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Élections 2015: déconstruction de la propagande anti-Harper

Il est intéressant d'anticiper ce que nous risquons fort d'entendre au sujet du premier ministre sortant au cours de cette campagne électorale fédérale.
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Si le commentateur Rex Murphy semble avoir décidé que la question de l'urne (la fameuse ballot-box question) se résume à savoir si Stephen Harper doit demeurer ou non le premier ministre du Canada, il est intéressant d'anticiper ce que nous risquons fort d'entendre à son sujet au cours de cette première élection fédérale à date fixe.

1. Harper a démoli la réputation du Canada

Discours populaire, particulièrement chez les militants écologistes préoccupés par la lutte contre les changements climatiques et chez les soi-disant pacifistes horrifiés de l'engagement canadien au Moyen-Orient et dans le combat contre l'islam radical, la réputation du Canada aurait incroyablement souffert depuis l'arrivée du Parti conservateur de Stephen Harper en 2006.

Après avoir débuté la couverture de campagne avec un article intitulé «Un premier ministre à deux visages» (référence nette à l'expression péjorative visage à deux faces), le journal de l'indépendantiste Pierre Karl Péladeau récidive le lendemain en nous suggérant que «Le Canada perd des plumes à l'international».

Citant quelques «experts» québécois, Le Journal de Montréal se garde bien de citer les conclusions de la Reputation Institute, instigatrice du plus important sondage annuel portant sur la réputation des pays.

Conclusion: le Canada se classe en tête de 55 pays pour ce qui est du pays le plus admiré, pour son niveau de développement, sa qualité de vie et ses institutions.

Doit-on conclure que certains médias sont atteints du «HDF»?

Harper Derangement Frenzy (HDF): an upgrade to hurricane status from Harper Derangement Syndrome, identified several years ago by Lorne Gunter as "an ideological hatred of Prime Minister Stephen Harper that is so acute its sufferers' ability to reason logically is impaired." - Terence Corcoran, Financial Post

2. Harper est d'extrême-droite et ne comprend pas les «valeurs québécoises»

Discours commun particulièrement véhiculé au Québec, mais fortement mis à l'épreuve dans le reste du Canada, tant par les conservateurs fiscaux que sociaux. Pourtant, une analyse plus rigoureuse impose des nuances. Rappelons-nous, par exemple, l'énormité du plan de relance économique post-récession 2008 (sauvetage de plus de 9 milliards de dollars pour General Motors et Chrysler). (Lire Stephen Harper: Conservative? Maybe not.)

Écoutez également ma chronique au FM 93,3 dans le cadre de l'émission Normandeau-Duhaime.

Ajoutons à cela de nouveaux programmes de dépenses (fractionnement de revenus, augmentation du plafond pour les CELI, crédits d'impôts bonbons pour l'activité physique, etc.) et le fait que les programmes de transferts (vers les individus, de même que vers les provinces) ont augmenté entre 2005-2006 et 2014-2015 par rapport au PIB, alors que l'équilibre budgétaire est loin d'être chose faite, et vous avez là des indications qui invalident complètement les discours des groupes atteints de «HDF».

Malgré les préjugés et les accusations d'extrême-droite, il n'en demeure pas moins que la dette publique du Canada a crû de plus du tiers entre 2007-2008 et 2013-2014, passant de 457 milliards à 616 milliards (selon le compteur de la Fédération canadienne des contribuables).

En fait, en y regardant de plus près, Harper a pratiquement suivi les consignes de l'ami des socialistes, Keynes: intervenir en temps de crise économique, se replier en temps de croissance économique.

En conclusion, bilan catastrophique? Loin de là. Selon l'OCDE, le Canada se classe au premier rang pour ce qui est de son ratio dette/PIB. À 29% du PIB en 2007-2008, nous en sommes maintenant à 31%. Chapeau donc pour l'exploit, alors qu'on pourra s'interroger à juste titre dans quelle mesure le Parti libéral du Canada sous Ignatieff ou le NPD sous Thomas Mulcair aurait fait mieux.

3. Harper appauvrit la classe moyenne

Selon une analyse de la classe moyenne de 20 pays, la classe moyenne du Canada serait la plus riche, dépassant même celle des États-Unis.

The New York Times backs up its findings saying they're based on 35 years of surveys and compiled by LIS, which runs the Luxembourg Income Study Database. The findings were also studied by LIS researchers, along with colleagues at a New York Times website, and outside economists. - Canada's middle class richest in study of big nations

Difficile à croire lorsqu'on porte le plus lourd fardeau fiscal en Amérique, non? Particulièrement lorsqu'on est Québécois et qu'on n'a pu bénéficier de la baisse des deux points de TPS de Stephen Harper.

Difficile à concilier également avec le discours langoureux et victimaire et défenseurs des 99% et la «mythologie» du chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau. Lire Forget the Liberal mythology, Canada's middle class is not struggling d'Andrew Coyne ici:

To put the matter another way, the top one per cent now pay about 33 per cent of their income in tax, on average. Not only is that more than twice as much as everyone else pays -- it's about the same as it was in the early 1980s, when life was fair and "the sky was the limit" and the middle class could catch a break. If the middle class have anything to complain about, and they don't, it isn't because the rich aren't paying enough taxes.

4. Harper accentue les inégalités sociales

Ici, je me permettrai de citer un blogue d'Antagoniste.net du 22 juin 2015 que je vous recommande pour ses graphiques.

La semaine dernière, l'OCDE a publié une étude sur l'évolution des écarts de richesse pour quelques pays «modèles» entre 2006 et 2012, soit la période qui correspond à l'arrivée au pouvoir des conservateurs au Canada. Voici ce que l'OCDE a découvert:

La croissance du revenu médian a été supérieure à la croissance du revenu du 1% seulement dans 2 pays: l'Australie et le Canada! De plus, au Canada le revenu médian a augmenté de 5,9% contre seulement 1,0% en Australie.

En bref, au Canada, sous la direction de Stephen Harper, tout le monde s'est enrichi, tout spécialement le monde «ordinaire».

Mais il y a plus. Entre 2006 et 2012, le Canada est le seul pays où le revenu des pauvres a augmenté plus rapidement que celui des riches! Autrement dit, pour la période où Stephen Harper a été le premier ministre, c'est au Canada que les inégalités de richesse ont le plus reculé!

Conclusion

Le gouvernement conservateur de la dernière décennie mérite certes, des critiques. Certaines sont méritées; d'autres relèvent davantage de facteurs externes aux politiques nationales: le ralentissement en Chine, le plongeon du prix du pétrole et la crise de l'euro, selon le ministre des Finances, Joe Oliver (et cité par Paul Journet de La Presse).

Une fois cela dit, la faune des campagnes électorales (équipes de campagnes, chroniqueurs et analystes politiques, maisons de sondages) fera son possible pour produire des slogans, faire de la publicité trompeuse, sinon mensongère, et tenter de faire coller des impressions durables sur l'électorat.

Et malgré tout ça, si on ne compte que sur les discours convenus, il est difficile d'imaginer qu'il y a bel et bien une communion d'idées entre certains Québécois et le Parti conservateur du Canada, comme le décrit Alexandre Meterissian dans son article La montée du conservatisme au Québec.

Une montée du Parti conservateur du Canada au Québec? Définitivement à surveiller selon le commentateur Brian Lilley de Rebel.tv. Je suis d'accord.

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