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De la méfiance à la confiance

Depuis des années, les Libéraux ont tenté de dépeindre les Québécois comme un petit peuple pauvre, cumulant les échecs, ayant toujours besoin d'une béquille fédérale pour réussir à survivre. Malheureusement, leurs rengaines ont fonctionné.
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« Je ne vous comprends pas les Québécois. Branchez-vous ! Faites-le ce foutu pays ! », nous a lancé notre sympathique chauffeur de taxi algérien un certain soir alors que je m'apprêtais à débarquer à destination en compagnie de deux amis indépendantistes. C'était un véritable cri du coeur assorti d'une certaine incompréhension de cette peur, de cette retenue qui semblent caractériser bon nombre de Québécois au sujet de la question constitutionnelle.

Nous restâmes alors quelques minutes supplémentaires à discuter avec le chauffeur de taxi qui nous expliqua sa vision du Québec-pays. Un pays dont il contribuerait avec enthousiasme à poser les premiers jalons en tant que membre fondateur au même titre que les Tremblay, les Nguyen, les Mamadou et les Carter qu'il côtoie quotidiennement. Bien évidemment, il s'attend à ce qu'on lui propose un pays ouvert et inclusif. Un pays où il sera considéré et respecté. L'homme en profita d'ailleurs pour nous glisser quelques mots sur tout le débat entourant la Charte des valeurs québécoises.

À la sortie du taxi, nous continuâmes à discuter de notre rencontre avec cet homme inspirant. Pourquoi plusieurs Québécois dits « de souche » sont-ils si frileux comparativement à certains arrivants plus récents qui sont souvent prêts à davantage d'audace, qui ne demandent qu'à ce qu'on leur présente le pourtour du pays que nous désirons bâtir pour qu'ils soient convaincus de sa pertinence ? Et si avec le temps, on avait oublié les véritables raisons de faire l'indépendance ? Et si la peur avait gagné ?

On nous présente souvent la situation économique du Québec comme étant précaire, on nous dit que ça va mal, que bientôt nous serons étouffés sous le poids de la dette. Souvent, ces lignes de communication sont utilisées à des fins politiques pour mieux faire digérer à la population des coupes draconiennes ou des tarifications supplémentaires. Même si la situation n'est pas aussi noire qu'on le prétend parfois, l'idée fait son petit bonhomme de chemin et la peur de ne pas être à la hauteur gagne tranquillement du terrain. Tel une épidémie de poux dans une école primaire, l'alarmisme économique fait des ravages, s'installe bien confortablement dans la tête des citoyens et devient dès lors bien difficile à l'y déloger.

Cet alarmisme a l'effet pervers de tuer l'audace, de tuer la confiance. Pensons, par exemple, à un jeune qui désire se lancer en affaires. Il faut avoir les reins bien solides et ne pas avoir peur de ramer contre vents et marées pour plonger malgré tous ces ouï-dire de déluge économique. Le gouvernement ne devrait-il pas jouer le rôle de père ou de mère de famille rassurants au lieu de se camper dans le rôle du Bonhomme Sept Heures qui tente impunément d'effrayer les gens pour arriver à ses fins ? Il serait bien temps que l'on passe de la méfiance à la confiance.

Depuis des années, les Libéraux ont tenté de dépeindre les Québécois comme un petit peuple pauvre, cumulant les échecs, ayant toujours besoin d'une béquille fédérale pour réussir à survivre. Malheureusement, leurs rengaines ont fonctionné. Ils ont tenté de tuer l'idée d'indépendance, mais en agissant ainsi, c'est tout le Québec qu'ils ont recroquevillé sur lui-même. Un Québec qui n'ose plus trop se regarder dans le miroir, qui semble être gêné par lui-même. Un Québec qui se cherche.

Je suis indépendantiste. Évidemment que j'aimerais que du jour au lendemain, des milliers de Québécois reprennent le flambeau et appuient encore plus massivement le projet souverainiste. Néanmoins, mon souhait le plus grand actuellement, c'est que notre nation regagne en confiance. Que nous soyons capables de recommencer à marcher la tête haute, que la peur n'ait plus autant d'effet sur nous. Que l'audace remplace la menace. Quand nous ne serons plus recroquevillés, il deviendra alors immanquable que nous réalisions que la maison du Canada est devenue beaucoup trop contraignante, beaucoup trop étouffante pour nous. Nous reprendrons alors nos moyens. Nous nous tiendrons à nouveau debout. Ainsi, de la confiance naitra la liberté. Une liberté pleinement assumée.

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