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Quand les hommes doivent se battre contre la violence qu'ils s'imposent

Le mois de novembre, s'il doit être le mois des hommes, doit être le mois des masculinités plurielles.
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C'est le temps où l'on a le droit de porter la moustache pour la santé et le bien-être des hommes. C'est aussi le temps où la journée internationale des hommes, le 19 novembre prochain, aura lieu et où l'on pourra parler des réalités masculines. En ce mois de novembre consacré aux hommes, il est important de rappeler des batailles à la fois bruyantes et silencieuses. Et là, je ne mets pas à l'avant-plan les luttes pour les droits des femmes, même si je pense qu'elles sont toujours d'actualité. On doit parler des hommes. Je parle plutôt des batailles qui ont lieu quotidiennement entre les hommes eux-mêmes et auxquelles des femmes participent souvent.

Ces batailles sont bruyantes, car elles ont lieu dans la vie de tous les jours et parce qu'elles sont profondément violentes. Silencieuses, au contraire car l'on n'en parle pas ou très peu souvent. Ces batailles, ce sont celles que mènent fréquemment des hommes et des femmes contre des individus qui ne sont pas « des vrais mâles » ou des « mâles qui sont moins mâles ». Ce sont celles menées, par exemple, par les tenants des discours sur l'extinction des hommes qui ne reconnaissent pas ou qui ne veulent pas accepter de reconnaître et de laisser aller le libre déploiement des masculinités nouvelles et multiples. Dire que les hommes sont en voie d'extinction, alors qu'ils sont aussi nombreux autour de nous, c'est dire qu'il y a de plus en plus d'hommes qui ne sont pas des « vrais mâles » et dire que ça pose problème. Ce sont aussi les batailles que mènent des individus contre les jeunes hommes qui s'enrôlent dans des métiers traditionnellement féminins comme l'enseignement, les soins infirmiers ou le travail social et qui se retrouvent à subir des violences, aussi subtiles qu'elles puissent être, de la part de leur entourage. Ce sont aussi les violences que vivent souvent nos garçons, nos ados et nos hommes, qui se sentent souvent obligés de construire leur masculinité en opposition avec tout ce qui est considéré féminin sous la peine de subir une multiplicité de sanctions du type : t'es-tu fif ? Arrête de faire ta femme. Fais un homme de toi. Mange une Snickers, t'es pas toi quand t'as faim. Ce sont ces mêmes violences qui vont parfois, assez souvent même, décourager les hommes d'effectuer les demandes d'aide dont ils ont besoin : un gars c'est tough, ça pleure pas pis ça s'arrange seul avec ses problèmes.

Ces violences, des hommes envers des hommes, sont bien réelles et font partie du quotidien de plusieurs, mais elles ne concernent pas que les hommes : elles sont souvent infligées par des femmes ou avec la participation des femmes et leurs effets ne les épargnent pas. Laisser entendre directement ou indirectement que des individus ne sont pas des vrais hommes ou qu'ils sont moins des hommes que d'autres revient souvent à dire qu'ils sont plus féminins ou qu'ils ont des conduites plus féminines. Le problème c'est souvent d'être considéré plus féminin que masculin quand on est homme, mais quel est le problème, si c'est le cas, avec le fait aujourd'hui d'être plus féminin ? À première vue, il n'y en a pas vraiment. Chacun peut et doit faire son chemin : c'est une règle. Cela a pourtant l'avantage dans certains contextes de diminuer des hommes devant d'autres, de les hiérarchiser entre eux et d'en marginaliser plus d'un. Et par conséquent, dire qu'un homme est moins masculin qu'un autre parce que ses conduites seraient plus féminines, c'est diminuer la valeur de la femme qui est forcément moindre que celle du « vrai mâle ».

Le mois de novembre, s'il doit être le mois des hommes, doit être le mois des masculinités plurielles. Et pour ce faire, les batailles et les violences qui se manifestent entre les hommes eux-mêmes, souvent avec la participation de femmes, doivent être mises à nu. Le mois de novembre peut être et doit être un mois de résistance et de lutte pour le libre déploiement des masculinités plurielles si l'on souhaite valoriser réellement le bien-être de tous les hommes et laisser place à des rapports plus égalitaires entre les hommes eux-mêmes et entre les hommes et les femmes.

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