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PKP ne sait pas lire. Ou il dit n'importe quoi, ou encore, il sait qu'il dit n'importe quoi, mais ce n'est pas grave.
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PKP ne sait pas lire. Ou il dit n'importe quoi, ou encore, il sait qu'il dit n'importe quoi, mais ce n'est pas grave. Il connaît sa clientèle: les péquistes, ignorants et totalement désintéressés de la chose économique. Et le gars « tripe ». Jeune cinquantaine, héritier, PKP est en mission: revenir à la source de ses « convictions profondes ». Son projet personnel (autre que celui de gérer l'entreprise de son père): faire du Québec un pays en prenant les Québécois pour des cons à qui on peut dire n'importe quoi. Comme il doit sourire de lire les commentaires sur sa page Facebook. « Ce qu'ils sont naïfs, ces Québécois », doit-il se dire s'il a une once de génie.

Je l'imagine en se levant le matin et se dire: « Bon, jusqu'où pourrais-je aller aujourd'hui dans l'idiotie primaire? Qu'est-ce que je pourrais leur faire avaler ce matin? Allez hop! On va essayer ça. »

Samedi, le 8 novembre, le « futur mari de l'autre » (y aura-t-il un texte dans Le Devoir pour démontrer son indignation?) qualifiait le déficit du Québec ainsi:

"supercherie intellectuelle du faux déficit budgétaire concocté par le Vérificateur général du Québec » - PKP, 8 novembre 2014

Remarquez ici l'irrespect total pour l'institution du VG, organisme qui s'ajoute à la liste des institutions québécoises que méprise l'homo-péquiste... de même que sa référence au « mari de la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil ». Vite, un collectif pour dénoncer pareille condescendance! Je suggère le hashtag #LeMariDeWeilNestPasJusteUnMari.

Blague à part, le probable futur chef de l'Opposition suggère à ses adeptes la lecture d'un texte de l'économiste chéri des partisans du modèle québécois, Pierre Fortin. Or, non seulement le texte de Pierre Fortin endosse la stratégie gouvernementale de ramener le ratio dette/PIB de 55% à 45% en 11 ans, une hausse de la dette aussi petite soit-elle « ne doit pas être prise à la légère », affirme-t-il. Ajoutant que « cette tâche ne sera pas facile à accomplir », Pierre Fortin est d'avis que le plan financier va même « dans la bonne direction », mais est toutefois risqué.

Ce que suggère l'économiste du modèle québécois? Faire diminuer l'endettement du Québec plus graduellement que ce que propose le ministre Couillard. Sa solution? « Un contrôle plus serré des immobilisations et des placements, prêts et avances du gouvernement, qui représentent actuellement plus de 80 % de la hausse annuelle de la dette », selon lui.

On ne pourra évidemment pas compter sur Pierre Fortin pour revoir de fond en comble les fondations du modèle québécois et de l'État interventionniste, Fortin ayant participé lui-même à bon nombre de politiques socio-économiques qui nous endettent aujourd'hui... Mais interpréter le texte de Fortin comme le fait PKP est soit de la malhonnêteté intellectuelle, soit de l'ignorance, soit de l'idiotie. Choisissez.

Cela dit, pour ce qui est de ce que suggère Pierre Fortin, le chef de la CAQ avait également énoncé ce changement de cap en campagne électorale en avril dernier alors que Philippe Couillard, lui, promettait d'augmenter de 1,5 milliard $ par année ses investissements en infrastructures. Quelques semaines au pouvoir ont toutefois suffi: la promesse a été vite rompue dans le tout premier budget Leitao.

Chiffres dévastateurs

Les chiffres sur l'emploi sont dévastateurs (lire Pierre Duhamel et Gérald Fillion). Si les libéraux blâmaient il n'y a pas si longtemps le Parti québécois, c'est maintenant le PQ et la CAQ qui blâment le gouvernement Couillard de ne pas avoir de plan de relance.

Vous savez quoi? Je suis d'avis que ce que nous récoltons aujourd'hui n'est que le fruit de ce que nous avons « collectivement » semé: l'insécurité, la peur et l'ignorance.

J'ai un économiste à la maison. Il me parle d'incitatifs fiscaux, d'environnement propice à l'innovation, au travail, à l'effort. Je veux bien. Mais ce n'est pas tout. Et à quoi s'attendait-on, bon sang? Le choc démographique n'était-il pas prévu depuis des décennies? La population active (le nombre de personnes sur le marché du travail) diminue! Et on s'attend à ce que l'État récolte plus de revenus?

Si vous voulez mon avis, le problème est bien sûr politique et malheureusement instrumentalisé à des fins partisanes. Mais le problème... le vrai, est intimement lié à la culture québécoise. À preuve, ça va mieux chez nos voisins américains, les emplois se créent au Canada et en Ontario de façon impressionnante.

Les résidents francophones ont augmenté de 50% en Alberta dans la dernière année!!! +50%. Francophones. En Alberta.

Alors parlons des « vraies affaires » et des « vraies causes », voulez-vous? L'absence ou la diminution des investissements privés au Québec n'est pas d'hier. Je me souviens d'avoir participé au huis clos du budget en 2006. C'était avant la récession. On déplorait l'exode des investissements privés. Si le Québec s'en est bien tiré lors de la récession, c'est bien davantage à cause de l'injection massive de fonds publics dans les infrastructures. Le voile par-dessus la réalité.

Le vrai problème, il est culturel

L'environnement d'affaires au Québec? Des syndicats qui s'approprient des droits de gestion et d'organisation du travail, une perception négative de l'enrichissement sous toutes ses formes, des carrés rouges qui envoient au monde un signal que le Québec est à peine gouvernable et des lobbies environnementalistes qui s'assurent que les compagnies d'exploitation de nos richesses naturelles sont à peu de choses près une « gang de bandits » qui veulent nous faire crever. Je n'exagère même pas.

L'environnement fiscal québécois? Des taxes sur la masse salariale plus élevées que n'importe où ailleurs sur le continent, une concurrence déloyale de l'État qui s'aventure à être actionnaire dans des secteurs à fort risque, et une taxe sur le carbone qui s'ajoutera à tout ça.

Vous vous étonnez de l'absence d'investissements privés? Eille, gang! Youhou...

Et puis oui, il y a la langue. Un tabou. Un frein au développement économique. Cette susceptibilité maladive lorsque notre PM s'adresse en anglais à des investisseurs étrangers potentiels, lorsque des documents scientifiques ne sont produits qu'en anglais, lorsqu'on interdit à des Québécois de faire des transactions sur des sites Internet en anglais. Maladie? Oh que oui. Fermeture sur soi? Tout à fait.

Ajoutez à tout cela l'instabilité sur la question constitutionnelle, le néocorporatisme nationaliste, et vous avez là une formule perdante: le p'tit Québec. Ah oui, j'oubliais presque la collusion et la corruption qui ont été étalées au grand jour avec la Commission Charbonneau. On attend l'épisode 2: la collusion et la corruption dans le secteur informatique. Ça va être beau, ça aussi.

Parlant de ça, vous voulez blâmer quelque chose? Blâmer la culture québécoise, si peu sûre d'elle-même, qu'elle recourt à du néocorporatisme et à un nationalisme économique dépassé. Un extrait ici d'un spécialiste témoignant devant la Commission Charbonneau:

Le nationalisme économique, depuis la Révolution tranquille, c'est la colle qui fait coller ensemble le partenariat social. Qui fait tenir ensemble ceux qui font partie du néocorporatisme, les quatre dont je vous ai parlé: état, patronat, syndicat, économie sociale. Eux, ils s'aiment pas la face la plupart du temps, mais au niveau du nationalisme économique ils s'entendent parfaitement. Il n'y a aucune différence entre le PQ et le PLQ, entre le patronat et les syndicats, tous partagent l'idéologie du nationalisme économique, hérité de la Révolution tranquille, qui veut que, la richesse, elle aille d'abord à la majorité francophone. Ça c'est l'idéologie du rattrapage de la Révolution tranquille. [...]

Donc, on peut dire que les ressources économiques, dans un système de nationalisme économique, c'est un régime qui va un peu bloquer l'accès. L'accès sera pas ouvert à tous. On va avoir un traitement préférentiel pour les nôtres. [...] - Denis Saint-Martin, professeur titulaire au département de science politique de l'Université de Montréal (Lire davantage ici)

Ça, c'est ce que devrait être la conclusion de la Commission Charbonneau et source de méditation pour les nationalistes économiques du Québec. Vous le voulez ce régime? Vous voulez éliminer la concurrence? Vous fermer sur le monde? Construire un ghetto francophone appauvri qui manque d'assurance et s'apitoie constamment sur son sort? Continuer de vanter les mérites de l'État entrepreneur-activiste-syndiqué-environnementaliste?

Ben vivez avec et cessez de vous plaindre. Tous les partis présentement à l'Assemblée nationale jouent le même jeu. Pour les autres, protégez-vous du mieux que vous le pouvez de l'État et préparez vos enfants à être bilingues, trilingues et libres de leur destin.

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