Les jeunes recevront notre planète en héritage. Nous les exhortons à ne pas sous-estimer leur pouvoir, leur influence et leur responsabilité.
Avec les dernières mises en garde du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), aucun chef d'État ne pourra prétendre avoir été pris de court par le changement climatique.
Nous avons été chefs d'État. Nous avons vécu de l'intérieur des crises planétaires. Nous avons parfois été pris par surprise. Mais certains signaux d'alerte sont si forts que rien n'excuse l'inaction. Le rapport du GIEC en fait partie.
Le rapport du groupe de travail 2 du GIEC est, à ce jour, l'évaluation la plus concrète des risques que le changement climatique fait peser sur l'humanité, une description mesurée, mais sans équivoque de ce qui nous menace. Dans le monde entier, des récoltes et des habitations sont déjà en danger. L'inaction ne fera qu'empirer les choses. Exacerbées par le réchauffement climatique, les crises économiques et la pauvreté grandissante feront aussi le lit des conflits armés. Les populations les plus pauvres sont aussi les vulnérables. Le rapport ne préconise pas de solution toute prête, mais explique, avec une fermeté sans précédent, ce à quoi nous devons nous préparer.
Ce rapport envoie ainsi un puissant appel à l'action aux gouvernements. Nous espérons qu'il sera vecteur de mesures décisives, notamment sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le financement de l'adaptation au changement climatique, en vue de la conférence décisive prévue pour décembre 2015 à Paris, où les dirigeants du monde entier doivent s'entendre sur d'un nouveau traité sur le climat.
Cette semaine, en notre qualité d'Elders, nous nous rendons dans la capitale française pour préparer le terrain en vue de cette échéance. On ne soulignera jamais assez l'importance de ce processus. Le changement climatique ignore les frontières. Les négociations multilatérales restent l'approche la plus adaptée résoudre ce problème à l'échelle mondiale. Nous appelons à la signature d'un traité solide, juste, universel et juridiquement contraignant lors du sommet de Paris en 2015.
Le rapport du GIEC ne se contente pas de décrire des risques : il identifie aussi des possibilités. Des solutions existent. Le monde a entre ses mains toute la technologie et les outils nécessaires pour réduire les émissions de carbone, créer une économie plus durable et mettre fin à notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. Bon nombre de gouvernements, d'entreprises et de dirigeants locaux montrent déjà l'exemple en favorisant les énergies renouvelables et en mettant en œuvre des solutions abordables pour s'adapter aux effets actuels du changement climatique.
En notre qualité d'Elders, nous sommes convaincus que le monde doit atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, afin que le réchauffement ne dépasse pas 2°C à l'échelle planétaire et que les plus pauvres puissent continuer à se développer. Les experts tiennent cet objectif pour réaliste, à une condition : qu'il soit orchestré par un leadership visionnaire capable de prendre des mesures audacieuses et concertées. En définitive, c'est aux gouvernements et à leurs dirigeants de montrer la voie et d'assurer une transition juste vers la neutralité carbone.
Mais il serait trop simple de s'en laver les mains et de reprocher aux dirigeants politiques leur incapacité à contenir le changement climatique. Si échec il y a, il est collectif. Endiguer le changement climatique est notre responsabilité à tous.
Avec le sommet de Paris en décembre 2015 en ligne de mire, nous souhaitons particulièrement rappeler à quel point les mouvements de jeunes sont bien placés pour créer l'anticipation et les attentes qui, bien souvent, font avancer les choses.
Par ailleurs, ce sont ces mêmes mouvements qui détermineront le degré d'implication et de dynamisme dont leur génération fera preuve pour régler ces problèmes lorsqu'elle accèdera au pouvoir à son tour.
Et alors que l'âge moyen de la population mondiale ne cesse de baisser, ce sont les jeunes qui, par défaut, sont les plus vulnérables et les plus concernés par les menaces climatiques.
Sur tous les plans, la jeunesse doit se mobiliser dès maintenant.
Nous aurons un débat public avec certains de ces jeunes dirigeants à Paris. Nous ferons également intervenir des jeunes gens qui sont en première ligne du changement climatique, du Tchad aux Philippines, et découvrirons leurs solutions pour faire face à ses effets les plus terribles.
Nous espérons qu'en partageant notre expérience et qu'en instaurant un dialogue entre les générations, nous encouragerons les dirigeants actuels à prendre le train en marche pour le sommet de Paris en décembre 2015.
Les jeunes recevront en héritage notre planète, nos réussites et nos échecs. En notre qualité de membres des Elders, nous les exhortons à ne sous-estimer ni leur pouvoir, ni leur influence, ni leurs responsabilités, afin d'être capables de relever le plus grand défi de notre époque.
Jimmy Carter, 39e président des États-Unis et Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande et présidente de la fondation Mary Robinson - Climate Justice, sont membres des Elders, un groupe de dirigeants indépendants qui œuvrent pour la paix, la justice et les droits de l'homme, à l'échelle de la planète.
Ce billet fait partie d'une série produite par les Elders, en partenariat avec le Huffington Post, à l'occasion de la Journée mondiale de la Terre, pour inciter à la mobilisation en vue de la conférence de Paris sur le climat en décembre 2015. Les Elders sont un groupe de dirigeants indépendants réunis par Nelson Mandela en 2007, qui œuvrent pour la paix, la justice et les droits de l'homme dans le monde.
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