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Oui à un congrès de refondation des forces indépendantistes

Je salue la proposition de Jean-Martin Aussant de tenir un congrès de refondation des forces indépendantistes. C'est un appel lancé autant aux membres d'Option nationale, à ceux de Québec solidaire ou du Parti québécois. Nous sommes capables d'effacer l'ardoise et de nous remettre à travailler ensemble.
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J'aimerais faire écho à la lettre publiée hier par Jean-Martin Aussant.

Je souscris entièrement à sa proposition de convoquer un congrès inclusif et ouvert de refondation des forces indépendantistes. Sa lecture de la situation actuelle témoigne de la grande acuité de sa vision sur notre politique et sur notre destin. Il a mis le doigt sur ce que le mouvement indépendantiste doit faire impérativement : se recomposer en puissance politique.

Le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), que j'ai dirigé de 2011 à 2013, a tenté cette voie via le Front Uni et ensuite le Congrès de Convergence nationale. Cependant, il était sans doute trop tôt pour faire de telles demandes. L'intérêt des citoyens y était et celui d'environ 60 % des membres de chacun des partis politiques souverainistes aussi, comme en faisait foi un sondage publié dans Le Devoir en juin 2013. L'intérêt des partis n'était tout simplement pas au rendez-vous.

Avant d'arriver à la convergence de toutes nos forces, il y a un préalable. Si nous continuons à mettre l'indépendance sous le boisseau à la façon des « naufrageurs» qu'évoque Aussant, nous n'arriverons certainement pas à recomposer notre puissance et à retrouver les ailes qui nous portaient il n'y a pas encore si longtemps.

Nic Payne avait cette semaine une intéressante réflexion que je résume ici. Que diraient les membres de QS si leurs leaders leur proposaient de ne mettre en place des politiques de gauche qu'en 2023 ou de gouverner au centre-centre-droit lors d'un premier mandat? Que diraient les membres du Parti vert si leur parti proposait de s'occuper d'environnement qu'au «moment jugé opportun» ou qu'il tolérait la pollution pendant qu'il se satisfait de faire de la «pédagogie» environnementale? Que diraient les membres du PLQ et de la CAQ si leurs partis proposaient de ne promouvoir le maintien du Québec dans le Canada qu'en cas de conditions gagnantes?

Pour paraphraser Bourgault, si on pense en termes de «pouvoir provincial», comme nous le suggèrent ces jours-ci Lisée et Drainville, nous avons déjà perdu. En revanche, si on pense en termes de «pouvoir national», nous avons énormément progressé. De 6 % en 1962, nous sommes aujourd'hui toujours près de 35 % à être indépendantistes. Croira-t-on encore à notre volonté si on fait comme durant les années Marois et qu'on continue à mettre cette idée en veilleuse ?

Pourquoi nous, indépendantistes, dont certains comme moi n'ont pas voté PQ pour la première fois de leur vie à la dernière élection, accepterions-nous de nous battre pour autre chose que l'indépendance? Comment avancerait-on en refusant d'en parler? Ou en se ménageant du temps? Ou encore en s'excusant presque de porter ce grand projet?

Notre idée a fait son chemin. Depuis 30 ans, les Québécois ont fait le tour des options politiques qui leur sont offertes. Au fédéral, nous avons donné une majorité au Québec à quatre partis politiques différents. À Québec, fédéralistes et indépendantistes se sont échangé le pouvoir, avec une percée des statuquoïstes de l'ADQ-CAQ en 2007 et 2014. Pendant tout ce temps, l'appui à l'indépendance est demeuré pourtant relativement stable.

Nos adversaires peuvent bien faire des sparages antiréférendistes et chercher à nous poser en antagonistes, rien n'y changera. L'instabilité du vote au fédéral et le maintien de l'option indépendantiste au Québec sont structurels. Ce n'est pas parce que la souveraineté-partenariat a été rejetée en 1995 que les Québécois ont dit oui au Canada. Et ce n'est pas parce que Meech a échoué ou que les Canadiens eux-mêmes ont refusé, en 1992, une ultime offre faite au Québec que les Québécois doivent accepter la résignation tranquille que le Canada leur réserve depuis. Ce n'est pas parce que le Canada mise sur notre fatigue que ce flottement cessera. Nous sommes dans une impasse politique. Il nous faut trouver un moyen de s'en affranchir. Voilà ce à quoi nous convie Jean-Martin Aussant avec l'organisation d'un grand congrès de refondation.

Depuis plusieurs années déjà - et plus particulièrement depuis l'élection des conservateurs de Stephen Harper en 2006 - force est d'admettre que le Canada s'éloigne de nous et que nous nous éloignons de lui. Nous devons admettre que, sur presque tous les enjeux, nous divergeons profondément du reste du Canada. Nous devons admettre notre mécontentement envers le statu quo. Nous devons en prendre acte et nous forger une solution par nous-mêmes et pour nous-mêmes.

Après la souveraineté-association, la souveraineté-partenariat et la gouvernance souverainiste, il n'y a d'autres solutions que de rompre avec une vision provincialiste des choses et d'aller droit au but: remettre l'indépendance, et uniquement l'indépendance, sur la table.

Comment faire ?

Pour bien des gens comme moi, la course à la chefferie au Parti québécois est l'occasion de faire ce débat nécessaire dans notre parcours. C'est pourquoi je salue la proposition de Jean-Martin Aussant de tenir un congrès de refondation des forces indépendantistes. C'est un appel lancé autant à Option nationale, à Québec solidaire au Parti québécois, qu'un appel lancé à tous les Québécois qui souhaitent un jour faire du Québec un pays. Pour ma part, j'ai décidé de me remettre humblement au travail. C'est une main tendue qu'il faut saisir sans tarder pour la réussite de notre projet commun.

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