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Comme si mon école était un McDonald's...

L'enseignement, ce n'est pas un métier, c'est une vocation! Comme plusieurs collègues du milieu, je suis profondément convaincu que c'est la passion qui permet de carburer, de tenir le coup.
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L'enseignement, ce n'est pas un métier, c'est une vocation! Combien de fois m'a-t-on prononcé cette phrase depuis que je suis enseignant? Des vieux de la vieille aux plus récents dans le milieu, on m'a toujours dit qu'il fallait y croire vraiment, être littéralement incarné par une profonde volonté de réussir à accomplir des petits miracles quotidiens pour être un bon enseignant. J'y ai cru et j'ai réalisé quelques années plus tard qu'on me disait vrai. L'enseignement n'a rien d'un job ordinaire.

Pour ma part, j'ai l'impression de m'y consacrer à longueur d'année. L'été, j'organise mon année à venir, les fins de semaine, je planifie mes semaines, je corrige des évaluations ou je remplis toutes autres tâches connexes. Comme plusieurs collègues du milieu, je suis profondément convaincu que c'est la passion qui permet de carburer, de tenir le coup. Nous avons cette perception qu'il est possible d'améliorer le sort collectif de notre Québec en s'investissant quotidiennement dans sa relève.

Or, il faut l'avouer, depuis quelque temps, notre profession est mise à mal. Nous vivons des coupes sans précédent et qui font mal. Il devient pratiquement impossible d'acheter de nouveaux dictionnaires pour sa classe, de donner un petit coup de pouce supplémentaire à un élève qui est à cheval entre la réussite et l'échec. On nous dit qu'il faut prioriser les besoins et pratiquement larguer certains jeunes. C'est brise cœur! Ça va complètement à l'encontre même de la philosophie qui devrait guider les professionnels de l'Éducation.

Et ce, c'est sans compter plusieurs classes qui tombent en ruines et qui auraient besoin d'une urgente cure de jeunesse. Pour cet aspect, peu d'entre nous se plaignent trop fort puisqu'en ces temps de coupes abusives, nous nous disons qu'il est préférable de mettre toutes nos ressources à l'aide aux élèves quitte à avoir des murs dépeinturés et des plafonds qui nous tombent sur la tête. Mais on coupe. On continue à couper. Même dans l'essentiel. C'est plus important que tout. Austérité oblige.

Ce qu'il y a de plus fou dans tout ça, c'est de constater les ravages profonds que causent la méconnaissance et l'incompétence de l'actuel ministre de l'Éducation. De vouloir sabrer directement l'achat de livres pour les bibliothèques scolaires et l'aide aux devoirs est une attaque de front envers les enfants qui sont davantage dans le besoin.

Ce sont les jeunes provenant de milieux plus pauvres économiquement et socialement qui en pâtiront le plus. C'est un peu comme si on avait décidé de « tirer la plogue » sur des centaines d'enfants qui n'ont pas eu la même chance que d'autres de naitre dans un milieu où les livres sont en abondance, où le soutien est adéquat. Maintenant, nous semblons être à une époque où la productivité doit absolument remplacer l'égalité des chances. Comment cela est-il possible sans dénaturer la philosophie de base de l'Éducation?

Contrairement à l'entreprise privée, on ne peut pas décider sans vergogne de « flusher » un élève moins performant, un élève ayant moins de ressources. On ne peut pas non plus décider de mettre la clé dans la porte. Il faut garder un strict minimum de services pour réussir à préserver un avenir viable à tous et chacun. Je suis profondément outré par l'attitude cavalière et irresponsable du gouvernement qui agit avec l'école comme si cette dernière était une chaine de restauration rapide.

On nous invite de laisser notre cœur de côté et à tout miser sur le portefeuille. La productivité avant tout! On nous amène à faire passer l'enseignement de la vocation au métier comme les autres. Alors que notre mission est d'accomplir de petits miracles, on nous invite à devenir incrédules et à utiliser le « tant pis » comme adage quotidien. Est-ce vraiment pour ÇA que les Québécois ont voté? Un Québec éteint qui réserve son avenir à une petite intelligentsia circonscrite? J'ose espérer que non. Sincèrement.

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