à la vitesse grand V.

Un an plus tard, presque jour pour jour, c'est moi qui recevais le même diagnostic. Et je suis à même de comprendre tout ce qu'il a pu ressentir ou vivre lorsqu'on lui a parlé d'autisme de haut niveau.

Toute ma vie, j'ai souffert. J'essayais d'entrer dans un moule social que je croyais être le même pour tous, à défaut de quoi on était nuls. Alors, je me suis sentie nulle la plupart du temps dans ma vie et en vieillissant, cela allait en empirant.

Je n'avais plus aucune estime de moi, je me sentais dépressive et je ne m'aimais pas. Vu de l'extérieur, personne ne pouvait se douter de tous les drames qui se jouaient en moi. On ne pouvait se douter, par exemple, que le fait de me sentir inadéquate en situation sociale m'était devenu de plus en plus pénible.

Et ce n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres! Rencontrer des gens et socialiser avec eux était devenu difficiles. Avant, je devais avoir plus d'énergie que maintenant, j'arrivais à «jouer un rôle» d'imitation. J'imitais ainsi les autres et je passais inaperçue, la plupart du temps.

L'Asperger, en pratique

Pour que vous compreniez bien ce que je tente de vous expliquer, je vais décortiquer une nouvelle rencontre, je vais la disséquer à partir de mon point de vue.

Lorsque je rencontre une nouvelle personne, je dois me concentrer pour la regarder suffisamment dans les yeux, alors je dose. Je suis consciente de doser. Je dois sourire, même si ce n'est pas toujours naturel pour moi de le faire. Je dois réfréner mes impulsions et ne pas dire n'importe quoi, n'importe comment et n'importe où dans la conversation. Je dois accepter le toucher de l'autre lors d'un serrement de main ou d'une bise amicale par exemple. Et je dois me concentrer sur ce qu'il ou elle me dit.

Une rencontre qui dure environ une heure déstabilise ma journée en fait d'énergie. Ce que les gens considèrent comme banal équivaut à une journée de travail pour moi. Et c'est pire si la rencontre a lieu dans un endroit achalandé où on peut entendre tous les autres gens parler!

Ensuite, lorsque je reviens vers ma tranquillité à la maison, ça me prendra peut-être une journée entière pour m'en remettre. Mais ça, c'est quand ça se passe dans les bonnes conditions... quand les circonstances de mon environnement jouent en ma faveur.

Ma quête identitaire

Les réponses par rapport à mon identité, que j'ai trouvées aujourd'hui dans le rapport d'évaluation sur mon autisme qu'on m'a remis, me permettent de mettre un nom sur un certain trouble et ainsi mieux me comprendre.

Contrairement à certaines personnes qui semblent anéanties parce que je suis Asperger, je suis soulagée à l'extrême. Ma confiance et mon estime de moi ont fait un bond énorme vers le positif.

Je me dis que si j'ai accompli tout ce que j'ai accompli dans ma vie en ne sachant rien au sujet de l'autisme, j'accomplirai de merveilleuses choses en étant au courant de cet aspect de moi-même et sans souffrir pour autant.

Ma vie n'est pas pavée de roses et c'est à coup de claques au visage que je me suis rendue là où je suis actuellement. Faire comme tout le monde peut être très souffrant, effectivement, surtout lorsqu'on est plein de différences notoires.

C'est avec la joie au cœur que j'entame donc cette deuxième partie de ma vie. Je ne me sens plus coupable de tout, ce qui fait un changement énorme dans tout ce que je vis. En fait, je me trouve plutôt bonne et j'envisage cette seconde partie de vie comme étant remplie de beaux défis à relever plutôt que des embûches à surmonter.

Je suis Josée, je suis autiste. Je le dis haut et fort et je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant!

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