Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Assez de livres? Trop d'Yves Bolduc!

Monsieur le ministre de l'Éducation, avez-vous vraiment réfléchi avant de dire cela? Avez-vous tourné votre langue sept fois? En fait, j'espère que non.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Quelques jours à peine avant la rentrée des classes, on apprenait par les médias que les budgets des bibliothèques scolaires pour l'achat de nouveaux livres étaient réduits, en raison des compressions budgétaires du gouvernement Couillard. Peu de temps après, le ministre de l'Éducation Yves Bolduc, dans un élan de sagesse, affirmait ceci: «Il n'y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s'empêcher de lire, parce qu'il existe déjà des livres [dans les bibliothèques]. [...] J'aime mieux qu'elles achètent moins de livres. Nos bibliothèques sont déjà bien équipées». Pardon? Ai-je bien lu?

Tout d'abord, j'ai l'impression que le ministre Bolduc n'a pas mis les pieds dans la bibliothèque d'une école publique depuis des lustres. Comment peut-il affirmer cela, alors que les livres neufs et les nouveaux ouvrages se font de plus en plus rares dans nos institutions d'enseignement? Il ne dirait plus la même chose après une visite de plusieurs écoles, notamment en région. Les bibliothèques scolaires manquaient déjà de ressources, et voilà qu'on vient encore appauvrir un pilier de l'éducation de nos enfants.

Et c'est d'ailleurs là le problème selon moi. Après seulement quelques mois à la tête du deuxième ministère le plus important en termes de budget, Yves Bolduc a su démontrer sa vision simpliste de l'éducation au Québec. Il ne reconnaît pas, comme bien des libéraux d'ailleurs, l'importance et le rôle de la culture dans la formation de la jeunesse québécoise. Rappelez-vous la proposition des jeunes libéraux, au début du mois d'août: fermer les cégeps et les transformer en «grandes écoles de métiers», mettant ainsi de côté la culture et la formation générale au profit de l'économie et des entreprises. Les bibliothèques scolaires sont très importantes pour le développement culturel des élèves, et sabrer dans leur budget ne fait que créer d'autres problèmes. Une bibliothèque qui ne s'approvisionne plus en nouveaux livres deviendra vite dépassée. Les jeunes iront de moins en moins, car ils n'y trouveront plus les nouveaux best-sellers, ce qui alimentera le cercle vicieux.

Bien sûr, les commissions scolaires et le ministère de l'Éducation en général doivent réduire leurs dépenses. Mais c'est une question d'équité et de bon sens. Et en plus de couper à la base de la culture dans nos écoles, le ministre Bolduc vient affirmer qu'il y a assez de livres sur les étagères et que ce n'est pas tellement grave s'il y a moins de livres neufs dans les prochaines années. Décidément, nous avons un ministre de l'Éducation qui aime faire les manchettes...

Et non seulement on nous dit d'un côté du conseil des ministres que les bibliothèques sont assez pleines et qu'on doit couper dans ces budgets, mais de l'autre côté, la ministre de la Culture et des Communications, Hélène David, annonce la reconduction de l'aide financière de 19M$ aux bibliothèques publiques autonomes, afin de, dit-elle, miser sur l'amélioration de leurs collections pour que «la population québécoise [puisse] compter sur un réseau digne d'une société moderne et ouverte sur le monde». Quel message contradictoire de la part de deux ministres dont les missions sont pourtant si reliées!

Pour terminer, j'aimerais m'adresser directement au ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science. Monsieur le ministre, avez-vous vraiment réfléchi avant de dire cela? Avez-vous tourné votre langue sept fois? En fait, j'espère que non. J'espère que vous avez lancé cette déclaration sans réfléchir et que cela ne reflète pas vraiment le fond de votre pensée. Et par ailleurs, monsieur le ministre, j'aimerais savoir si vous êtes d'accord avec moi qu'aucun enfant ne mourra s'il n'y a pas de tableau blanc dans toutes les classes d'ici quelques années.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

30) Espagne

Le Top 30 des écoliers qui lisent le plus

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.