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Professeurs complices; lâcheté institutionnalisée

On y revient inconditionnellement. À ce pouvoir syndical qui étouffe et tue. À cette société dubâtie sur des clauses qui ne servent qu'à protéger les arrières de ceux qui utilisent nos institutions à des fins idéologiques et qui sont pourtant payés généreusement pour éduquer, soigner et assurer la dignité de tous par temps plus difficiles.
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Si nous vivions vraiment dans une société qui valorise l'enseignement, qui comprend que l'éducation est une des pièces maîtresses dans la réalisation du plein potentiel d'un individu, si nous vivions dans une société qui défend l'étudiant qui veut se donner les moyens d'être plus libre, épanoui et autonome, d'offrir une meilleure qualité de vie à sa famille, eh bien, cette même société serait scandalisée de constater l'état de lieux dans nos universités.

Seulement, on ne l'est pas. On couvrira aujourd'hui les gros mots de Gaétan Barrette, les insultes sur l'accent des Québécois, l'indignation de Marie-France Bazzo, les indécences de Joël Legendre, et on s'amusera à faire de la psycho-pop autour de ça.

Mais de la même façon qu'au Québec, ce sont les grandes corporations syndicales (FMOQ, FMSQ, etc.) qui peuvent bloquer toute tentative (je dis bien «tentative») d'amélioration du système de santé, ce sont maintenant des clauses de conventions collectives qui permettront aux enseignants de l'Université de Montréal de se dégager de leur responsabilité lorsque surviennent des perturbations d'activistes qu'ils auront parfois eux-mêmes stimulés et encouragés.

Franchement scandaleux.

On apprend effectivement mercredi matin que la nouvelle convention collective du syndicat des professeurs de l'Université de Montréal prévoit «protéger» leurs membres en cas de perturbations. «Seuls les professeurs» pourront décider si les conditions pédagogiques sont réunies pour que le cours soit donné, est-il écrit dans l'article de La Presse.

Ces syndicats de profs ont-ils réclamé de la part des dirigeants de leurs institutions une assurance qu'ils sauront assurer la sécurité des lieux? Ont-ils «négocié» ou insisté pour qu'une «hot-line» leur soit accessible lorsque des malfaisants viennent interrompre leurs cours et intimider les étudiants dévoués à leurs études? Ont-ils fait pression sur leurs dirigeants pour que soit introduit un code de conduite qui faute d'être respecté, occasionnerait l'expulsion d'étudiants dont la mission est essentiellement de faire de l'action politique? Mais non...

Le prof est donc souverain. Le même prof qui répondra à la consigne de son syndicat de participer à des rassemblements étudiants et qui a participé jadis à bloquer les entrées aux étudiants désireux d'accéder à leurs cours au printemps 2012. Du côté de l'UQAM, une résolution syndicale appuyée par 100 professeurs convie les collègues «à participer massivement à la manifestation nationale du 2 avril 2015 organisée par le mouvement étudiant». Non, mais...

Alors voici comment ça fonctionne au Québec. Quand le bordel sera «pogné», on blâmera évidemment le ministre. Le ministre se retournera en disant qu'il n'a pas d'autorité sur les administrations dites «autonomes» des universités. Les recteurs à leur tour pourront blâmer les clauses de conventions collectives dont ils auront eux-mêmes participé à négocier. Leurs mains seront liées, nous diront-ils.

Ce sont pourtant ces mêmes recteurs qui sont responsables d'assurer un «climat propice à l'enseignement», me direz-vous? Bien sûr. Vous et moi, on sait ça. Mais que faire devant un groupe de professeurs eux-mêmes activistes et participatifs dans la «cause»? On croit vraiment que ces mêmes recteurs ou doyens ou chefs de départements universitaires auront le «guts» d'en appeler à des forces policières pour mater les matamores de l'intimidation et assurer la sécurité publique des étudiants? Bien sûr que non. «État policier!», clameront nos élites. «Ingérence», pourront maintenant dénoncer les professeurs syndiqués. Ils se coucheront et s'acoquineront avec l'opposition officielle pour blâmer le gouvernement. Ça a marché en 2012, non?

Je vous le dis, le monde. On y revient inconditionnellement. À ce pouvoir syndical qui étouffe et tue. À cette société du no-fault bâtie sur des clauses qui ne servent qu'à protéger les arrières de ceux qui utilisent nos institutions à des fins idéologiques et qui sont pourtant payés généreusement pour éduquer, soigner et assurer la dignité de tous par temps plus difficiles.

Je vous le dis. Si nous vivions dans un monde qui a à coeur l'épanouissement des Québécois autres que ceux qui veulent faire carrière dans le star-système et l'aristocratie québécoise, on serait profondément choqué. Parce que l'histoire se répètera inévitablement quand c'est l'indifférence, la lâcheté, l'absence de courage et ultimement la soumission aux intérêts syndicalo-corporatistes qui nous gouvernent. Vous me pardonnerez l'expression anglaise, mais il n'y en a pas de meilleures en français.

Frankly disgusting.

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