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2012 sur terre: Viols sordides de jeunes filles douces...

J'avoue ici que c'est le sort abject de la «fille de l'Inde», mentionné au début, qui m'a forcé à écrire ce billet. Cette épouvantable histoire m'a rappelé un souvenir atroce: une adolescente qui a croisé ma route il y a environ 25 ans. Elle avait été, elle aussi, violée par une dizaine d'hommes et littéralement martyrisée.
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An Indian schoolgirl holds a placard during a prayer ceremony to mourn the death of a 23-year-old gang rape victim, at a school in Ahmadabad, India, Saturday, Dec. 29, 2012. Shocked Indians on Saturday were mourning the death of the woman who was gang-raped and beaten on a bus in New Delhi nearly two weeks ago in an ordeal that galvanized people to demand greater protection for women from sexual violence. (AP Photo/Ajit Solanki)
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An Indian schoolgirl holds a placard during a prayer ceremony to mourn the death of a 23-year-old gang rape victim, at a school in Ahmadabad, India, Saturday, Dec. 29, 2012. Shocked Indians on Saturday were mourning the death of the woman who was gang-raped and beaten on a bus in New Delhi nearly two weeks ago in an ordeal that galvanized people to demand greater protection for women from sexual violence. (AP Photo/Ajit Solanki)

C'est la période des fêtes. Je fais le pont vers 2013 dans la nature neigeuse et sublime. Ici, tout est paix, lumière, calme et volupté. Difficile d'être complètement sereine, de voir la vie en rose à l'orée de ce nouvel an.

Je suis habitée d'un sentiment glauque, qui m'a peu quittée ces dernières semaines: les femmes sont bien malmenées dans le monde. J'essaie de me convaincre que c'est parce qu'on le sait davantage aujourd'hui. Je me fais violence, me force à espérer que dans l'ensemble le sort de mes semblables s'améliore. Ma tristesse est opaque.

Ici, nous combattons pour l'égalité. Dans les pays en guerre, les femmes prient pour ne pas être violées, torturées, battues, tuées.

Dans d'autres pays, pas même en guerre, des femmes, jeunes et moins jeunes, tremblent pour leur survie. Ces derniers mois ont rempli notre bas de Noël des horreurs subies par les femmes.

Les femmes l'Inde

Voici que New Delhi, capitale d'un pays réputé pour être zen, est proclamée «capitale du viol». Oui, dans cette contrée peace and love célébrée par les Beatles, dans cette terre ayant accouché de Ghandi, plus de 50% de la population est d'accord avec les violences faites aux femmes.

En ce moment, malgré l'interdiction officielle de la police et du gouvernement, l'Inde manifeste. Un mouvement de défense à l'endroit des femmes est en train de sourdre. Enfin!!

C'est le viol, à mort, d'une étudiante de 23 ans, qui a fait déborder le vase de l'indignation et déclenché ce début de révolte. Le 16 décembre dernier, au fond d'un bus, elle a été battue et violée par six hommes avec une barre de fer rouillée. Personne n'a tenté d'arrêter le massacre. Celle qu'on a appelée «la fille de l'Inde» est morte il y a quelques jours.

Le 26 décembre, une autre jeune fille de 17 ans s'était suicidée en avalant du poison. L'adolescente avait, elle aussi, subi un viol collectif lors d'une fête publique en Inde. On dit qu'elle a tout essayé pour faire enregistrer sa plainte, mais les policiers n'ont pas ouvert d'enquête et ont tenté de la convaincre de retirer sa plainte et d'épouser un de ses violeurs. Selon la sœur de la victime, la police a exercé des pressions insurmontables sur la victime.

Les femmes d'Égypte

En 2012, la réalité a dépassé la fiction et les viols collectifs se sont multipliés sur la place Tahrir au Caire. L'agression suit presque toujours le même parcours : une femme, Égyptienne ou non, voilée ou pas, vers la fin de l'après-midi. Journaliste parfois, souvent militante. Elle traverse la foule compacte en compagnie de camarades ou collègues. Soudain, tout bascule. En quelques secondes, le bain de foule tourne au viol collectif. D'innombrables mains se jettent brusquement sur son corps. La femme réalise alors qu'elle est encerclée par des dizaines d'hommes qui la séparent de force de son groupe.

Projetée par terre, elle voit ses habits arrachés, sent des doigts forcer leur chemin en elle malgré ses hurlements de terreur. Une meute d'hommes se bousculent en hurlant, tendent leurs bras pour la toucher. Certains s'interposent pour la protéger. En vain.

Les femmes d'Israël

Un débat national est sur le point de naître en Israël où la ségrégation des femmes dans l'espace public s'intensifie. Celles-ci n'osent plus traverser certaines banlieues (Beit Shemesh).Elles se font cracher dessus, arrêter par la police, déshabiller, fouiller brutalement, à nu, et emprisonner tel des terroristes. Pourquoi ? Parce qu'elles chantent et prient à voix haute, ce qui constitue un crime aux yeux des barbus ultraorthodoxes dirigeant la Fondation pour le Mur des Lamentations.

Obsédés par la souillure féminine, les intégristes ont statué que les voix trop mélodieuses de ces «prostituées provocatrices» déclenchaient des ondes d'impureté.

Les femmes occidentales aussi

Si vous n'avez pas suivi l'histoire de Nina et d'Aurélie, qui a bouleversé la France, permettez que je vous en glisse un mot. Pendant des mois, les deux jeunes femmes furent victimes de viols collectifs et de brutalité immondes, en 1999, à Fontenay-sous-Bois. Elles sont sorties du silence cette année, le temps d'un procès surréaliste. Devant leurs bourreaux et violeurs, enfin, «présumés violeurs» insultants, agressifs et arrogants, elles ont tenu bon. Aujourd'hui, leur combat est devenu celui de toutes les femmes victimes de viol.

J'avoue ici que c'est le sort abject de la «fille de l'Inde», mentionné au début, qui m'a forcé à écrire ce billet. Cette épouvantable histoire m'a rappelé un souvenir atroce: une adolescente qui a croisé ma route il y a environ 25 ans. Elle avait été, elle aussi, violée par une dizaine d'hommes et littéralement martyrisée. Ils l'avaient pénétrée avec un cric de voiture, avaient éteint leurs cigarettes sur elle. Mais elle, elle avait survécu. Physiquement.

Je pourrais continuer longtemps. Parler du viol comme arme de guerre, de toutes ces femmes amérindiennes battues et assassinées ici même au Canada... Rappeler qu'en France, une femme est violée toutes les 8 minutes, que dans le monde, un viol survient toutes les 30 secondes... Montrer combien l'agression sexuelle et le viol collectif sont banalisés dans la pornographie largement consommée... Je me contenterai (quel drôle de mot!) d'évoquer ces quelques histoires récentes, monstrueuses et retentissantes, de violence sexuelle exercée sur les femmes.

Faut-il s'en mêler?

Oui. Toute la communauté internationale doit réagir pour contrer ces violences. Surtout, qu'on ne vienne pas me dire comme cela m'est arrivé cette semaine, que le supplice des femmes d'ailleurs «ça n'est pas de nos affaires» et «qu'il ne faut pas s'en mêler». Si on n'est pas une bête, une pierre ou une limace, l'horreur réservée aux femmes, ici et ailleurs, concerne tous les êtres humains dignes de ce nom.

Il s'en est trouvé aussi, cette dernière semaine de décembre 2012, pour suggérer la castration chimique pour les violeurs. Immanquablement, ce genre de solution me fait étouffer de rire. On peut rire aux larmes non? Alors, pourquoi ne pourrait-on pleurer de rire?

Faut-il être candide ou de mauvaise foi pour penser que le viol et la violence sont des actes de trop-plein de désir? Pour imaginer que c'est une overdose de libido qui pousse au viol? Ce qui conduit au viol, c'est le mépris et la rage de soumettre la femme. Rien d'autre.

La personne qui croit que c'est en raison de leur toute puissante testostérone que des hommes se mettent en groupe pour pénétrer une femme par tous ses orifices avec une barre de fer rouillée, est une personne gravement atteinte.

Souhaits 2013

J'ai quelques souhaits pour 2013. L'un d'eux supplante et transcende les autres. Je voudrais que les femmes et les hommes du monde entier, d'est en ouest et du nord au sud, se lèvent et se solidarisent pour dénoncer et combattre les mauvais traitements dont sont victimes nos sœurs, nos mères, nos filles.

Je voudrais que partout au monde on cesse de mépriser, insulter, brutaliser, violer et tuer les femmes.

Vous me pardonnerez, j'espère, de vous avoir volé des minutes de vacances festives par un récit triste et long, par ce moment de réflexion et d'appel à la solidarité humaine.

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