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Les dirigeants du G8 rendront-ils des comptes à Lough Erne?

Nous appelons les dirigeants du G8 à considérer à qui ils s'adressent pendant qu'ils évoquent les questions internationales urgentes. Et c'est ce qu'en attendront des centaines de millions de personnes qui n'ont pas le luxe de profiter de vues sur lac dans un golf privé.
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Les chefs d'État du Groupe des huit (G8) vont se rencontrer dans un golf privé à Lough Erne, un endroit retiré au sud-ouest de l'Irlande du Nord. Pendant qu'ils discuteront de la façon d'aborder les défis de l'économie mondiale, la crise humanitaire en Syrie, le commerce, les impôts et d'autres questions brûlantes, on espère que les dirigeants des plus grandes puissances mondiales évoqueront aussi la manière d'améliorer le sort de ceux qui vivent dans une pauvreté extrême.

Voici trois étapes par lesquelles les chefs du G8 pourraient démarrer s'ils voulaient s'attaquer réellement à la pauvreté.

1. Aider vraiment les gens à sortir de la malnutrition

Le G8 s'appuie sur les progrès déjà accomplis pour assurer une plus grande sécurité alimentaire, comprenant une meilleure nutrition pour les populations vulnérables. Le 8 juin dernier, lors d'une conférence en amont du G8 à Londres, les représentants des gouvernements, des ONG et les organisations du secteur privé ont signé un "Pacte mondial sur la nutrition pour la croissance" ("Global Nutrition for Growth Compact"). Par cet accord, ils s'engagent à réduire le retard de croissance de 20 millions d'enfants d'ici 2020, à sauver la vie de 1,7 million d'enfants de moins de 5 ans et à intervenir en faveur de la nutrition auprès de 500 millions de femmes et d'enfants. Pour atteindre ces objectifs, le pacte engage les signataires à : faire de la nutrition une priorité politique ; favoriser l'intégration des savoirs et des innovations scientifiques dans l'action gouvernementale ; "améliorer la transparence, la surveillance mutuelle et la responsabilité dans les résultats" ; et soutenir les programmes nutritionnels dans les pays en voie de développement. Bien que l'engagement des donateurs présents à la conférence à dépenser plus de 4 milliards de dollars en cinq ans reste impressionnant, il faut des objectifs plus concrets pour mesurer les progrès.

2. Mettre en place des objectifs clairs et des procédures d'évaluation transparentes pour le G8.

Pour s'assurer que ces engagements et d'autres soient respectés, il faut des programmes d'actions efficaces et un contrôle réel, ce qui manque depuis le commencement du G8. En début de mois, le gouvernement du Royaume-Uni a diffusé le rapport de comptes annuel du G8, suivant la promesse du groupe de se montrer plus responsable et transparent à propos de son travail. Le rapport de Lough Erne du G8 constituait déjà une amélioration comparée aux anciens rapports, mais les engagements du G8 manquent toujours du type d'objectifs qu'on aimerait y voir. De son propre aveu, le rapport reconnaît que "pour faciliter le contrôle, les engagements doivent être clairs et transparents, avec des plannings précis permettant d'en mesurer les progrès". Nous encourageons vivement le G8 à inclure cette recommandation dans son communiqué et ses dirigeants à l'accepter complètement.

3. Sévir contre la corruption

Les membres du G8 doivent mettre en œuvre et renforcer les conventions internationales anti-corruption, comme la Convention des Nations unies contre la corruption (UNCAC) et la Convention de l'OCDE contre la corruption. En 2006, les chefs du G8 s'étaient engagés à ratifier l'UNCAC, mais l'Allemagne et le Japon ne l'ont toujours pas fait, et n'ont pas participé au processus d'évaluation par leurs pairs. Plusieurs nations du G8 n'ont pas non plus renforcé leurs lois contre la corruption étrangère ; le Canada, la France et le Japon ont besoin de faire plus d'efforts en ce domaine.

On estime de 20 à 40 milliards de dollars la somme prélevée illégalement chaque année aux pays en voie de développement. Ces actifs volés sont souvent cachés dans des centres financiers de pays développés. Les pays du G8 doivent récolter des informations sur les "propriétés bénéficiaires", les propriétaires effectifs des sociétés lors de leur constitution et les mettre à disposition des organismes chargés de l'application des lois. Ceci permettrait d'identifier quelle personne ou quel groupe profite des avantages de la propriété, même quand la société est officiellement à un autre nom. Ils doivent aussi renforcer la politique de "connaissance du client" pour éviter à des institutions financières de devenir des paradis sécurisés pour les recettes issues de la corruption. Les lignes directrices de cette politique comprennent des actions anti-corruption rapides.

C'est dans cet état d'esprit que nous appelons les dirigeants du G8 à considérer à qui ils s'adressent pendant qu'ils évoquent les questions internationales urgentes. Et c'est ce qu'en attendront des centaines de millions de personnes qui n'ont pas le luxe de profiter de vues sur lac dans un golf privé.

Ce post fait partie d'une série produite par le Huffington post et de l'Alliance d'ONG InterAction autour du sommet du G8 qui se tient les 17 et 18 juin en Irlande du Nord. Pendant 8 jours paraîtrons un post d'une ONG basée dans chacun des huit pays composant le G8 - celui-ci était celui des États-Unis - et un blog suivant le point de vue d'un pays en voie de développement. Pour voir tous les blogues (en anglais) de la série, cliquez ici. Pour plus d'informations sur InterAction, cliquez ici. Pour suivre la conversation sur Twitter: hashtag #DearG8.

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