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Une coalition entre ON, QS et le PQ mettrait l'indépendance au cœur de sa motivation politique et peut tout autant battre les libéraux, sans que ces partis ne renient leurs principes fondateurs.
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Avant que la CAQ devienne nationaliste, j'entendais souvent dire qu'Option nationale, Québec solidaire et le Parti québécois devraient coaliser les forces indépendantistes. Aujourd'hui, Stéphane Gobeil s'est joint à la CAQ et l'actualité parle d'un ralliement des nationalistes. Ces coalitions étant forts différentes dans leur fondement, il faut s'interroger sur leur but respectif avant d'en préférer l'une à l'autre.

Selon ce qu'écrit Gobeil dans son blogue Gobeillades, une coalition nationaliste PQ-CAQ serait basée sur une volonté de battre les libéraux aux élections de 2018. La CAQ proposant une réforme du fédéralisme, une coalition avec le PQ signifie que ce dernier abandonnera encore une fois la raison même de sa fondation: la réalisation de l'indépendance du Québec. Ce sera la continuité de l'habituelle «gouvernance souverainiste» à laquelle il s'accroche depuis 20 ans, à la seule différence de son nom: «gouvernance nationaliste». Or, cette proposition politique n'a jamais donné de résultats. Alors qu'avec l'élection de Pierre-Karl Péladeau il y avait un espoir de voir le PQ prendre l'engagement de réaliser l'indépendance, une éventuelle coalition PQ-CAQ le fera clairement disparaitre.

Cette coalition signifie qu'entre le moment de sa prise du pouvoir majoritaire en 2018 et la fin de son mandat en 2022, aucune action ne sera prise pour favoriser la fondation de la république du Québec. Il en sera ainsi tant et aussi longtemps que la coalition sera en place. Si le PQ accepte de s'allier avec la CAQ, il s'agira donc de son abdication face à sa mission première. L'aspiration de ce parti sera de gouverner une province dans un pays qui n'est pas le nôtre. Les fondements du PQ s'en trouveront réduit en miettes uniquement pour battre les libéraux en 2018. Ce coût semble très élevé.

À l'inverse, une coalition entre ON, QS et le PQ qui mettrait l'indépendance au cœur de sa motivation politique peut tout autant battre les libéraux, sans que ces partis ne renient leurs principes fondateurs. Dès sa mise en place, des actions concertées de promotion de l'indépendance pourront voir le jour. Un parti politique convainc les citoyens lorsqu'il explique clairement son programme. En assumant leur raison d'être et en expliquant les bienfaits de leur option, les indépendantistes persuaderont plus de citoyens, avant et pendant les élections de 2018, augmentant d'autant leurs chances de prendre le pouvoir.

Sachant que les appuis à l'indépendance avoisinent toujours les 40% dans les sondages, c'est une part importante de la population qui risque de voter pour une coalition ON-PQ-QS. Il faut ensuite additionner à ce chiffre les indécis et les fédéralistes qui seront convaincus dans les deux prochaines années. Au final, chacun des votes que recevra la coalition ne sera pas seulement un vote pour défaire les libéraux, mais bien pour élire un gouvernement indépendantiste et une consolidation des futurs appuis du Oui. Une coalition ON-PQ-QS peut donc réussir à prendre le pouvoir, à la condition que l'indépendance du Québec soit la pierre d'assise de ses actions politiques.

De plus, il faut considérer l'impact de la polarisation politique, le phénomène selon lequel les électeurs préfèrent des partis qui ont des positions plus tranchées, au détriment des partis aux positions plus nuancées. Actuellement, si ON, le PQ et QS opposent un indépendantisme décomplexé et assumé au fédéralisme très affirmé du PLQ de Couillard, le vote des citoyens s'en trouvera polariser de facto. La CAQ, avec sa position nationaliste, donc plus nuancée, se retrouvera en position difficile et ses électeurs devront faire un choix: laisser au pouvoir un PLQ austère et fédéraliste ou transformer leur nationalisme en indépendantisme. Le nationalisme étant beaucoup plus près de l'indépendantisme, la coalition QS-ON-PQ risque fort d'attirer encore plus de votes et d'en être doublement gagnante.

Évidemment, pour chacune des coalitions, il n'y a aucune garantie de réussite en 2018. Par contre, je crois et qu'il y a plus de chance avec une coalition indépendantiste. De plus, je préfère un succès qui nous rapprochera de la république du Québec qu'un succès qui nous empêcherait d'avancer, donc qui serait, à toute fin indépendantiste, inutile. Voilà pourquoi je travaille à ce qu'une coalition ON-PQ-QS voit le jour. Et que j'espère que l'idée de Gobeil échouera lamentablement.

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