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André Arthur, liberté d'expression, vie privée et pé-peine aux ti-n'amis

Je confirme que l'œuvre contient certaines horreurs. Reste que le déclencheur a été une critique du travail de certains journalistes. Où s'en va, dites-moi, la liberté d'expression?
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On l'a foutu à la porte. Nombreux sont ceux qui s'en réjouissent. Parce qu'il se faisait un devoir de dire des choses déplaisantes ou parce que ses fortes cotes d'écoute leur faisaient ombrage, à chacun ses raisons.

Est-ce qu'il allait trop loin? Bien sûr que oui. Et je peux l'affirmer en connaissance de cause, puisqu'il m'arrivait de l'écouter à l'occasion. Une de ces fois où il est allé beaucoup trop loin m'a laissé un goût plus qu'amer dans la bouche.

Il y racontait qu'un artiste connu, que je ne nommerai pas, mais qu'Arthur s'était permis de nommer, avait été victime d'agressions sexuelles lorsqu'il était adolescent. Je ne sais pas si lesdites agressions ont véritablement eu lieu ou non. Ce que je sais, c'est que l'artiste en question n'en a jamais fait mention. Et que ce genre de traumatisme, s'il est révélé publiquement sans que la victime n'y soit prête, est de nature à causer autant de dommages ou presque, que l'agression elle-même.

Qu'on se le dise, j'ai trouvé ça dégueulasse. Une violation telle de la vie privée que j'en souhaitais même que l'artiste en question le poursuive, de sorte que plus jamais il ne se permette d'aller aussi loin et que l'extrait ne soit plus disponible en baladodiffusion. Et si ça lui avait fait perdre son emploi, j'aurais trouvé ça juste, puisque la personne en question aurait réagi de façon légitime.

Mais non. Cet épisode est passé sous silence. Complètement. Est-ce que l'artiste en question n'a pas entendu parler de la chose? Est-ce qu'il a jugé préférable de ne pas faire de vague, craignant qu'une poursuite ait pour effet de diffuser plus largement l'information? Aucune idée. Mais je n'ai entendu personne se scandaliser de la chose. Alors que moi, comme auditrice, j'ai été choquée au point de cesser de l'écouter, pour éviter que ce genre de commentaire ne soit payant pour ses patrons.

Patrons qui, il convient de le mentionner, auraient pu empêcher la diffusion de cette émission, puisqu'elle était enregistrée à l'avance, justement pour gérer les risques de poursuites. Mais il semble que les personnes responsables aient jugé correct de la diffuser telle quelle.

Mais non, personne n'a semblé scandalisé de cette divulgation externe et non consentie du traumatisme présumément vécu par ledit artiste. Non, ce qui a alerté les patrons d'André Arthur, c'est la pé-peine causée aux ti-n'amis de TVA par ses déclarations sur le professionnalisme de ces derniers dans le traitement de la nouvelle du décès de Jean Lapierre.

Je sens ici le besoin de faire une précision: j'ai été grandement attristée par le décès de Jean Lapierre et j'ai été impressionnée par le professionnalisme démontré par ses collègues lors de ce triste événement. Je suis donc en total désaccord avec la prise de position d'André Arthur dans ce dossier.

En désaccord complet avec sa position, mais en désaccord encore plus complet avec le fait qu'une telle déclaration déclenche sa mise à pied. Bien sûr que ses patrons ont le droit de prendre cette décision. Mais ça m'inquiète au plus haut point de constater les circonstances de son congédiement, et ce qu'on lui reproche.

Je veux bien qu'on dise que la décision a été prise en regardant l'ensemble de l'œuvre. Je confirme que l'œuvre contient certaines horreurs. Reste que le déclencheur a été une critique du travail de certains journalistes.

Où s'en va, dites-moi, la liberté d'expression et le droit à la vie privée, si on fait fi de déclarations préjudiciables qui sont d'ordre strictement privé, mais qu'on congédie quelqu'un pour avoir critiqué avec virulence la façon dont certains journalistes ont fait leur travail?

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