Les gens ont voté. La lutte à deux dans Chauveau n'en fut pas vraiment une finalement. On voit là la valeur réelle d'un Deltell pour la CAQ de même que celle de l'excellente candidate Véronyque Tremblay qui remporte le comté pour le PLQ avec une majorité de 1938 voix. Avec un écart d'une dizaine de milliers de voix qui séparaient le PLQ de la CAQ à la dernière élection, les libéraux lui en doivent toute une, particulièrement du fait que Madame « J.E. » Cazin était une figure médiatique connue qui aurait pu charmer Québec si ce n'avait été de la notoriété de l'ex-animatrice du 93,3 FM et de TQS, amie proche de Gérard Deltell.
Ayant apprécié la grande qualité du député Deltell, les gens de Chauveau votent-ils d'abord pour un candidat plutôt que pour un parti? Ont-ils voté pour la candidate du coin plutôt que pour Madame Cazin, dépêchée de Sainte-Adèle dans les Laurentides? Ont-ils voté pour la jeunesse? Pour une jeune mère de famille dans laquelle ils se reconnaissaient davantage?
Peut-être n'ont-ils pas apprécié le traitement qu'a subi Gérard Deltell par le chef de la CAQ, François Legault?
Certains analystes rapportent que l'arrivée de PKP aurait polarisé le vote et que les gens auraient écarté la CAQ en se réfugiant dans les deux « vieux partis ». Nous sommes à trois ans des élections. Si les gens de Chauveau avaient voulu servir une leçon au gouvernement Couillard en réaccordant leur confiance à la CAQ, cela n'aurait pourtant pas eu de conséquence sur le plan nationalo-indépendantiste. Est-il possible que cette élection annonce ce qui se dessinera lors de la prochaine élection générale? À ce moment-ci, est-il seulement pertinent d'annoncer la mort prochaine de la CAQ? La politique étant ce qu'elle est, disons que je me garde une petite gêne.
D'autres affirment que le mythique « effet PKP » aurait enlevé des votes à la CAQ suffisamment pour lui faire perdre le comté. Encore là, avec 15,4% des voix pour le PQ, il n'y a pas de quoi frémir. Rappelons les résultats: PLQ 41,3%; CAQ 33,6%; PQ: 15,4%. On repassera pour « l'effet PKP ».
Après une aventure avec l'ADQ de Mario Dumont, puis avec Gérard Deltell (qui a incidemment été un acteur important dans la fusion ADQ-CAQ), le comté de Chauveau a néanmoins choisi le PLQ et a appuyé la candidate du gouvernement. Ce n'est pas rien. Particulièrement dans une région où une forte proportion de la population tire son gagne-pain d'un emploi dans la fonction publique.
Au grand désarroi des propagandistes de la «faustérité», deux comtés de la région de Québec ont donc appuyé le gouvernement et l'ont encouragé à poursuivre son travail. Dans une région particulièrement attentive à la dépense publique et au gaspillage, dans une région où la radio est politiquement engagée, où la population « n'achète » pas la vision idyllique du « pays » dessinée par un Parti québécois « en ruines » selon le défunt Jacques Parizeau, le message me semble clair et il s'adresse non seulement au gouvernement, mais à tous les partis politiques.
Après la controverse entourant la loi sur les fonds de pension du secteur municipal, le projet de loi #10 qui fait disparaître les agences de santé et une proposition de geler les salaires des employés de l'État pendant deux ans, Chauveau et la région de Québec à travers ses médias radiophoniques donnent une tape dans le dos aux libéraux; espérons que cette année, l'on commencera à mesurer les fruits et des résultats concrets de leur politique et que les cibles (notamment du déficit zéro) seront effectivement atteintes à la fin de l'exercice fiscal 2015-16. Disons-nous le. Ce n'est pas gagné d'avance et tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas fait.
Ça, c'est ce qu'on doit retirer comme leçon des partielles d'hier soir: un appui à la candidate Tremblay, un appui indirect au gouvernement en vue des négociations dans le secteur public et un message aux syndicats de renouveler leurs discours et leurs méthodes d'une autre époque.
Pour les chroniqueurs, analystes et blogueurs de Quebecor qui réussissaient hier soir à y trouver une "victoire » pour PKP pour ne pas parler d'un « effet PKP », resaisissez-vous, bon sang! Vous êtes peut-être adulés par vos militants, mais sincèrement, il y a des limites à pousser le service après-vente. Après presqu'une année de campagne à la chefferie au PQ, après avoir noirci des pages de publicités indirectes du candidat PKP, après avoir projeté aux émissions de grande écoute des images de la conjointe Snyder presque comme si c'était elle la candidate (a-t-on déjà vu ça?), Pierre Karl Péladeau ne fait que ramener le score du PQ à ce qu'il était sous André Boisclair. En fait, la seule chose à retenir du score péquiste, c'est qu'à ce moment-ci, Pauline Marois était encore moins appréciée que PKP. Pour le reste, s'il y a catastrophe, elle se situe davantage du côté de la stratégique péquiste qui espère miser sur une convergence totale culturello-médiatico-politique. Si ce à quoi on a assisté était une répétition en vue de l'élection générale, c'est un échec.
Enfin, il reste trois ans à ce gouvernement. Ne serait-il pas temps de parler de politique publique plutôt que de « spinner » sur ce que sera la prochaine élection dans un contexte de polarisation sur l'axe fédéraliste-souverainiste? La population a parlé. D'ici la prochaine échéance, la job et le devoir citoyen, c'est de nous assurer que le gouvernement entend bien livrer la marchandise. Dans ce contexte, la job d'un 3e parti à l'Assemblée nationale tel que la CAQ, c'est de faire exactement cela.
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