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L'amour: Encore et toujours la grande affaire

Oui, on veut de l'érotisme et des orgasmes. Mais on veut AUSSI, désormais, du sens et de la signification. On veut des baisers, cette caresse en voie de disparition, ce chuchotement de mots d'amour dans la bouche de l'autre.
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De la révolution sexuelle à la régression érotique via le triomphalisme porno, une chose n'a pas changé : l'amour est toujours la grande affaire.

Quête suprême, attente languissante, recherche active ou désoeuvrée? Même ses détracteurs l'espèrent secrètement. Comment je le sais? Ils me l'ont dit.

Du sexe fantasmatique à l'amour allégorique

Il y a quelques décennies, un clignement de paupière dans l'histoire, nous infusions dans des embruns amoureux, sucrés, éclaboussés de bleu pastel et de rose bonbon. Les fantasmes sexuels que nous appelions pensées cochonnes peuplaient notre cinéma érotique intérieur. En permanence, elle avait le « bas du corps » engorgé et lui, des serrements de couilles. Ils trempaient dans leurs fluides corporels...

Ils étaient fous et folles d'amour et fantasmaient de galipettes voluptueuses. Et interdites.

Aujourd'hui, nous macérons dans une soupe à l'alphabet mono-lettre: le X. Épaisse, bien grasse, épicée, couleur peau, et puis non, couleur fesses. Le cinéma érotique intérieur a fait sa valise puisque chattes, queues, anus et bouches trayeuses popent up à l'infini sur les écrans magiques... Férus en cul, ils fantasment de transports amoureux. Et mystérieux.

De l'orgasme tabou à l'orgasme totem

C'est comme si, trop pressés de nous affranchir, nous avions filé tout droit, enjambant la joyeuse station du désir et du plaisir au profit du relâchement et de l'assouvissement immédiat.

Sans cette étape pourtant, le sexe ne résonne jamais à l'intérieur, les pupilles n'ont pas même le temps de se dilater de convoitise. On a escamoté l'attente, cette délicieuse suspension permettant aux amants d'avancer, émus, à la rencontre l'un de l'autre, affamés d'étonnement et d'insaisissable, entiers, plutôt que brandissant des bouts de corps concaves ou convexes, pressés de s'emboîter, d'aboutir, d'en finir.

Si l'industrie qui a le plus attiré en 2011 fut l'industrie de l'orgasme tonitruant et clinquant, le rêve le plus partagé fut, incontestablement, le rêve d'amour. De cet amour que l'on perçoit désormais non pas comme une obligation, non pas comme une nécessité, mais comme une valeur qui vient insuffler du sens et de la saveur, aux gestes, aux actes, et même à la vie.

Où en sommes-nous?

Chaque jour, des hommes, jeunes, amoureux de leur chérie, me confient être incapable de performer sexuellement s'ils ne se démarrent pas avec du porn.

D'autres fonctionnent au max sur le plan mécanique sans éprouver la moindre satisfaction humaine de leur gymnastique génitale. De jeunes filles se demandent c'est quoi « désirer ». Des femmes, réputées sacrées baiseuses, feignent l'orgasme à grand renfort de trompettes pour éviter au mec qui s'échine une fracture du moi...

Ces désillusions, confusions, insatisfactions et dysfonctions me font croire que nous approchons d'un carrefour, d'un tournant vers un changement de paradigme.

Le grand soulèvement amoureux?

Le couple hétérosexuel, la cellule familiale, la vie commune, l'union à la vie à la mort, ne sont plus les seuls modèles. Mais l'amour reste la grande affaire.

Oui, on veut de l'érotisme et des orgasmes. Mais on veut AUSSI, désormais, du sens et de la signification. On veut des baisers, cette caresse en voie de disparition, ce chuchotement de mots d'amour dans la bouche de l'autre. On veut du lien. Du lien érotique ET amoureux.

Peut-être devrons-nous, pour accéder à cette alliance, refaire nos classes. Car l'amour, on le craint autant qu'on le souhaite. Il force à se distancier de son propre égo, il exige l'admiration, cet ingrédient-clé d'une relation capable de traverser le temps. Il entraine derrière le miroir, plus loin que le reflet de soi-même auquel nos univers si individualistes nous ont scotchés.

Si on parvenait à syntoniser la fréquence « amour » sur les ondes tumultueuses de nos vies, comme on syntonise un poste de radio, on aurait fait un pas. On serait sur le point d'inventer le sexe relationnel, le sexe affectueux, voire le sexe amoureux.

Qu'est-ce qui me permet d'écrire que l'amour est toujours la grande affaire? Je le vois, je l'entends, je le constate, je le lis, je le sens, je le renifle chez tous les hommes et toutes les femmes, jeunes et moins jeunes.

Après la révolution sexuelle et la régression érotique, pourquoi pas le grand soulèvement amoureux?

Pour poursuivre réflexion sur le sujet:

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