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Le Bloc a une raison louable d'être à Ottawa: défendre les intérêts de la nation québécoise dans une fédération canadienne qui lui laisse démographiquement toujours moins de place. L'ennui, c'est qu'au fil des années, le Bloc a oublié cette mission pour devenir une succursale du Parti québécois qui y envoie des émissaires le temps de faire l'indépendance... si le PQ se décide à résolument la faire un jour.
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Avec le départ du chef Daniel Paillé pour des raisons de santé, plusieurs sont les analystes et/ou militants qui mettent déjà la clé dans la porte de la permanence du Bloc québécois. Même Yves Michaud questionne désormais son utilité, sa pertinence.

Pourtant, le Bloc a une raison louable d'être à Ottawa: défendre les intérêts de la nation québécoise dans une fédération canadienne qui lui laisse démographiquement toujours moins de place. Louable, bien entendu. L'ennui, c'est qu'au fil des années, le Bloc a oublié cette mission pour devenir une succursale du Parti québécois qui y envoie des émissaires le temps de faire l'indépendance... si le PQ se décide à résolument la faire un jour. Comme le calcul devient facile à faire et que le citoyen moyen voit bien le jeu du Bloc, il relève de l'évidence que tôt ou tard, il en questionnera la pertinence.

Le Bloc québécois se trouve donc à la croisée des chemins. Troisième dans les intentions de vote au Québec (il était deuxième à l'aube de la précédente campagne électorale fédérale), les chances de voir la députation du parti augmenter en 2015 est quasi-nulle. D'autant plus que Thomas Mulcair et Justin Trudeau jouissent tous deux d'une popularité que le Bloc envie certainement, au Québec.

Il n'y a donc pas beaucoup de choix possibles à faire pour le Bloc: soit il se redéfinit et laisse de côté son identité péquiste, soit il met la clé dans la porte et se dit que la souveraineté du Québec se fera au Québec.

Comprenez bien ici que l'identité indépendantiste du Bloc ne sera jamais évacuée. D'ailleurs, il ne le faut pas. C'est ce qui fait de lui un chien de garde du Québec, à Ottawa. Mais il ne peut plus se contenter d'être un instrument de propagande du Parti québécois lors des élections nationales (provinciales, si vous préférez). Il lui faut devenir de son temps.

Parce que des souverainistes, il y en a maintenant ailleurs qu'au PQ. Il y en a chez Québec solidaire, il y en a beaucoup chez Option nationale qui, malgré leur anémie récente jouit quand même d'un membership énorme dans les circonstances. Il y en a même à la CAQ et au Parti vert. Le Bloc peut et doit, donc, devenir ce fil conducteur entre les souverainistes de tous les partis indépendantistes. Mieux: il doit devenir le fil conducteur de tous les Québécois, point.

Il y a un ennui somme toute intéressant avec le Bloc. C'est qu'à l'instant où un parti fédéraliste prend le pouvoir à l'Assemblée nationale du Québec, il devient menotté à Ottawa. S'il est là pour représenter les intérêts du Québec, il se doit de respecter la volonté des Auébécois qui choisissent un parti fédéraliste, à Québec. De ce fait, le Bloc ne peut se contenter d'un plan de match purement péquiste.

Il lui faudra donc être de son temps. Prendre de la hauteur sur les décisions du gouvernement du Québec et s'en faire le fil conducteur (pas le porte-parole) à Ottawa. Il devra aussi profiter de la belle occasion qu'Ottawa lui donne pour forger des relations internationales louables avec les autres nations du monde. En ayant un siège fédéral, le député du Bloc peut représenter le Québec de manière avantageuse et forger une image pour de potentiels alliés une fois l'indépendance faite.

Mais pour ça, le Bloc aura besoin d'un chef ou d'une chef capable de faire face à ces importants défis. Le Bloc a l'odieux de toujours devoir rappeler la raison de son existence et les partis fédéralistes se feront un malin plaisir de toujours lui poser la question. La seule façon pour le Bloc de survivre, donc, c'est de se changer lui-même.

Qui peut représenter tout ça à la fois? Voici quelques noms qui, je le crois, donnent l'image exemplaire du parfait chef du Bloc. Mais entre vous et moi, je ne crois pas que ces personnes d'influence soient intéressé(e)s.

1- Richard Legendre

Ce Magnymontois est vice-président exécutif de l'Impact de Montréal et ancien directeur des internationaux de tennis du Canada. Homme d'affaires pointilleux, il est bilingue et entretient déjà des relations privilégiées de par le monde. Il a d'ailleurs été député de la circonscription de Blainville, pour le Parti québécois, de 2001 à 2007, et avait tenté de devenir chef du Parti québécois lors de la démission de M. Bernard Landry. Il avait été battu par M. André Boisclair. Un homme avec le fleur-de-lys sur le coeur qui aime sa nation et passe ses journées à convaincre.

2- Jean-Martin Aussant

L'ancien député de Nicolet-Bécancour représente, pour plusieurs, le renouveau indépendantiste du Québec. Ancien chef d'Option nationale et maintenant de retour dans le monde financier londonien, c'est un polyglotte fier de ses racines qui ne se gêne jamais pour vanter le Québec de par le monde. Malheureusement, son retrait de la vie politique étant trop récent et ses enfants étant très jeunes, M. Aussant préfèrera sans doute la vie londonienne à celle d'Ottawa.

3- Dominique Anglade

Non, vous ne rêvez pas. Oui, ça peut surprendre. Oui, je parle de la candidate de la Coalition avenir Québec et ancienne présidente de la CAQ. D'origine haïtienne, elle est CEO de Montréal International et parle couramment le français, l'anglais et le créole. Femme dotée d'un formidable caractère de cochon, elle est le Québec d'aujourd'hui: diversifié, fier de ses racines et ouvert sur le monde. Son ennui: je ne crois pas qu'elle soit très emballée par l'idée de faire du Québec un pays. Dommage: elle serait le chef idéal pour le Bloc québécois.

4- Martine Desjardins

L'ancienne présidente de la FEUQ pourrait traduire ce renouveau pour le Bloc québécois. En effet, du sang neuf pourrait bien être la solution pour ce parti qui semble en avoir bien besoin. Mme Desjardins a eu l'occasion, au cours des derniers mois, de se faire les dents sur les sujets d'actualités en collaborant à une foule d'émissions d'affaires publiques et, chaque fois, elle s'en sort très bien. Trop tôt pour prendre les reines d'un parti? Il est toujours trop tôt pour quiconque ne l'ayant jamais été. Mais justement, avant d'être chefs, tous les chefs manquaient d'expérience.

Comme vous voyez, trouver un chef pour le Bloc québécois ne sera pas une tâche facile. D'ailleurs, ça ne se bouscule pas aux portes pour y aller. Le Bloc devra donc bientôt faire des choix déchirants et regarder à l'extérieur de sa bulle de verre. Trop tard? Peut-être. Mais au moins, il aura essayé.

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Avril 2018

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