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Grève: le résultat de l'immaturité du gouvernement et des syndicats

Le problème majeur réside ici dans le conflit d'intérêts. Du côté des syndicats, l'appel à la fin des coupures et à de meilleures conditions salariales est tout bénéfice pour eux. Du côté du gouvernement, l'idée de réduire les salaires permet de conserver un certain niveau de service en le payant moins cher.
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Après le coup d'envoi de la première semaine de grève tournante du Front commun syndical (une meute qui regroupe 400 000 employés de la fonction publique et parapublique), l'opinion se divise visiblement en deux factions. L'enjeu des conventions collectives à renouveler est en train de se métamorphoser en une question polarisante. Le centre de l'espace se libère rapidement, sur chacun des fronts s'agglutinent les combattants, la tension monte, la mêlée est imminente.

À droite

Sur le front droit, accompagnant le gouvernement Couillard, il est possible d'apercevoir tous ceux qui en ont soupé des promesses syndicales, de leurs magouilles avec le crime organisé, de leurs extravagances aux frais du contribuable. Ici la naïveté fait croire aux coupures sans répercussions sur la qualité des services, que les gouvernements ne sont emplis que de bonnes intentions et que le « Marché » peut tout régler.

À gauche

Sur le front gauche, avec le regroupement des syndicats, se retrouvent ceux qui en ont assez de la gestion irréfléchie des Libéraux, de leurs affronts à l'équité sociale, de la dérégulation du champ de l'État pour le laisser au privé. Ici plane le fantasme d'un monde meilleur porté par le syndicat, d'une égalité sans borne et sans respect à l'effort apporté au groupe, d'un État qui peut débloquer des fonds sans aucune limite.

Bien sûr, je caricature quelque peu. Mais n'empêche que, à l'heure actuelle, les solutions offertes par les deux belligérants et leurs troupeaux sont très peu flexibles et assez simplistes. Sachant que les réponses simples ne sont bonnes pour les enfants et les attardés mentaux (qui n'ont pas les facultés nécessaires pour saisir la complexité du réel) je vais tenter d'approfondir le problème afin d'y présenter une réponse mieux adaptée.

Conflit d'intérêts

Le problème majeur réside ici dans le conflit d'intérêts. Du côté des syndicats, l'appel à la fin des coupures et à de meilleures conditions salariales est tout bénéfice pour eux. Plus d'argent sera déboursé en services publics et meilleurs seront les conditions de travail, les salaires, le nombre d'employés et les cotisations syndicales. Lorsque j'entends le syndicat dire qu'il œuvre pour le bien commun, j'ai l'impression d'entendre le patronat clamer que les taxes et les impôts font fuir les compagnies.

Du côté du gouvernement, l'idée de réduire les salaires permet de conserver un certain niveau de service en le payant moins cher. Ce qui les rapproche de leur objectif de réduire le déficit. Lorsque j'entends le gouvernement dire que les employés ont leurs parts à faire pour réduire la dette alors que les politiciens parlent d'augmenter bientôt leurs salaires, j'ai l'impression d'entendre Israël lorsqu'elle proclame son innocence et responsabilise les Palestiniens pour tous leurs problèmes.

Donner le dossier à quelqu'un de responsable

La meilleure solution lorsque deux parties ne sont pas assez matures pour arriver à une conclusion raisonnable c'est l'utilisation d'un juge. Les salaires dans la fonction publique et parapublique (comme pour tous les sous-traitants de l'État à commencer par le secteur de la construction) devraient être calculés par une commission complètement indépendante et transparente et non par le résultat d'un bras de fer. Prenant en compte les salaires versés dans le privé, mais aussi les avantages existants dans le public, la réelle tâche à opérer, le bagage de savoir à détenir, etc. De cette manière, les emplois seraient justement rémunérés et les coûts des actions du gouvernement seraient plus équitablement répartis entre nous. Si le gouvernement tient à réduire les budgets et bien qu'il endosse les répercussions que ces coupes vont avoir dans notre société et qu'il cesse d'utiliser la haine de la population porter contre les « fonctionnaires » pour agir en charlatan.

Au travers la pagaille qui se dessine actuellement, il est important de comprendre que ce n'est pas à la population de payer pour des avantages injustement obtenus par des syndiqués sous le poids de la force, mais ce n'est pas, non plus, aux employés de l'État à payer pour le choix d'un gouvernement qui c'est juré de réduire une dette. Dette qui appartient à tout le monde (y compris les mieux nantis et les membres du gouvernement).

Ce billet fut précédemment publié sur L'Anticønførmiste

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