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Les facultés affaiblies du gouvernement du Canada

Il est maintenant possible de mieux calculer les dégâts occasionnés par le retrait du formulaire long du recensement.
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Ce n'est pas un secret pour personne, l'alcool au volant c'est criminel. L'alcool en soi n'est pourtant pas prohibé, comme elle le fut aux États-Unis par le 18e amendement sous les pressions des groupes religieux et au plus grand plaisir de la mafia. Ce qui est criminel, c'est de se placer dans une position de responsabilité alors que nous avons amoindri nos capacités à saisir l'information, à comprendre ce qui se passe. Ça nous transforme en incapable et donc en danger pour les autres ainsi que pour nous même.

Quelque temps avant le recensement de 2011, le gouvernement Harper avait soulevé la grogne de plusieurs (dont celle du statisticien en chef de l'époque de Statistique Canada, M. Munir Sheick, qui avait alors démissionné pour des raisons d'intégrité) en rendant non obligatoire la majeure partie du formulaire de recensement à remplir. Les citoyens devaient donc, de plein gré, accepter d'investir du temps afin de donner des informations sur eux qui s'avèrent parfois peu avantageuses.

Je sais qu'au premier coup d'œil ça semble presque bien, une façon de libérer les gens des si ignobles sondages. Vous savez, ceux qui gâchent notre vie, ceux que l'on fuit comme s'il s'agissait de pestiférés. Pour bien saisir la portée de cette décision, nous devons y jeter un second regard (non pas l'émission sur la chaîne de Radio-Canada, mais bien l'action).

Un concept fondamental en gestion, c'est l'information. D'ailleurs vous pouvez en parler avec n'importe quel stratège militaire, pour eux c'est le nerf de la guerre. Lorsqu'une personne gère une binerie, les choses sont plutôt simples puisque cette personne occupe plusieurs postes en même temps (quand elle ne les occupe pas tous). Elle est présente pour bien évaluer la situation sur le terrain et appliquer les mesures pour régler les problèmes au gré du temps. La structure d'information ici n'est pas nécessaire, puisque la structure d'exécution est réduite au minimum. Ce gestionnaire collecte lui même ce qui est pertinent et l'emmagasine dans sa petite tête ou sur quelques notes, dont il peut être le seul à pouvoir décrypter.

Lorsque quelqu'un est à la tête d'une multinationale produisant de monstrueux chiffres et employant une immense quantité de capital humain, il doit être en mesure de récupérer le maximum d'informations pertinentes afin de prendre les meilleures décisions possible. Ici, la structure d'exécution s'avère énormément complexe, ce qui oblige une structure d'information très efficace. Lorsqu'on ne voit pas devant sois, il est impératif de développer un mécanisme qui nous permettra de ne pas tomber dans le gouffre. C'est le rôle que joue la collecte d'information.

Si l'on compare l'État à une entreprise (je ne crois pas que ce genre de métaphore soit pertinente au niveau de l'orientation d'un gouvernement, mais elle l'est au niveau de sa gestion), l'importance que représente l'information sur nos citoyens afin de construire des politiques publiques adaptées à la réalité devient flagrante.

Oui, hein, parce que si l'on désire faire quelque chose dépourvu du moindre sens avec le réel, les statistiques, ça ne sert foutrement à rien.

Aujourd'hui, il est maintenant possible de mieux calculer les dégâts occasionnés par la décision du gouvernement Harper, bien que maintes voix nous avaient mis en garde. Des données incomplètes, peu fiables et biaisées. Certains font circuler à la blague que «Le Canada a réussi à éliminer toute la pauvreté! En éliminant le recensement obligatoire.» Notre premier ministre est parvenu à détruire un outil incontournable dans l'accomplissement de son travail, comme un guitariste qui s'esquinteraint la main volontairement.

Si un conducteur ayant consommé de l'alcool se fait prendre seul dans son véhicule sur le parcours d'une longueur de 0,6 km reliant sa résidence au dépanneur, il encourt alors une suspension de son droit de conduire sur plusieurs années. Voire même l'emprisonnement, s'il y a récidive. Que penser alors d'un conducteur ayant volontairement affaibli ses facultés? Un conducteur au volant d'un véhicule transportant 34 millions de ses semblables sur une route extrêmement sinueuse pour un voyage de 4 ans? Que peut-on conclure d'autre qu'il mérite une peine exemplaire? Ce même conducteur qui ne cesse de proclamer l'efficacité des peines exemplaires...

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