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Bon, il me semble avoir fait une faute grave. J'en suis maintenant à mon cinquième billet pour leet malgré le fait que je me dis ouvertement indépendantiste, je n'ai pas encore pris le temps d'expliquer pourquoi je le suis. J'ai fait les choses à l'envers, mes excuses.
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Bon, il me semble avoir fait une faute grave. J'en suis maintenant à mon cinquième billet pour le Huffington Post Québec et malgré le fait que je me dis ouvertement indépendantiste, je n'ai pas encore pris le temps d'expliquer pourquoi je le suis. J'ai fait les choses à l'envers, mes excuses.

Tout d'abord, pour répondre à cette question, on doit définir ce qu'est un pays. Je vais le faire en une phrase: il s'agit d'une nation, sur un territoire donné, qui a les pleins pouvoirs sur le prélèvement des impôts, fait elle-même ses propres lois et gère elle-même les relations qu'elle a avec les autres nations du monde. Le reste découle de ces trois pouvoirs, peu importe de quelle façon on tourne et retourne les mathématiques.

Maintenant, il faut définir les raisons pour lesquelles le Québec doit devenir un pays et, par le fait même, avoir main mise sur ces trois pouvoirs. En somme, c'est assez simple. Pour que le Québec se concentre sur ses secteurs d'expertise pour ultimement en créer d'autres, il doit investir dans ces secteurs sans attendre la permission d'un pouvoir fédéral pour le faire. C'est ainsi qu'on devient une référence mondiale dans un secteur donné, qu'on y créer des emplois et qu'on peut ensuite vendre cette expertise de par le monde.

Pour vendre cette expertise de par le monde, le Québec doit signer lui-même tous ses traités avec les autres nations du monde et pas seulement dans son champ de compétence. Sans quoi, il devient sujet aux humeurs d'un pouvoir fédéral qui, on peut le comprendre, a pour mission de contenter pas une, mais bien dix provinces qui ont chacune leur propre réalité et, de ce fait, leurs propres volontés et leurs propres besoins.

Pour répondre aux volontés et aux besoins du Québec, ce dernier doit pouvoir les mettre en valeur avec des lois et des mesures qui répondent aux buts à atteindre. Que ce soit en matière de justice, de santé, de protection du territoire, d'environnement, d'électrification du transport et j'en passe.

Ça va donc de soi, dans mon cas. Si j'en arrive à la conclusion que, pour atteindre son plein potentiel, le Québec doit posséder l'ensemble de ces pouvoirs, je ne peux être autre chose qu'un indépendantiste qui souhaite l'émancipation du Québec dans le monde. C'est une suite logique, c'est mathématique. Ce n'est pas très emballant comme calcul, mais c'est la base.

Maintenant, on en arrive aux raisons pour lesquelles on peut hésiter à faire du Québec un pays. Commençons avec la plus populaire: la sacro-sainte dette. Soyons francs: c'est préoccupant, une dette. Qu'elle soit brute, nette, à long terme ou rose avec des pois bleus, ce n'est jamais une source de célébration que de devoir de l'argent à quelqu'un et ce, peu importe le montant ou la forme. Mais justement, à moins que je ne sois pas sur la même planète que le commun des mortels, il me semble que cette dette ait été contractée en faisant partie de la fédération. Si on veut faire dans la sémantique de base, rester dans la fédération ne semble donc pas une solution à la dette québécoise. Surtout pas quand le Québec, avec une main dans le dos, ne choisit pas entièrement où mettre son argent.

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Les transferts fédéraux aux provinces en 2014-2015

Quoi d'autre? Ah! La monnaie. On vous a certainement déjà dit qu'advenant un Québec souverain, le Canada, dans un élan passionné de patriotisme légendaire, ne nous laisserait pas utiliser la monnaie canadienne parce qu'il serait bien fâché du fait que les maudits Québécois partent à leur compte. Ça, c'est l'argument que j'affectionne le plus: c'est cute. Voir que le Canada ne laisserait pas 25% de sa masse monétaire au Québec par pur patriotisme. Ça voudrait dire que 25% des avoirs canadiens seraient soudainement à vendre. Avez-vous pensé aux effets sur la monnaie canadienne? C'est là qu'il vous faut imaginer le bruit d'un avion qui s'écrase. S'il y a bien une nation qui voudrait que le Québec continue d'utiliser la monnaie canadienne, c'est bien le Canada.

L'armée et la Garde-Côtière, maintenant. Le Québec a payé 25% de sa mise en place. Techniquement, donc, 25% de l'armée canadienne appartient au Québec. Ça fait simplement partie des négociations à faire avec le Canada une fois qu'on leur dit qu'on devient propriétaire chez nous. Qui plus est, c'est plutôt une bonne affaire. Ça nous permettrait justement de faire de l'Armée québécoise quelque chose de plus représentatif du peuple québécois, soit une armée qui protège son monde et son territoire et qui participe aux missions humanitaires plutôt qu'une armée offensive qui envoie dangereusement ses soldats en plein milieu de conflits qui ne nous concernent pas, pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres. J'aime plutôt l'idée.

Maintenant, on entre dans les arguments plus personnels ou, si vous préférez, plus existentiels. Pour plusieurs, un Québec souverain serait isolé du reste du monde, refermé sur lui-même. Ah bon? Avec un siège à l'ONU, un autre à l'UNESCO et un à l'OCDE ferait du Québec une nation refermée sur elle-même? Comme diraient les Chinois: «Get real». Une fois que le Québec, pleinement en possession de ses propres intérêts et de sa propre identité, arrive à la table des nations du monde, il échange et partage comme jamais auparavant. Tout ça pour dire que si l'offre fédéraliste est de faire du Québec un joueur important dans le Canada, l'indépendantiste veut qu'il en joue un important dans le monde. Et comme les grandes décisions se prennent de plus en plus à l'échelle internationale compte tenu de cette époque de mondialisation, se contenter d'un siège de passager au Canada - qui dit généralement le contraire de ce que le Québec dit - ne m'apparait pas comme une solution à privilégier.

On entend aussi certaines personnes dire: «Je suis attaché au Canada». J'espère bien qu'on est attaché au Canada. Moi-même, je suis attaché au Canada. On partage une Histoire si riche, si liée. J'aime bien le Canada, en fait. J'aime bien les Canadiens, surtout. Mais je suis Québécois. Je suis de cette nation-là. Et comme je veux qu'elle puisse atteindre son plein potentiel, ben je suis de ceux qui aiment bien la solution. Ça ne m'empêchera certainement pas d'aller voir mes amis canadiens, d'échanger avec eux, de rire, d'aimer, de chanter "pis toute". L'idée, comme je l'ai dit plus tôt, n'est pas de se séparer du Canada: c'est de se joindre aux nations du monde.

Ben oui, j'aime le Canada. Au même titre que j'aime aussi le Maroc. J'aime le Brésil. J'adore l'Allemagne et j'ai une fascination presque inexplicable pour l'Océanie. Mais ce n'est pas parce que j'aime le Canada que j'aime le système fédéral qui le régit. C'est un drôle de système anormal où on concentre le pouvoir à un endroit et que les autres y sont des sujets. Et quand on n'est pas de la même nation, ça a la fâcheuse tendance à faire grincer les dents.

Et si je ne m'abuse, à moins que je sois un sot en géographie, le Canada restera où il est. Le bouclier canadien ne se cèdera pas sous le poids des appuis au «oui» et nous pourrons toujours partager avec les Canadiens. Comme disait Ti-Poil, on n'est pas au temps de Colbert et de Louis XVI: il n'est pas question de mettre une immense clôture entre les deux pays et de s'envoyer des roquettes sur la tête.

L'affaire, c'est que le Québec était, est et sera toujours différent du reste du Canada. On veut autre chose, on a besoin d'autre chose. La vie est ainsi faite: nous sommes des latins, nous avons le sang chaud, nous sommes de grands émotifs qui dessinent leur société en conséquence. Ça ne fait pas du Québec une nation meilleure ou pire qu'une autre: ça fait simplement du Québec ce qu'il est, authentique, et soi-même. Ce n'est pas contre le Canada ou les Canadiens: c'est pour le Québec et les Québécois. La nuance est importante. Et après tout, des fois, le divorce est la seule solution qu'ont deux personnes pour bien s'entendre à nouveau.

Croyez-moi: j'aimerais bien mieux être fédéraliste. Moi aussi, j'aimerais ça dire qu'on n'a pas à y penser. Ce serait plus simple, en effet. On y serait déjà, à notre plein potentiel. On serait déjà chez nous. Mais ce n'est pas le cas. Et non, ce n'est pas par gaieté de coeur qu'on arrive à la conclusion qu'il faut peut-être dire à nos semblables que ça ne fonctionne pas tel que c'est actuellement. Je n'ai d'ailleurs pas l'intention d'être souverainiste toute ma vie parce que, croyez-moi, c'est fatiguant et éreintant. J'ai cependant l'intention d'être un jour souverain dans mon pays. Ça, oui.

Parce qu'à moins de vouloir toujours lever la main pour dire au reste du Canada qu'on n'est pas d'accord - ce qui les emmerde évidemment, on prend les choses en main et on part à notre compte. Après tout, devenir propriétaire, ce n'est pas le but de tous? Bien sûr, c'est plus de responsabilités et, bien sûr, ça demande du travail et un front de boeuf. Mais ce n'est pas justement ce que nous sommes, des travailleurs acharnés à la tête de cochon?

Ah!, certes. On peut plier l'échine en disant qu'on n'est pas capable, qu'on est pas assez bons, qu'on est trop syndiqués, qu'on est infesté de tricheurs et de voleurs dans nos hautes instances, que ce n'est pas le moment, que c'est un projet du passé. On peut, certes. Mais je ne pense pas que le Québec en soit rendu à abandonner si rapidement. Après tout, quand on a un problème, on rassemble l'ensemble des solutions et on le règle. Posséder tous nos pouvoirs en fait justement partie, des solutions. Ce n'est pas un coup de baguette magique, bien entendu, mais ça nous donne les outils pour faire de méchants bons tours, par exemple.

Regardez ce qu'on a fait en moins de 50 ans. On s'est bâti une méchante belle place, n'est-ce pas? On s'est débarrassé de l'omniprésence de la religion, on s'est ouvert sur le monde, on est devenu la 17e économie mondiale. On s'est éduqué. On s'est montré la face partout sur la planète avec des inventions incroyables et des créations qui nous ont mis sur la map. Tout ce qui nous reste à faire, c'est de donner le dernier petit coup pour dire au monde que non seulement nous sommes le peuple québécois, mais que tout le monde y est bienvenu pour autant qu'on veule en faire partie. Il me semble que c'est nous, ça. Pas vrai? Et je pense qu'on peut être fiers de nous. Pas juste le 24 de juin: tout le temps.

Nos aïeux ont bûché le chemin. Ne reste qu'à l'emprunter et de construire le pont, rendu à la rivière. Il ne s'agit pas de savoir si on traverse la rivière par la gauche ou par la droite: c'est anecdotique, comme détail. C'est simplement de savoir si on veut traverser la rivière.

Est-ce un projet de rêveur idéaliste? J'espère bien que c'en est un. Quel projet d'envergure mondiale est né d'une pâle ferveur réaliste? L'avantage de celui-ci, c'est qu'il est pleinement censé et logique.

Bien sûr qu'on est capable d'être un pays. C'est même nécessaire et ce le sera davantage plus le temps avancera. Ce n'est même pas ça, la question. Ce n'est pas non plus de savoir si on veut ou non atteindre notre plein potentiel. La question, c'est «quand»? Et le meilleur moment sera toujours maintenant. Mon souhait le plus cher, c'est qu'on le fasse avant de se péter le nez sur un mur de brique, par obligation ou par instinct de survie. Ce serait plate, d'en arriver là.

C'est pour tout ça que je suis souverainiste. Et que je ne suis pas gêné de le dire.

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