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Le Bloc québécois: nécessaire ou inutile?

Lorsqu'il y aura un troisième référendum, pour chaque député du Bloc qui sera élu à ce moment, il y aura un député fédéraliste de moins.
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À quoi sert-il d'envoyer des députés indépendantistes à Ottawa ? Depuis longtemps la question est posée. L'indépendance ne pouvant se faire à Ottawa, plusieurs ont conclu qu'il est inutile de se consacrer au Bloc. Pendant plusieurs années, j'ai moi-même cru que son existence était une perte d'énergie, de temps et un éparpillement de nos forces. Bref, qu'il aurait mieux valu s'investir uniquement sur la scène provinciale. Avec le temps toutefois, ma position s'est modifiée. Voici pourquoi.

Premièrement, comme l'écrit Pierre-Alain Hoh dans un de ses billets (disponible ici ) l'argent qui sert à payer les députés québécois et leur équipe est de l'argent qui provient du Québec, via les 50 milliards de dollars que les Québécois envoient annuellement à Ottawa. Il ne nous serait d'aucune utilité de laisser notre argent à des députés fédéralistes. Nul besoin de rappeler que ces partis, désirant obtenir une majorité, font très souvent passer les intérêts du Québec en deuxième. Cela est tout à fait normal, car, en démocratie, les minorités passent presque toujours en deuxième. C'est encore plus réel dans le cas du Québec, car le Québec bashing est politiquement payant dans le Rest of Canada (ROC). À l'inverse, les partis fédéraux qui sont « généreux » (comprendre ici qu'ils traitent le Québec comme étant un peuple fondateur et non comme une minorité) sont souvent sanctionnés par l'électorat du ROC.

Deuxièmement, il ne s'agit pas seulement de rémunérer des indépendantistes. Il s'agit aussi d'avoir des gens à Ottawa qui sont au courant des dossiers, qui connaissent les détails des décisions prises et qui suivent les dossiers de près. Ainsi, ils forment la première ligne de défense contre les intrusions fédérales dans nos compétences et ils sont les mieux placés pour dénoncer les décisions qui désavantagent le Québec dès qu'elles sont adoptées. De plus, le Bloc détient une crédibilité médiatique qui doit être utilisée. En effet, il est important qu'il y ait un contrepoids lorsque les partis fédéralistes font la promotion d'éléments qui vont à l'encontre des intérêts du Québec, ce qui se produit souvent. Si ce contrepoids n'est plus présent, l'opinion publique ne recevra qu'une partie de l'information et risque d'en être biaisée.

Troisièmement, chaque député, qu'importe son allégeance, détient une « machine » fonctionnelle, organisée et bourrée de militants. Lorsqu'il y aura un troisième référendum, pour chaque député du Bloc qui sera élu à ce moment, il y aura un député fédéraliste de moins. C'est majeur, car plus il y aura de députés indépendantistes, plus nous aurons de ces « machines » prêtes à mettre la main à la pâte et moins les fédéralistes en auront. Chaque député supplémentaire permet d'avoir une plus grande présence sur le terrain pour faire la promotion et la pédagogie de l'indépendance durant la période référendaire. Il s'agit d'un atout majeur qui nous permettra de convaincre plus de gens du bien fondé de notre projet de société. À l'inverse, plus les fédéralistes auront de députés québécois, plus ils auront de gens sur le terrain pour faire la promotion du fédéralisme.

Parlant de promotion de l'indépendance, celle-ci constitue le quatrième élément de cette réflexion. Comme le disait Jacques Parizeau, elle doit être faite avant, pendant et après les élections. Bref en tout temps et pas seulement durant une période référendaire. Il faut convaincre dès maintenant la population que notre projet est la voie à suivre pour que le Québec ait la possibilité de développer son plein potentiel. Option nationale a d'ailleurs recommencé ce travail de tous les moments, notamment durant les compagnes électorales (voir cet exemple, celui-là ou encore celui-ci). Certes, il ne s'agit pas d'un processus aisé. C'est une démarche qui est ardue et qui prend du temps. Personne ne devient indépendantiste en claquant des doigts, du moins, pas à ce que je sache. C'est à force de recevoir différents arguments qu'un processus de questionnement se met en place et, qu'éventuellement, il est possible d'en venir à la conclusion que la voie à prendre est celle de l'indépendance. C'est pourquoi les indépendantistes doivent se remettre à faire de la pédagogie en tout temps. De plus, chaque personne convaincue dès maintenant en sera une de moins à convaincre en période référendaire et un de plus qui militera en faveur du oui pour convaincre d'autres Québécois.

Cinquièmement, j'ai longtemps considéré que le Bloc était une « succursale » du PQ. D'ailleurs, la position de l'ancien chef du BQ, Daniel Paillé, allait dans ce sens (disponible ici). Toutefois l'élection de Mario Beaulieu à la tête du Bloc a changé la donne. M. Beaulieu donne au Bloc la chance d'être le parti de tous les souverainistes, indépendantistes ou séparatistes, qu'importe le qualificatif que vous utilisez. Depuis plusieurs années, les commentaires que j'entends concernant les indépendantistes sont très similaires. Ils ressemblent tous à « il faut que les indépendantistes travaillent ensemble dans un seul parti politique ». C'est maintenant possible. L'élection fédérale de 2015 est la chance de tenter un rapprochement des forces souverainistes. Formulée autrement, l'élection fédérale de 2015 constitue pour tous les indépendantistes le premier vrai test de leur détermination à atteindre leur objectif commun, malgré les dissensions internes. Il est possible de retrouver le ciment de la grande coalition des indépendantistes si nous le voulons vraiment. Serons-nous capables de mettre de côté notre partisanerie provinciale pour mettre la cause de l'avant ? J'espère que oui, car si ce n'est pas le cas, nous risquons de ne jamais parvenir à faire de même sur la scène provinciale et, si nous désirons que cela se produise, nous devons réussir le test des élections fédérales de 2015.

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