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Dominique Corneau, cet ex-lieutenant de police qui brise l'omerta

Selon Dominique Corneau, le problème n'est pas l'absence de registre, mais bien la santé mentale et la drogue.
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J'ai suivi de très près les travaux de la Commission des institutions, chargée d'étudier le projet de loi 64 sur l'immatriculation des armes à feu. J'ai moi-même participé aux auditions, en tant que représentante de la population, propriétaire et non-propriétaire d'armes à feu, qui s'oppose à ce projet de loi.

Lors de ces auditions, entre autres, on a pu entendre le député péquiste Stéphane Bergeron questionner l'inspecteur Isabelle Boudreault de la Sûreté du Québec au sujet de la possibilité que les policiers soient empêchés de prendre position publiquement en défaveur de la création d'un registre québécois des armes d'épaule. L'inspecteur Boudreault a nié ce fait. Elle-même et les membres de la Commission ont tourné en dérision cette possibilité. On entend clairement les éclats de rire dans la vidéo officielle.

Outre le fait qu'une écrasante majorité des intervenants invités à faire valoir leur opinion en Commission, et qu'on se questionnait parfois à savoir la pertinence de leur position (la CSN était invitée, à titre d'exemple), on tentait de discréditer les opposants à une telle mesure, et on a même refusé d'entendre un jeune retraité depuis décembre dernier, ex-lieutenant de police à la Ville de Saguenay, qui a déposé un mémoire très éloquent pour s'opposer à la création d'un tel registre.

On peut lire dans le mémoire que Dominique Corneau a déposé à l'Assemblée nationale que:

«Ce qui m'amène ici principalement, est le message véhiculé par les médias et les politiciens à l'effet que ce sont les policiers du Québec qui veulent du registre des armes à feu pour leur sécurité.

Il n'y a rien de plus inexact.

Les associations de policiers se sont prononcées en faveur d'un registre sans même consulter leurs membres.

Dans mon service, j'ai questionné les membres. Aucun n'a le souvenir d'avoir été consulté lors de réunion quelconque, aucun.

Lorsque j'ai posé la question à un membre de mon exécutif syndical, il m'a répondu avec un sourire en coin que non, «ça c'est des affaires de fédération...»»

Dominique Corneau en a rajouté, en entrevue sur les ondes du FM 93 à l'émission Duhaime le midi:

«C'est écrit dans les statuts qu'on ne peut pas aller à l'encontre des positions prises par le syndicat.

«Nous autres au niveau syndical, on a quand même des règlements qui t'interdisent d'aller à l'encontre des positions syndicales. Parce qu'à un moment donné, ça serait peut-être un peu l'anarchie. Puis tu as la même chose au niveau des règlements du système où tu ne peux pas parler contre ton employeur, tu ne peux pas faire de politique. (...) Si ton exécutif syndical prend une position dans un dossier, tu serais bien mal vu d'aller à l'encontre de ça, c'est bien évident.»

-Il y a une consigne syndicale de ne pas contrarier le syndicat?

-C'est dans les statuts et règlements.»

Selon Dominique Corneau, le problème n'est pas l'absence de registre, mais bien la santé mentale et la drogue:

«Demandez à n'importe quel avocat de la défense si on lui enlève la drogue et la santé mentale, avec quoi il va vivre? Vous allez voir qu'il va avoir pas mal moins de dossiers.»

Il insiste à l'effet qu'il faut s'attaquer au problème plutôt qu'au symptôme:

«Il faut traiter le problème à la source, pas à la finalité. Tu enlèves un moyen de t'enlever la vie, tu n'élimines pas la volonté de le faire. Tu traites les troubles mentaux et la détresse psychologique, tu vas éliminer la menace et la volonté de mettre fin à tes jours à la source.»

Dans toute cette mascarade parlementaire, une question demeure sans réponse: À la lecture de son mémoire, pourquoi personne n'a jugé utile de demander à Dominique Corneau de venir s'exprimer en Commission parlementaire?

Question subsidiaire: Cet ex-lieutenant de police est-il considéré comme un anarchiste par le ministre Martin Coiteux?

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Mai 2017

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