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Le Québec: une maison qui a besoin d'être rénovée

Personne n'aime vivre dans une maison en rénovation, mais peu de gens regrettent l'état de leur ancienne demeure une fois le travail accompli. Le 7 avril prochain, je souhaite que nous soyons nombreux à réveiller le courage en nous pour signifier au reste de la maison que nous sommes mûrs pour des travaux.
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Depuis quelques semaines, les principaux acteurs politiques provinciaux s'affairent à présenter la façon dont ils géreraient le Québec s'ils étaient à la tête de son gouvernement. Du moins c'est ce qu'ils tentent de faire lorsqu'ils ne sont pas en train de s'attaquer sur le plan personnel.

Plutôt que de m'imaginer comment ces individus s'affairaient à cette tâche colossale, je me suis interrogé sur la façon avec laquelle ils s'y prendraient pour entretenir une maison qui n'a pas subi de rénovation majeure depuis qu'on a forcé des gens à l'habiter en 1867.

Au départ, comme la plupart des maisons de l'époque, elle offrait bien peu de service à ses occupants. Le conseil d'arrondissement nouvellement formé, qui comportait quatre maisons au total, n'en offrait pas beaucoup non plus. Les habitants de la maison du Québec parlaient majoritairement le français, quoique ce fussent souvent les anglophones qui prenaient les décisions concernant le fonctionnement de la maison, et c'est aussi eux qui vivaient dans les pièces les plus luxueuses.

Pendant pratiquement un siècle, alors que les générations se succédaient, il en était ainsi. À force de l'entendre et de le constater, les francophones avaient fini par croire qu'ils n'étaient pas les mieux placés pour prendre les décisions qui les concernaient. Quelques années avant qu'on fête le centenaire de la maison, on observa que de plus en plus de gens venus d'autres quartiers et parlant des langues étrangères venaient cogner à la porte pour y demander logis. La plupart du temps, ces gens apprirent l'anglais en arrivant dans la maison, car ils voyaient bien que les gens qui semblaient contrôler ce qui s'y passait s'exprimaient en anglais.

Les francophones opérèrent alors une révolution de courte durée, et ceux-ci commencèrent à pouvoir aller et venir dans des pièces qui auparavant étaient réservées aux anglophones. Somme toute, on défonça quelques murs durant cette période, mais rien de suffisant pour dire que le bien-être de chacun n'était assuré.

Alors que la révolution prenait fin, un de ses acteurs principaux croyait qu'elle devait continuer. La maison du Québec comportait maintenant suffisamment de services et d'individus qu'elle pouvait, selon lui, s'affranchir du conseil d'arrondissement. Ce dernier comportait maintenant dix maisons, sur un territoire si immense qu'on en venait à se demander pourquoi celui-ci était mieux placé que les habitants de la maison pour prendre les décisions qui concernaient directement ses habitants.

Des efforts furent faits dans les décennies qui suivirent pour s'assurer que le français demeure la langue d'usage dans la maison, mais il est fréquent qu'un de ses habitants ne puisse se faire comprendre en français même s'il se trouve dans une pièce aussi commune que la cuisine.

Depuis environ un mois, c'est le branle-bas de combat dans la maison. Des partis font le tour des pièces pour convaincre les gens de les choisir pour qu'ils prennent les décisions importantes, entre autres administrer une bonne partie de l'argent des résidents.

Le parti qui gouvernait la maison depuis un peu plus d'un an propose peu de nouveauté, si ce n'est un code vestimentaire pour les gens lorsqu'ils travaillent dans la maison. Bien que l'article numéro un de leur parti soit d'affranchir la maison du conseil d'arrondissement, il n'envisage pas de le faire tant que les gens ne penseront pas que le moment est opportun, et aucune rénovation favorisant cette situation n'est prévue pour l'instant. De prime abord, cela semble démocrate, mais le problème c'est que des gens pensent qu'en votant pour lui les travaux se feront plus rapidement.

Un autre parti, qui a aussi l'habitude de gouverner, veut conserver des liens étroits avec le conseil d'arrondissement. Aucun changement n'est prévu à cet effet. En revanche, il y a peut-être des chances que pour célébrer le 150e anniversaire du conseil d'arrondissement, qui aura lieu dans trois ans, il puisse signer un document qui nous donnera un peu plus de dignité. Mais attention, pour cela il faudra que nos voisins soient d'accord. D'ici là, gageons que les seules rénovations de la maison seront mineures, probablement un travail de « tirage de joints » payé avec des enveloppes brunes ou par un transfert bancaire provenant d'une banque douteuse.

Il y a d'autres partis qui comptent moins d'adeptes, du moins pour l'instant. Celui que j'affectionne croit qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même. Avant de supprimer des emplois dans l'administration de la maison, il croit qu'il faudrait rompre le lien avec le conseil d'arrondissement le plus rapidement possible. C'est là qu'il y a le plus d'économies à faire. Notre argent ne sera pas utilisé pour enjoliver les maisons voisines et subventionner leurs services sans qu'on ait notre mot à dire. On pourra faire les travaux de rénovation qui s'imposent, sans avoir à demander de permis au conseil. Bien entendu, il y aura une période de rénovation importante dans la maison. Certains, notamment ceux et celles qui ont les places les plus choyées, sont un peu frileux à l'idée de vivre dans une maison en rénovation. D'ailleurs, le parti que tient à garder sa place dans le conseil d'arrondissement le rappel souvent : dès qu'il est question de le quitter, les investisseurs fuient la maison du Québec. Je ne partage certainement pas cet avis. Advenant l'indépendance de la maison, gageons que d'autres investisseurs flaireront le travail qu'il nous faudra accomplir avec une maison plus que centenaire à restructurer.

Personne n'aime vivre dans une maison en rénovation, mais peu de gens regrettent l'état de leur ancienne demeure une fois le travail accompli. Le 7 avril prochain, je souhaite que nous soyons nombreux à réveiller le courage en nous pour signifier au reste de la maison que nous sommes mûrs pour des travaux.

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